La n°3 française Céline Herbin a terminé 11e dimanche dernier à Bonville en Australie, lors du premier tournoi de la saison du LET. Déjà victorieuse à deux reprises sur le circuit, la joueuse de 37 ans évoque les bons et les moins bons souvenirs de sa carrière, et plein d’autres choses encore. Interview.

Céline Herbin : « Mon point fort, c'est de ne pas avoir de gros point faible »

Céline Herbin – Photo : ©TPlassais/swing-feminin.com

Une 11e place à Bonville pour démarrer la saison, j’imagine que vous êtes plutôt satisfaite Céline…

Céline Herbin : Oui, c’est toujours un début de saison positif quand on commence presque par un top 10. Je suis en Australie depuis quelques semaines, j’ai joué plusieurs Pro-Am pour bien préparer  les premiers tournois de l’année sur le LET. Cela semble avoir porté ses fruits.

Vous disputez à partir de jeudi le deuxième tournoi du calendrier, le NSW Open, en Nouvelle-Galles du Sud, au sud-est de l’Australie. Comment trouvez-vous le parcours ?

Je viens de terminer mon parcours de reconnaissance. Objectivement, le golf n’est pas très beau, les greens sont très bons en revanche.

Quels sont vont objectifs pour la saison 2020 ?

Il y a les Jeux Olympiques de Tokyo forcément. J’étais déjà la troisième Française lors des JO de Rio et je suis encore troisième aujourd’hui, alors que seules les deux premières places sont qualificatives. Bon, Perrine (Delacour) et Céline (Boutier) ont commencé assez fort l’année (rires) mais je compte bien me battre jusqu’au bout. Mais sinon, je n’ai pas d’objectif précis, le plus important c’est le travail au jour le jour et on verra bien ce que ça donne comme résultat.

Quel est votre programme pour les prochains mois ?

Après avoir disputé les deux premiers tournois du LET, en Australie, je vais me rendre en Arabie Saoudite en mars pour cette nouvelle épreuve du calendrier. A partir d’avril, j’irai jouer sur le LPGA pendant trois mois avant de revenir en juillet à Evian, puis l’Irlande si je ne suis pas qualifié pour les JO, et l’Ecosse.

Que pensez-vous du nouveau calendrier sur le LET, avec pas moins de 24 tournois au programme ?

J’attendais cela avec impatience, pas seulement pour moi mais pour toutes les joueuses du circuit européen. C’était déprimant pour les joueuses du LET ces dernières années. Ce n’est que du positif, je suis très optimiste pour les prochaines saisons.

Quel est votre point fort au golf ?

Je suis plutôt régulière dans tous les compartiments du jeu, je n’ai pas de point fort en particulier. En fait, mon point fort c’est plutôt de ne pas avoir de gros point faible (rires).

Astrid Vayson de Pradenne nous a confié récemment que le grip pince lui avait changé la vie au putting (https://swing-feminin.com/astrid-vayson-de-pradenne-le-golf-cest-une-redemption-permanente/ ). Vous utilisez la même technique, qu’est-ce que cela vous apporte ?

J’ai commencé à utiliser le grip pince en mai dernier et j’ai gagné un tournoi en Espagne (la Reserva  de Sotogrande Invitational) dans la foulée ! Pour moi, c’est une révolution au niveau du putting, c’est plus naturel, plus instinctif…

Y a-t-il des compartiments de votre jeu que vous travaillez plus particulièrement ?

La régularité au niveau du driving, le contrôle des trajectoires. Sinon, j’ai toute une gamme habituelle de travail. Mais je passe de plus en plus de temps sur le pitching et sur tous les coups à 100 mètres et moins.

Quel est votre meilleur souvenir de golfeuse ?

