Président de la Fédération Française de Golf depuis mars 2013, Jean-Lou Charon aborde avec détermination et sérénité les Jeux Olympiques de Rio 2016 et la Ryder Cup qui se déroulera en France en 2018 sur le magnifique parcours du Golf National. Rencontre…

Jean Lou Charon, Président de la Fédération Française de Golf - © David Raynal / Swing-Féminin

Jean Lou Charon, Président de la Fédération Française de Golf – © David Raynal / Swing-Féminin

Comment êtes-vous venu au golf ?

C’est vrai que je ne suis pas un homme du sérail. Des vacances en Espagne m’ont permis de vivre une initiation au golf. J’avais 40 ans et une longue pratique du football, du rugby et du tennis derrière moi. En rentrant, la raquette de tennis est descendue à la cave. Elle y est toujours… Je suis devenu « accro » et j’ai rapidement souhaité m’investir bénévolement dans les instances du club. Après avoir gravi un à un les échelons et pris de multiples responsabilités dans les clubs de Rebetz, Divonne-les-Bains et Lyon, Georges Barbaret mon prédécesseur m’a fait l’amitié de me demander d’être sur sa liste de 2009. J’ai été alors élu au comité puis invité permanent au bureau directeur, avant d’être élu président en mars 2013.

Après plusieurs années de baisse, le nombre de licenciés est-il désormais stabilisé ?

L’année dernière nous avons enregistré une baisse minime de 0,2 %, ce qui correspond à un déficit de seulement 819 licences. Actuellement en France, nous comptabilisons 408 000 licenciés, mais nous notons une forte progression des pratiquants avec plus de 400 000 pratiquants réguliers qui jouent entre 5 à 10 fois par an. Nous bénéficions donc d’un potentiel de 800 000 licenciés, ce qui pourrait faire de nous dans le futur une Fédération encore plus forte vis-à-vis des pouvoirs publics. L’un de mes objectifs est de faire en sorte que le golf devienne un jour le premier sport individuel en France. C’est le cas actuellement  du tennis qui totalise plus d’un million de licenciés. Je pense que nous pouvons y arriver, car le golf est déjà le premier sport individuel au monde avec quelque 82 millions de joueurs.

Votre ambition était de faire surgir un champion ou une championne durant votre mandat êtes-vous en passe d’y parvenir ? 

Je vois actuellement pleins de joueurs français qui se détachent, Romain Langasque, Clément Sordet  mais aussi Greg Havret, Greg Bourdy et bien sûr Raphaël Jacquelin. Je n’oublie pas non plus Victor Dubuisson, Alex Lévy, Gary Stal, ni le récent exploit de Celine Boutier et de Romain Langasque au British Amateur. Nous pouvons également compter sur Gwladys Nocera et puis aussi sur toute une nouvelle génération, comme Mathilda Cappeliez ou Valentine Derrey qui a gagné en avril 2016 le premier Jabra Ladies Open d’Evian. Le rôle de la Fédération est aussi de soutenir et d’encourager nos joueuses et nos joueurs pour qu’ils puissent se hisser au plus haut niveau de la compétition. J’espère bien sûr que la Ryder Cup 2018 aura un rôle important dans la promotion et la propagation de notre sport. Mais les Jeux Olympiques de Rio au mois d’août 2016 joueront certainement aussi un rôle de catalyseur, parce qu’ils montreront au monde entier que le golf est un véritable sport, qui plus est olympique. Reste à connaître le volume de diffusion  du golf sur les chaînes non cryptées. Apparemment, il y aura tous les matins une heure de golf sur une chaîne publique. Le décalage horaire fait que la première heure de diffusion est libre et que le golf peut s’y engouffrer.

La Fédération française de golf est-elle prête pour les Jeux Olympiques de Rio 2016 ?

La Fédération a mis en place avec les joueuses  un groupe Jeux Olympiques qui s’est réuni en Floride sous la conduite de Patricia Meunier-Lebouc. Notre objectif est de bien préparer la compétition à venir, mais aussi d’anticiper les prochains Jeux de Tokyo en 2020 et je l’espère de Paris en 2024. Après 112 d’absence du golf en tant que discipline olympique, nous essayons également de sensibiliser les golfeuses sélectionnées à l’esprit et à la spécificité de l’épreuve.  En revanche, les garçons n’ont pas souhaité former de groupe olympique, mais plutôt se voir entre eux. C’est un choix que nous respectons.

