Au nord de Compiègne dans l’Oise, le golf du Château d’Humières est un parcours plein de charme parsemé de ruisseaux et d’étangs creusés à l’époque du Roi-Soleil. Sur ce 18 trous varié, le driver ne vous sera pas d’une grande utilité.

Château d'Humières

C’est un golf pas comme les autres, camouflé par une petite forêt de l’Oise isolée en plein champs, à une heure de route au nord de Paris. Dessiné en 1988, ce par 70 très technique serpente entre les arbres et les multiples obstacles d’eau, présents sur 14 des 18 trous, le tout sous l’ombre bienveillante d’un château du 17e siècle qui surveille de très près le green du 3. « C’est un parcours hyper varié, aucun trou ne se ressemble, souligne son directeur, Baptiste Labaigt. Ici, on utilise tous les clubs du sac, mais rarement le driver. »

Le trou n°1, le plus facile si l’on se fie à la carte de score, est d’ailleurs trompeur. Relativement large, il s’agit d’un par 4 drivable pour les gros frappeurs, la pièce d’eau proche du green rendant toutefois l’entreprise un brin téméraire. Hormis le premier coup, il n’y aura plus beaucoup d’autres occasions de sortir la grosse artillerie. « En match par équipe, quand on voit au practice nos adversaires passer leur temps à envoyer des missiles au driving, on se lèche déjà les babines », rigole d’ailleurs Philippe, l’un des membres du club.

Outre le fait que notre belle promenade clubs en main se déroule en pleine forêt, les fairways très roulants et parfois en dévers ainsi que les nombreux ruisseaux et étangs édifiés sous Louis XIV vous dissuaderont de jouer trop souvent les kamikazes. Sans mauvais jeu de mot, le golf du Château d’Humières ayant appartenu pendant dix ans à la « milliardaire rose » japonaise Masako Ohya, réputée pour ses tenues excentriques, son hélicoptère et sa Rolls-Royce roses qui la déposaient au pied du parcours. Le club-house est d’ailleurs installé dans son ancienne demeure.

Château d'Humières

@ DR

Le tracé de ce court parcours de 5607 mètres (qui a été récemment bonifié par des travaux d’aplanissement des départs et de drainage des fairways), où vous l’aurez compris la précision prime largement sur la puissance, lui confère une réelle saveur, ludique et épicée. Car au Château d’Humières, on ne s’ennuie jamais, tout est possible quasiment à chaque trou, le birdie comme le triple. Le record (68, -2), détenu depuis peu par le vice-président de la fédération Pascal Grizot, montre d’ailleurs que la bête n’est certes pas bien grosse, mais qu’elle sait se défendre.

Pour espérer ne pas trop tâcher votre carte de score, il faudra défier certains greens particulièrement tortueux – mais qui tiennent parfaitement la roule – et surtout passer sans encombres le terrible par 4 du 2, son fairway qui se rétrécit à vue d’œil et son green surélevé que les index à deux chiffres « préféreront » peut-être atteindre en trois. Le long par 4 du 9, en gros dévers et barré à mi-chemin par un arbre imposant vous procurera également quelques sueurs froides, tout comme le par 5 du 12, aussi rectiligne que les Champs-Élysées ou la 5e avenue, mais bien moins large, un ruisseau de chaque côté faisant office ici de trottoir. Un par 5 handicap 1, on n’en croise pas tous les jours. Et si vous respirez encore, il faudra affronter bravement les longs par 4 du 16 et du 18 pour espérer délivrer la princesse dans son donjon… mais là on s’égare un peu.

Bref, le golf du Château d’Humières, une aventure exaltante. Avec ou sans driver.

Franck Crudo

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