Victorieuse l’an dernier de l’Ordre du Mérite du Symetra Tour, la deuxième division américaine, la n°2 française Perrine Delacour a réussi un excellent début de saison sur le LPGA et a été stoppée dans sa belle dynamique par la crise sanitaire. Interview.

Perrine Delacour.

@LPGA

Bonjour Perrine, comment s’est passé le confinement pour vous ?

Perrine Delacour : J’ai la chance d’habiter en Floride, où le confinement était plus facile. Il était possible de pratiquer une activité physique et les parcours de golf sont restés ouverts. Mais il y a eu un cas de coronavirus dans mon club de golf et par sécurité, j’ai fait une pause, je n’ai pas touché un club pendant un mois. J’ai tout de même continué à faire beaucoup de sport et de « prépa » physique.

Vous avez réussi un excellent début de saison lors de la tournée australienne du LPGA, avec une 16e puis une 3e place*. Ne craignez-vous pas que la crise sanitaire ait brisé votre belle dynamique ?

Je ne pense pas. C’est sûr que c’est dommage car j’étais sur un bel élan. Mais de toute façon, on n’a pas trop le choix dans ces cas-là, il faut faire avec.

Vous avez remporté l’Ordre du Mérite du Symetra Tour l’an passé. Est-ce que ça peut expliquer votre excellent début de saison ?

C’est clair, car j’ai gagné en confiance après ma très belle saison 2019. Mentalement, cela m’a beaucoup aidé.

A part l’absence de caddy, quelles sont les différences les plus marquantes entre le Symetra et le LPGA ?

L’organisation des tournois n’est évidemment pas la même, on est plus chouchoutée sur le LPGA. Et puis, sur le LPGA on voyage en avion alors que sur le Symetra, c’est en voiture…

Est-il vrai que vous avez été à deux doigts d’arrêter votre carrière un an plus tôt ?

Oui, j’étais vraiment dans le dur, je n’étais pas très bien il y a un petit peu plus d’un an quand j’ai raté les cartes pour le LPGA. C’était une vraie remise en question pour moi. Mais mon entourage m’a beaucoup aidé et m’a poussé à continuer. Même lors de mes débuts difficiles sur le Symetra, où je rate le cut – et pas pour 1 point mais pour 4 ou 5 points – lors de mes deux premiers tournois, mes parents m’ont beaucoup soutenu.

Tout d’un coup, vous retrouvez votre meilleur niveau, enchaînez les Tops 10 – dix au total en 2019 – et gagnez à deux reprises. Y a t-il eu un déclic selon vous ?

Oui. Je suis partie en Californie voir mon coach, Chris Mayson, car j’étais presque en panique avec mon putting. On a fait une très bonne séance et on a beaucoup discuté. Cela m’a fait énormément de bien.

Vous êtes l’une des rares Françaises à avoir tenté votre chance aux États-Unis. La France et votre famille ne vous manquent-elles pas parfois ?

C’est vrai que ma famille me manque et la nourriture française aussi. Mais il fallait que je parte aux États-Unis et que je joue ma chance à fond pour ma carrière.

Quand avez-vous commencé le golf ?

J’avais 8 ans et j’ai tapé mes première balles au golf de l’Ailette, en Picardie. Dans ma famille, j’ai deux frères et une soeur et je suis la petite dernière. Mon frère et ma sœur jouaient au golf, c’était un sport de famille, même si j’ai d’abord commencé à jouer au tennis.

Au début de votre carrière, vous avez aussi bénéficié de l’aide du fonds Porosus, créé notamment par Catherine Lacoste, que nous avons interviewée** il y a quelques jours…

Oui, ils m’ont d’ailleurs encore aidé en 2019, après avoir raté les cartes. Au début de ma carrière, il y a eu des moments de galère, je n’avais pas de sponsors. Cela a été pour moi comme une bouffée d’oxygène, je les en remercie vraiment.

Quel est votre rêve ultime de golfeuse ?

Gagner des tournois sur le LPGA et devenir n°1 mondiale. Il y a encore du boulot, mais pour arriver au plus haut niveau, je crois qu’il faut se fixer des objectifs élevés.

Le meilleur souvenir de votre carrière ?

La première fois où j’ai joué -10 (62) sur le circuit LPGA, lors du Manulife au Canada en 2017. Et puis bien sûr mes deux victoires l’an dernier sur le Symetra Tour (le Four Winds Invitational dans l’Indiana et le Prasco Charity Championship dans l’Ohio, en juin 2019).

Et votre pire souvenir ?

En 2015 ou 2016, la fois où le médecin m’a appelée pour me dire qu’à cause de ma blessure au poignet, je ne pourrai pas participer à l’US Open, au British Open et à Evian, pour lesquels j’étais qualifiée. Je m’étais blessée en tapant dans le rough. J’ai dû me faire opérer et je n’ai pas pu jouer pendant six mois.

Votre point fort ?

Ma régularité au driving.

Votre point faible ?

Sans doute mes coups de wedging, que ce soit en terme de précision ou de dosage.

Avez-vous déjà réussi un trou en un ?

Oui, lors du Walmart 2018 en Arkansas, c’est sur youtube. J’ai tapé un fer 8 ou 7 et la balle est rentrée direct dans le trou. Avec l’ombre et le soleil, on ne voyait pas très bien la balle, mais quand les spectateurs ont hurlé, j’ai compris… (rires)

Y a-t-il une joueuse ou un joueur que vous admirez ?

Stacy Lewis, notamment pour son histoire. Elle a eu beaucoup de blessures au dos et, malgré tout, elle est devenue n°1 mondiale.

Votre golf préféré en France ?

Morfontaine, pour l’environnement et le design du parcours.

Quel est le défaut le plus fréquent chez les amateurs selon vous ?

Le rythme dans leur swing. Beaucoup d’amateurs ont tendance à vouloir taper le plus fort possible dans la balle plutôt que simplement la mettre en jeu.

Propos recueillis par Franck Crudo

* https://swing-feminin.com/womens-australian-open-la-victoire-pour-inbee-park-le-podium-pour-perrine-delacour/

** https://swing-feminin.com/catherine-lacoste-je-sortais-souvent-mon-fer-1-du-sac-quand-il-y-avait-du-vent/