Y-a-t-il justement encore selon vous une différence entre les joueurs et les joueuses professionnels ?  

Dans mon esprit, il ne devrait pas y avoir de différences entre hommes et femmes, même si dans les faits, il existe encore de grands écarts dans le montant des dotations des épreuves. A la FFGolf, notre objectif est d’aider le golf féminin à trouver les supports financiers nécessaires pour que les joueuses puissent vivre décemment de leur métier et de leur passion. En 2015, le golf féminin représentait en France 28 % des licenciés, soit un pourcent de moins que l’année précédente. En Angleterre, elles ne sont que 19% et 22 % aux Etats-Unis, ce qui ne m’empêche pas de croire que nous devons être plus proches des 50 % que des 30.

Où en sont les préparatifs de la Ryder Cup qui se déroulera en France en 2018 ?

Les travaux d’irrigation, de drainage et de plateforme sur le parcours de l’Albatros au Golf National sont pour ainsi dire terminés à 93 %. Le 30 avril 2016, nous avons organisé une opération de préouverture intitulée Onz’bouge, sur le trou numéro onze que nous avons redessiné et remis en eau. Nous devons aussi naturellement assurer dans les meilleures conditions l’Open de France 2016 du 30 juin au 03 juillet. De leur côté, les équipes de Christophe Muniésa et Pascal Grizot finalisent avec Ryder Cup Europe une négociation au niveau de la billetterie. Comme vous le savez, nous ne disposons d’aucun droit sur la billetterie, le marketing et les droits de télévision. Les licenciés français ont accepté de payer trois euros de plus jusqu’en 2019 sur leur cotisation. Nous avions à cœur de pouvoir les remercier en leur proposant à prix coûtant 20 000 billets par jour pour assister à la Ryder Cup. C’est ainsi que tout détenteur d’une licence, Français ou étranger, pourra être tiré au sort. Quatre catégories devraient être prises en compte en fonction de l’ancienneté. Les licenciés de plus de dix ans auront quatre fois plus de chances d’être tirés au sort que les licenciés de moins d’un an.

En dehors des professionnels, comment la FFGolf fait-elle pour donner envie aux amateurs de franchir la porte des clubs ? 

C’est vrai que les gens ont parfois des réticences à pousser la porte d’un club house parce qu’ils pensent que c’est privé et qu’ils n’y ont pas leur place. Pour lutter contre cela, nous avons mis en place le « Pass Go for Golf » qui inclut pour 59 euros quatre heures de leçons collectives et la mise à disposition gratuite du matériel et des balles de practice. Les leçons se prennent à raison d’une heure par séance de manière à ce que la personne revienne à quatre reprises dans un club. A charge pour le club de nouer une véritable relation de fidélisation avec le futur joueur qui découvre le golf. Nous sommes également en train de changer les modalités de passage de la carte verte qui sanctionne vos connaissances théoriques et techniques de base et vous permet d’accéder au parcours. Auparavant comme pour le ski ou la voile, si vous arrêtiez six mois, vous étiez obligés de tout recommencer à zéro. Ce n’est plus le cas maintenant, puisque nous mettons en place un système de validation des niveaux  qui vous permet de démarrer en vacances en suivant le premier cycle et de reprendre plusieurs mois plus tard au niveau que vous aviez validé. Dernier point, en 2012, la Fédération a été condamnée par l’autorité de la concurrence à retirer de la licence pour abus de position dominante ses assurances complémentaires individuelles accident et rapatriement. En 2015, après avoir demandé un réexamen de cette question qui nous pénalisait, l’autorité de la concurrence a mené une enquête comparative auprès d’une autre fédération. Pour la première fois, elle est revenue sur l’une de ses décisions en levant les sanctions décidées en 2012. Ce qui nous a permis dès 2016, de réintégrer dans la licence l’assurance individuelle accident et rapatriement.

Serez-vous candidat à votre propre succession ?

Oui, j’ai annoncé dès 2012 que je me portais candidat pour un deuxième et dernier mandat. Si je suis élu fin mars 2017, je m’arrêterai au 31 décembre 2020 pour laisser la place à un successeur que j’espère pourvoir former. Etre président de la FFGolf, c’est un honneur, un plaisir et une passion. Mais je pense qu’au bout de huit ans, il faut savoir passer le flambeau.

Propos recueillis par David RAYNAL

Pour en savoir plus : http://www.ffgolf.org