En terme de résultat, c’est d’avoir gagné l’Open de France (en 2015 à Chantaco). En tant que française, c’est énorme, on n’est pas beaucoup à l’avoir fait.

https://www.dailymotion.com/video/x403j48

J’ai aussi le souvenir d’un putt super important à Hawaï en 2016, pour passer le cut. J’étais en dernière partie au 18, avec une vue sur le leaderboard et je savais qu’il fallait absolument que je rentre ce putt de 5 mètres pour birdie afin de passer le cut, ce qui me permettait de jouer sur le circuit LPGA toute la saison. Lorsqu’il est rentré, j’ai éclaté en sanglot. Les deux filles qui partageaient ma partie ont halluciné ! (rires)

Après le meilleur, votre pire souvenir ?

Je ne crois pas en avoir vraiment (elle réfléchit). Ah si ! C’était en 2015 il me semble, lors du Scottish Open. Je devais obtenir un résultat correct pour disputer le British Open. Je joue ma dernière partie avec Lydia Ko et Laura Davies mais ça ne se goupille pas bien et pour un coup, je rate la qualification. Du coup, le lundi je joue les qualifs du British et pour un coup encore, je rate le coche et suis obligé de disputer un play-off. En play-off, je manque de nouveau la qualification pour un coup ! Je suis première réserve à attendre un éventuel forfait pour pouvoir rentrer dans le tableau. Je me souviens avoir attendu toute la semaine pour rien. Je me souviens aussi qu’une joueuse, que je ne citerai pas, avait abandonné au bout de trois trous le jeudi, lors du 1er tour…

Lorsqu’on passe ses journées au golf, est-ce qu’on a le temps pour d’autres activités ? Avez-vous une autre passion ?

Je viens de me découvrir une toute nouvelle passion pour la voile. J’ai fait deux sorties en mer récemment en Australie, avec les familles qui m’hébergent, et j’ai adoré. J’espère avoir l’occasion d’en refaire très vite. Depuis six mois également, je fais de la méditation et je lis beaucoup de choses sur le sujet. Cela m’apporte énormément d’équilibre dans la vie et aussi, bien sûr, au golf.

Y a-t-il une joueuse que vous admirez ou que  vous appréciez particulièrement sur le circuit ?

Brooke Henderson, j’aime son attitude. Elle a de très bons résultats mais malgré cela, elle reste elle-même, elle est humble. C’est quelque chose auquel j’attache beaucoup d’importance.

Et chez les hommes ?

Sur le plan technique, Jason Day est une référence pour moi et notamment toute sa routine. C’est capital au golf d’avoir une routine performante. Parfois, au practice, je visualise son swing et ça m’inspire.

Vous avez déjà réussi un trou en un ?

Une seule fois, à l’entraînement, lors d’un stage avec l’équipe de France. Je devais avoir 17-18 ans, c’était donc il y a longtemps (rires). C’était au golf de Moliets, j’avais tapé un fer 7 en fade qui avait dunké directement dans le trou ! Depuis, j’ai tourné plein de fois autour du trou en un, mais ça n’est pas tombé (rires).

Quels sont vos parcours préférés ?

A l’étranger, le Sahalee Contry Club à Seattle, où j’ai joué mon premier Majeur, lors du KPMG Championship en 2016. La densité et la hauteur des arbres, des pins, est impressionnante. Il y a une atmosphère particulière sur ce parcours. Sinon, en France, il y a le golf de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), dont j’ai été membre, et le golf de Chailly (Côte-d’Or).

Vous avez disputé de nombreux Pro-Am. Quels est le défaut le plus courant que vous observez chez les amateurs ?

Ils ne savent pas s’aligner. Les genoux, les hanches, les épaules, sont rarement dans la bonne direction. Et puis, les amateurs tiennent rarement leur club de manière correcte, leur grip est mauvais. Pendant un Pro-Am, c’est toujours délicat de corriger cela car dès que l’on touche au grip, on perd vite ses sensations. C’est quelque chose qu’il faut travailler au practice.

Propos recueillis par Franck Crudo

https://twitter.com/celineherbin?lang=fr