Président de l’Association des Directeurs de Golf de France (ADGF) et directeur du golf de Saint-Cloud, Denis Fabre évoque pour Swing Féminin la crise actuelle et la fermeture des parcours.

Denis Fabre - Président de l'ADGF et directeur du golf de Saint-Cloud

Denis Fabre – Président de l’ADGF et directeur du golf de Saint-Cloud

 

Bonjour Denis, je suppose que, comme tout le monde, vous êtes confiné chez vous actuellement…

Oui, mais je suis enfermé dans 75 hectares de verdure car j’ai la chance de loger au golf de Saint-Cloud. Avec mon adjoint, on fait également en sorte qu’il y ait une présence au club house, on alterne une demi-journée chacun. Le reste du temps, je fais du télétravail.

Comment s’est décidée la fermeture des golfs, le week-end dernier ?

Pour être honnête, il y a eu une période de flou. Après l’intervention du Premier ministre samedi soir, qui indiquait la fermeture des lieux publics, nous avons fermé tout de suite le golf, à Saint-Cloud. Mais il y avait aussi un problème d’interprétation des directives. Beaucoup de directeurs estimaient qu’on pouvait laisser les joueurs sur les parcours, car le Journal Officiel ne mentionnait pas les installations sportives non couvertes. Un nouvel arrêté paru lundi matin au Journal Officiel a levé l’ambiguïté et mentionné toutes les installations sportives.

Cette décision de fermer les golfs n’a donc pas fait l’objet d’un consensus, dès le départ ?

Non et ça peut se comprendre, car la note va être salée pour les golfs. Nous sommes tombés de Charybde en Scylla. D’abord, on a tous pris un coup sur la tête quand il a fallu annuler les compétitions. Puis il a fallu fermer les clubs. Et enfin, les clubs et les parcours. Le début de l’année était déjà compliqué pour beaucoup de golfs en raison de la météo. Et maintenant qu’il fait beau, il faut fermer. Nous avons juste pu acter la présence de quelques jardiniers, afin qu’ils puissent continuer à entretenir les parcours.

N’y a t-il pas une incohérence à permettre aux gens de prendre les transports en commun ou de faire leur footing et à leur interdire de jouer au golf, en pleine nature ?

Le président de la République a parlé de « guerre » la semaine dernière. C’est un effort collectif qu’on demande à tout le monde, il faut qu’on ait tous la même cohésion. Nous ne pouvons pas non plus exposer le personnel des golfs. Samedi dernier, alors que les gens savaient qu’ils allaient être confinés plusieurs semaines, je n’ai jamais vu autant de monde sur le golf de Saint-Cloud. Dimanche à la Boulie, qui était encore ouvert, ils ont aussi eu un monde fou, tout comme les parcs et jardins d’ailleurs. Rien ne doit être fait pour favoriser les rassemblements.

Outre-Manche, on joue toujours au golf et la Fédération Anglaise s’en réjouit ouvertement.*

C’est vrai, mais en dictant pas mal de contraintes aussi : il faut se changer dans les parkings, rester à au moins deux mètres de son partenaire de jeu, ne plus retirer le drapeau, limiter les paiements en monnaie, augmenter le nombre de flacons de gel hydroalcoolique disponible… Vu l’évolution de la situation, les Anglais pourraient bientôt changer d’avis. Leur Premier ministre, Boris Johnson, commence d’ailleurs à prendre des mesures plus strictes.

« La note va être salée », expliquiez-vous il y a quelques instants. Combien de temps les golfs peuvent-ils tenir ainsi ?

C’est évidemment au cas par cas. Les golfs associatifs ont plus de facilité, grâce aux cotisations que leur versent les membres. Les réseaux de golf ont la surface financière pour tenir le coup normalement. Les plus fragiles, ce sont les golfs commerciaux. Les banques vont-elles les aider, une fois la crise terminée, c’est la question. En tant que président de l’ADGF, j’ai demandé à tous les directeurs de me faire remonter les problèmes, notamment financiers, auxquels ils devront faire face. Nous seront à leurs côtés. Nous sommes confrontés aujourd’hui à une crise sanitaire majeure. La priorité c’est d ‘abord de sauver notre peau, ensuite il s’agira de sauver nos structures. Le président a déclaré qu’il ne laissera personne sur le carreau, j’espère que cela se vérifiera. On peut envisager un système d’échelonnement ou de report des charges sociales et des impôts, une simplification des démarches administratives, etc.

Une fois le confinement levé, combien de temps faudra t-il pour que les golfs puissent de nouveau accueillir les joueurs ?

Des le lendemain, on pourra a priori accueillir les joueurs, même si les parcours ne seront pas dans des conditions optimales. Il faudra au moins 2-3 jours pour récupérer une bonne qualité de parcours. Pour la restauration, c’est pareil, il faudra 2-3 jours pour passer les commandes, mettre en place le réapprovisionnement…

Une dernière question, histoire de conclure sur une note plus positive. Le golf de Saint-Cloud a vu éclore quelques-unes des meilleures joueuses françaises, telles que Perrine Delacour, Joanna Klatten, Valentine Derrey ou Manon Mollé. C’est une fierté pour vous, en tant que directeur ?

C’est une fierté pour moi, en tant que directeur, mais aussi pour tous les membres de Saint-Cloud. Nous avons une filiale féminine naturelle et nous sommes ravis dès que nos joueuses performent, comme c’était le cas récemment sur la LPGA pour Perrine Delacour, qui était stagiaire chez nous.

Propos recueillis par Franck Crudo

*https://www.englandgolf.org/clubs-golfers-covid-19/

https://www.adgf.org/fr/a-propos.html