Fermez les yeux et imaginez. Vous saisissez crânement votre fer 7 face à l’océan, tandis qu’un vent tonique aux faux airs de sirocco fouette votre visage et achève votre brushing. À bâbord toute, une vieille cité fortifiée naguère par les Portugais s’apprête à jeter un œil distrait sur votre swing. Il faut dire qu’elle en a vu d’autres, El Jadida. Vous déposez délicatement la balle, respirez profondément et visualisez l’étendard flottant fièrement sur un écrin verdoyant. C’est le moment d’y aller. Le temps se fige, comme dans Matrix. Même l’Atlantique retient son souffle…

Ce tableau n’a (hélas) jamais été peint mais existe dans le monde réel. Il s’agit du trou n°15 de Mazagan, assurément l’un des plus scéniques par 3 du Maroc, touche presque finale de l’un des plus beaux parcours en Afrique du Nord, lui-même enlacé dans l’un des meilleurs resorts golfiques du continent. La dithyrambe n’est pas superflue. À une petite centaine de kilomètres au sud de Casablanca, ce petit bijou sculpté en 2009 par un artiste sud-africain nommé Gary Player vous offre généreusement un pur moment de plaisir. Plaisir des yeux d’abord, puisque la mer fait partie du décor (sauf sur le n°3) tout au long du périple et que certains trous, à l’instar du 15, laissent bouche-bée. Le premier d’entre eux, un spectaculaire dogleg gauche en contrebas ouvre d’ailleurs dignement les (d)ébats.

La griffe des grands parcours

Plaisir du jeu aussi et surtout. Le menu savamment concocté par le légendaire Gary Player est varié, même si les gros index le trouveront par moments un peu salé, un comble pour une région cultivant à perte de vue la betterave à sucre. Car la bête sait se défendre, a fortiori quand Éole sort de sa tanière. Le vent, aussi capricieux qu’un enfant en bas âge, peut ici décoiffer jusqu’à votre carte de score, a fortiori lorsque le dernier coup de collier se déroule en bordure de l’océan (trous 15, 16 et 18). Et comment ne pas mentionner ces si bien nommées griffes de sorcières, qui pullulent ça et là autour du plus long parcours du royaume (presque 7 000 mètres des back tees tout de même) et s’avèrent de véritables mange-balles. Pour limiter les risques de voir ces redoutables plantes rampantes se muer en cimetière de Pro V1 pour touristes égarés, une légère tonte de rough a été ajoutée en bordure de fairway il y a quelques années, en accord avec le maestro sud-africain. « Nous sommes à l’écoute des joueurs et essayons de rendre le parcours le plus agréable possible », confesse le directeur du golf, Marwann Chamsseddine. Cet ancien champion du Maroc détient d’ailleurs le recours du parcours (-8), preuve qu’une pluie de birdies peut s’abattre à tout moment sur la région de Doukkala, à condition de soigner sa mise en jeu.

En toute quiétude

Le golf de Mazagan bénéficie de deux autres atouts de taille. Le roi soleil y règne en majesté toute l’année, les températures s’aventurant rarement au dessous de 15 degrés en plein hiver et au dessus de 30 l’été grâce aux vertus adoucissantes de l’Atlantique. Surtout, le parcours demeure généralement peu fréquenté, même lorsque l’hôtel fait le plein, et les joueurs peuvent donc assouvir leur passion à leur rythme. Un vrai luxe comparé à d’autres resorts golfiques de même standing aussi bondés en haute saison que le périph parisien en heure de pointe. Le green fee est offert chaque jour pour les clients de l’hôtel, qui bénéficient en sus d’une remise sur les soins du spa et les articles du pro-shop, d’une heure de cours et de la possibilité de jouer gracieusement dans trois autres golfs partenaires*. Mazagan : testé, approuvé et vivement recommandé.

Franck Crudo

* Le Tony Jacklin à Casablanca, le Palmeraie Country Club à Casablanca et le Royal Golf El Jadida.

©Mazagan Beach Resort

LE MAZAGAN BEACH RESORT

Construit à la fin des années 2000 par le magnat sud-africain Sol Kerzner (Sun City, c’est lui), le Mazagan Beach Resort est l’endroit rêvé pour passer des vacances golfiques en famille. Et de qualité. Abritant près de 500 chambres d’inspiration mauresque rénovées depuis peu, l’hôtel propose une myriade impressionnante d’activités en plus du golf : fitness, piscine, tennis et VTT, mais aussi karting, balades en dromadaire (ou à poney pour les enfants), pickleball, trampoline, tir à l’arc, escalade, paintball, planche à voile, buggy sur les dunes, tyrolienne… Les fins gourmets se régaleront dans les 13 restaurants du complexe hôtelier, avec une mention spéciale pour la cuisine libanaise du Buddha-Bar et les savoureux poissons du Sel de Mer. Un spa à l’ambiance tamisée propose une gamme de soins complètes, dont une concoctée spécialement pour les golfeurs. Ultime originalité, l’hôtel recèle un des casinos les plus réputés d’Afrique, ce qui explique la présence remarquée d’un substantiel service d’ordre à l’accueil.

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