Après une longue traversée du désert de 112 ans, le golf redevient en 2016 discipline olympique. Un juste retour des choses pour un sport qui compte, plus de 400 000 licenciés en France et plus de 90 millions de joueurs réguliers sur la planète.

Le nouveau Golf de Rio, situé à Barra de Tijuca - Photo : D.R.

Le nouveau Golf de Rio, situé à Barra de Tijuca – Photo : D.R.

Le golf présent en 1900 et 1904 aux Jeux olympiques de Paris et Saint-Louis (Missouri) aura donc joué le bel endormi pendant 112 ans. Au début du 20e siècle, les golfeuses et les joueuses de tennis peuvent s’enorgueillir d’être les premières femmes à participer aux Jeux Olympiques, remis au goût du jour par le baron Pierre de Coubertin. En 1900, le “concours de golf” de Paris fut organisé sur l’un des quinze parcours existants à l’époque dans l’hexagone. C’est ainsi que le golf de Compiègne, à 70 kilomètres de Paris fut préféré au golf de Mesnil-le-Roi, plus proche de la capitale mais qui ne comportait que 9 trous. Le parcours picard créé en 1896, même s’il était extrêmement court (3 851 mètres) avait l’avantage de proposer 18 trous aux 43 participants (30 hommes et 13 femme), toutes épreuves (4) et toutes nations confondues (5 au total). À la fin des années quatre-vingt, Claude-Roger Cartier alors président de la Fédération française de golf, a joué un rôle important pour le retour du golf aux Jeux Olympiques. Pendant longtemps, le golf et le tennis ont souffert de l’existence de tournois majeurs avec des dotations élevées, qui ne plaidaient pas aux yeux du comité olympique pour leur réintégration. « Claude-Roger Cartier (président de la ffgolf de 1981 à 1997) est le premier des présidents de la Fédération qui ait milité en faveur du retour du golf aux Jeux Olympiques. Il a pris en main la destinée du golf aux JO, soutenu par la présidente de la Fédération royale espagnole, Emma Villacieros. Ils ont été les moteurs de ce mouvement, dès 1989 » rappelle Jean-Lou Charon, l’actuel président de la ffgolf.

Respect du jeu et des compétiteurs

Entre 1997 et 2005, son successeur Philippe Martin prend le relais et continue d’œuvrer dans le même sens, toujours avec l’appui de la Fédération espagnole. Georges Barbaret (2005- 2013) a relancé ensuite l’ensemble de l’action. La candidature olympique constituait un des objectifs prioritaires de sa seconde mandature 2009-2013. Des moyens financiers et humains ont été mobilisés pour l’atteindre. Les relations étroites et de qualité entretenues par Georges Barbaret avec Jean-François Lamour (ancien ministre des Sports, champion olympique d’escrime et membre de notre Comité directeur) ainsi qu’avec Guy Drut et Jean-Claude Killy (tous deux membres votants du CIO) ont été des atouts majeurs. Il faut aussi se souvenir que Jacques Rogge, président du Comité International Olympique (CIO) a, dès 2002, laissé entendre qu’il fallait proposer aux jeunes du monde entier des sports qui les intéressent et il voulait que le CIO agisse en ce sens, incluant le golf parmi ces sports » rappelle Jean-Lou Charron. Le 9 octobre 2009, les efforts sont enfin récompensés. En ce jour historique pour le golf, le président Barbaret déclare : « Le golf va enfin sortir du ghetto où il était confiné ». Avec le golf, la notion de respect est ainsi portée à son paroxysme. Respect des compétiteurs, du jeu, du parcours, de la nature, du silence, de la position pour ne pas gêner l’adversaire ; respect des règles aussi, puisque qu’aucune partie n’a d’arbitre. « J’aime aussi souligner la dimension conviviale du golf puisqu’on se retrouve à la fin, un peu comme les rugbymen à la troisième mi-temps. Certes, on se “chambre” un peu, mais on salue l’exploit de nos co-compétiteurs et les bons moments passés ensemble » souligne le président de la ffgolf.

Le nouveau Golf de Rio, situé à Barra de Tijuca - Photo : D.R.

Le nouveau Golf de Rio, situé à Barra de Tijuca – Photo : D.R.

Modalités de qualification

En 2016, les deux tournois olympiques de golf seront planifiés entre le 11 et le 20 août. La compétition, dans les deux catégories messieurs et dames, se déroulera en individuel, sur quatre tours, 72 trous, en stroke play. Les play-offs seront possibles sur trois trous s’il faut départager les joueurs ou les joueuses pour chacune des trois médailles. C’est un mois avant le début de la compétition, le 11 juillet 2016, que les qualifiés seront connus. La base du système de qualification sera le classement olympique (Olympic ranking) mis en place depuis le 14 juillet 2014 par l’International Golf Federation. Lissé sur deux ans, ce classement diffère des classements mondiaux, Official World Golf Ranking pour les messieurs, Rolex Ranking pour les dames, en prenant en compte des critères de qualification établis par le Comité International Olympique. Il y aura donc soixante joueurs maximum pour les dames comme pour les messieurs (dont une place par épreuve attribuée d’office au Brésil, pays hôte) et quatre joueurs maximum pour les pays qui compteraient plus de deux joueurs dans le top 15 du classement olympique au 11 juillet 2016. Les autres pays bénéficieront de deux joueurs maximum (à condition de n’avoir pas déjà deux joueurs qualifiés grâce à leur position dans le top 15).

Parcours olympique

Le parcours, situé à cinq kilomètres du Village des athlètes, dessiné par les architectes Gil Hanse et Amy Alcott, est localisé à Barra da Tijuca, cadre du Parc olympique, au sud-ouest de Rio de Janeiro. « Ce terrain repose sur trois aspects : pouvoir challenger les meilleurs golfeurs du monde, hommes et femmes, mais aussi devenir un héritage public pour Rio et le Brésil », déclarait l’architecte Gil Hanse. « Gil et moi avons créé un parcours dans le vrai style du links avec beaucoup de diversité mais aussi accessible pour les golfeurs de tout niveau », complétait Amy Alcott. À l’issue des Jeux, il sera confié en héritage à la Confédération brésilienne de golf et deviendra ainsi le premier golf public au Brésil. Une vitrine pour le développement de ce sport dans le pays.

David RAYNAL avec la ffgolf

www.ffgolf.org