Entretien avec Anaïs Meyssonnier, 24 ans, qui évoque sa jeune carrière et espère gagner sa carte sur le LET à la fin de l’année, si la saison se dispute à peu près normalement.

Anaïs Meyssonnier

Bonjour Anaïs. Vous jouez sur le Letas depuis quatre ans, quel est votre programme et votre objectif pour cette saison… si elle a lieu normalement ?

C’est difficile de se projeter très loin vu les circonstances. J’ai repris la préparation physique en novembre dernier et je vais m’entraîner jusqu’en avril prochain, où il y aura je l’espère la Tournée des Landes (TTLS). Avant cela, je vais essayer de participer à quelques Pro-Am et trouver le moyen de « faire du jeu ». Mon objectif, c’est de finir dans le Top 5 du LETAS et d’intégrer le LET l’an prochain. 2020 était un peu une année sabbatique, j’ai délaissé le LETAS car il n’y avait pas de montée possible et j’ai participé à seulement deux tournois du LET, en République tchèque et en Suisse.

Quel est votre rêve de golfeuse ?

Jouer sur le LPGA et gagner un Majeur. S’il faut choisir, bien sûr je prends Evian, mais je prends aussi les autres sinon (rires) ! Participer à la Solheim Cup serait également un rêve, mais pour tout ça il y a encore du chemin à parcourir.

Vous avez découvert le golf à l’âge de 6 ans, à Miramas près d’Arles dont vous êtes originaire. Mais vous n’accrochez réellement qu’à 12 ans. Pour quelles raisons ?

Quand j’étais gamine, j’avais plein d’activités, je faisais de la trottinette, du roller… J’ai vraiment accroché au golf quand j’ai commencé à jouer dans les compétitions de Ligue. Mon entraîneur de l’époque à l’école de golf de Nîmes Campagne, Jean-Luc Poü, me disait que je tapais bien dans la balle et que je devrais persévérer.

Quel est le meilleur souvenir de votre jeune carrière jusqu’à présent ?

La Golfers’ en 2016 à la Boulie, que l’on gagne avec le PCC (Paris Country Club) contre la Boulie justement. J’étais en dernière partie, c’est un super souvenir. Il y avait une très bonne ambiance, on était comme une petite famille. J’adore jouer en équipe, alors gagner en équipe c’est encore mieux.

Et le pire souvenir ?

A 18 ans, la fois où je me « blesse » avant le championnat d’Europe par équipe girls en République tchèque. J’ai voulu faire une séance de sport en salle, au PCC justement. Là-bas, il y a une machine de crossfit où l’on traverse des escaliers à l’envers avec les mains. Je me suis fait des grosses ampoules, j’avais de véritables steaks sur les mains, ce n’était pas beau à voir. Les entraîneurs de l’équipe n’ont pas voulu prendre de risque ni que je joue avec des straps, ils ont eu peur que je ne puisse pas jouer normalement. J’étais d’autant plus triste qu’en rentrant chez moi, j’ai été taper des balles au practice et j’ai vu que j’arrivais à jouer sans problème, même sans bandages…

Quel est votre point fort au golf ?

Le driving. Je suis puissante et je loupe peu les fairways. Je joue régulièrement avec mon frère Stéphane, qui est pro, et il se demande à chaque fois pourquoi je râle après un drive (rires).

Et votre point faible ?

Je suis encore trop souvent pénalisée par des erreurs de stratégie sur un parcours mais je dirais mon putting. Je ne rentre pas assez au-dessus de 2 mètres. Et encore depuis 2019, ça va un peu mieux dans ce domaine. Avant, cela avait même tendance à me mettre en stress sur mon chipping car je savais qu’il fallait absolument que je me laisse un petit putt…

Quelle est votre routine lorsque vous avez un putt très important à jouer et que la pression est forte ?

J’essaie de jouer le putt à 100 %, de ne pas avoir peur. Mathieu Santerre, mon entraîneur au Pôle d’Antibes, me disait souvent « mieux vaut rater en jouant un putt à 100 % que regretter de ne pas l’avoir joué à fond ». J’ai aussi la main droite qui a tendance à « yipser » sous pression, donc je l’enlève presque du grip dans ces cas-là. Et puis je joue plus rapidement mon putt. Je me mets à l’adresse, je regarde le trou une fois et j’y vais. Cela évite de se poser trop de questions, je fais ça pour tous les coups sous pression d’ailleurs, pas seulement pour le putting.

Votre meilleur score ?

J’ai joué -6 à deux reprises. La première fois lors du British Girls, je ne sais plus si c’était en Irlande ou en Écosse. La seconde fois, lors de la finale du LETAS à Lalargue, en Alsace, près de la frontière suisse. La veille, j’avais fait +6 et j’étais bien énervée. Le lendemain je score -6… en ratant un putt de 50 cm sur le 18 ! Bon, il était en descente, pas si facile que ça (rires).

Vous avez déjà réussi un trou en un ?

Jamais ! Une fois lors de la German Girls à St. Leon-Rot, notre entraîneur avait mis une cible à viser sur le green. Je l’ai raté mais ma balle a fini dans le trou, dont on avait enlevé le drapeau. Du coup, je ne suis pas sûre que ça compte (rires).

Le parcours qui vous a le plus marqué ?

Il y en a deux, absolument magnifiques. The Marches Golf au Canada et le parcours du Hero Women’s Indian Open, le DLF Country Club près de New Delhi…

Camille Chevalier nous avait confiés l’an passé que c’était aussi son parcours préféré…*

C’est normal elle y a gagné le tournoi ! Moi je l’aime beaucoup et pourtant, je n’ai pas bien joué dessus (rires).

Quel est le défaut principal chez les amateurs selon vous ?

Ils râlent après un putt de 3 mètres raté (rires) ! Dans ce cas, je leur demande s’ils connaissent les stats des putts rentrés par les pros à cette distance. Du coup, ça les détend un peu avant de putter.

En dehors du golf, quels sont vos passe-temps préférés ?

J’aime bien passer du temps avec ma famille, mes neveux, mes frères et sœurs. J’aime bien également pratiquer d’autres sports, j’ai même fait de l’escalade pendant 4 ans et j’ai adoré, mais je n’ai plus vraiment le temps. Et puis j’aime grattouiller la guitare pour me détendre mais là aussi, je manque de temps pour me perfectionner.

Propos recueillis par Franck Crudo

* https://swing-feminin.com/camille-chevalier-lobjectif-cest-de-pouvoir-integrer-le-circuit-lpga/