Bénévole engagé depuis de longues années dans l’univers du golf, Jean-Lou Charon a été réélu avec 92.98 % des suffrages exprimés pour un second et dernier mandat à la tête de la Fédération Française de Golf. Premier chantier déjà largement engagé, la Ryder Cup, qui se déroulera en France en 2018 sur le magnifique parcours du Golf National. Rencontre…

Jean-Lou Charon, président réélu !

Jean-Lou Charon, président de la FFGolf – Photo : © David Raynal/Swing-Feminin.com

Jean-Lou Charon, vous venez d’être réélu pour un second et dernier mandat à la tête de la Fédération, quels sont vos projets et objectifs ?

Nous sommes dans la phase de livraison et d’accueil de l’événement. Nous espérons que la Ryder Cup 2018 que nous préparons activement sous l’impulsion de Pascal Grizot, sera un formidable tremplin pour accueillir de nouveaux golfeurs dans les rangs de la FFGolf. Ensuite, nous aurons le 13  septembre prochain le résultat de l’attribution de la ville olympique pour 2024 et pour laquelle Paris est candidate. A cet égard, le golf national a proposé d’accueillir l’épreuve de golf. Je souhaite d’ailleurs que l’on puisse recevoir plus régulièrement les  grands événements sportifs internationaux en ajoutant par exemple les championnats du monde de Match-play. Dans cette optique, pourquoi ne pas être aussi candidat à l’accueil de la Solheim Cup, la Ryder Cup féminine ?  Ce sont des événements qui pourraient tout à fait se jouer à Paris ou dans nos régions dans la mesure où nous disposons d’installations adaptées sur tout le territoire.

Jean-Lou Charon, président de la FFGolf – Photo : © Thierry Plassais/Swing-Feminin.com

De quelle manière avez-vous l’intention de développer le golf dans le milieu scolaire ?

Nous avons mis en place avec l’académie de Versailles une mallette pédagogique qui a été financée pour les trois-quarts par la Ryder Cup. Il s’agit d’un livret pour les élèves de CM1 et de CM2, ainsi que pour les enseignants. L’idée est de proposer une application du golf aux matières enseignées, sciences de la vie et de la terre, histoire et géographie, langues, arithmétique… Ce livret connait d’ores et déjà un énorme succès y compris à l’étranger, puisqu’on nous demande des versions espagnoles et anglaises.  J’aimerais également réaliser avec notre ministère des Sports de tutelle et celui de l’Éducation Nationale un programme complet afin de permettre aux élèves de découvrir les golfs. Avec du matériel adapté, nous pourrions par exemple concevoir des petits parcours dans les espaces verts des établissements scolaires. Il ne s’agit pas de mettre les écoliers au golf mais de leur faire découvrir une discipline afin qu’ils aient le choix entre la pratique d’un sport individuel ou collectif. Nous pourrions aussi envisager de construire dans les campus universitaires des petites structures compactes ou pitch-and-putt, de manière à ce que les étudiants puissent aussi jouer au golf et s’entrainer sur place. C’est un moyen de retenir une partie de nos étudiants golfeurs en France, pour qu’ils n’émigrent pas systématiquement aux Etats-Unis.

Allez-vous renforcer l’ouverture du golf au plus grand nombre comme vous l’aviez annoncé lors de votre premier mandat ?

Nous commençons effectivement à voir les premiers effets positifs de l’ouverture de notre sport au plus grand nombre. Il y a désormais de plus en plus d’enseignes spécialisées  dans le golf qui offrent des possibilités de débuter à des prix extrêmement bas, grâce à des contrats de location de matériel.  Il faut peut-être aussi réfléchir à l’adaptation des clubhouses, notamment pour les jeunes parents avec la création de haltes garderies.  Nous nous sommes également mis à développer un plan de 100 petites structures compactes à l’horizon 2018. Nous en sommes à 90 pour un total de 103 projets prévus dans notre portefeuille. Ces 90 nouvelles structures ont déjà créé 12 000 licences de plus sur un total de 407 000. Cela permet surtout une pratique du golf différente. Nous voyons désormais à l’heure du déjeuner des personnes qui jouent un tour de neuf trous. Tout ceci est très encourageant.

De quelle manière vous préparez-vous pour la Ryder Cup 2018 ?

Le chantier des travaux est maintenant terminé. L’irrigation, le drainage, les voies d’accès, la distribution d’eau et de fibres optiques ont été réalisés. Les travaux d’élargissement de tertre de départ, de greens ou de sablages sont terminés, il reste toutefois à construire au printemps 2018 les plateformes d’installation des pavillons d’hospitalité.

Comment l’évènement est-il perçu par le grand public ?  

Il y a une grosse attente en région et dans les Ligues qui ont émis le désir de s’approprier l’événement. La billetterie ouvrira entre le 20 et le 25 août prochain et les licenciés de la Fédération Française de Golf auront un délai de réservation de trois semaines avant la mise en vente publique. Les prix s’échelonneront entre 50€ pour les deux jours d’entrainement  et 90€, le vendredi, samedi et dimanche. Le public aura la possibilité d’acheter un maximum de quatre billets identifiés. Les acheteurs devront donner leurs noms, une photo et un numéro de passeport pour des raisons de sécurité. Nous profitons également de l’accueil de la Ryder Cup pour monter des événements en région à partir de l’automne 2017 et durant toute l’année 2018. Nous voulons faire de cette Ryder Cup un événement national, car il faudra peut-être attendre un siècle pour qu’elle revienne en France !

Quel est l’avenir du golf français face à l’hégémonie du golf américain et asiatique ?

C’est vrai que l’Asie prend une part de plus en plus importante dans le développement du golf. La preuve en est l’arrivée du conglomérat chinois HNA, en partenaire titre à l’Open de France. Le but est de développer la venue en France et en Europe de Chinois pour les amener à pratiquer le golf sur notre sol.  En Europe, nous sommes au niveau du Tour Européen, la deuxième nation du continent la plus représentée sur ce tournoi après le Royaume-Uni. A nous de bâtir avec les différents Tours européens, américains et asiatiques une offre européenne de qualité. Dans ce cas précis, la Ryder Cup nous y aide puisque c’est le seul sport où il existe une équipe européenne identifiée. Je crois qu’il y a donc un bel avenir pour le golf européen, car nous avons des joueuses et des joueurs de grand talent. Un jour ou l’autre, les circuits vont se regrouper. Nous pourrons débuter la saison en Europe et faire le tour de la planète golf tout au long de l’année. Cela va d’ailleurs de pair avec la création des Rolex Series, les huit tournois les mieux dotés. Nous voyons également les réflexions pour un système de handicapping universel, ainsi qu’une simplification pour 2019 des règles du golf. Tout cela contribue à une mondialisation du golf. Je pense que la pratique du golf en France et en Europe restera à un niveau élevé parce que nous avons 400 000 licenciés, c’est-à-dire 800 000 personnes qui jouent régulièrement au golf et deux millions qui affirment qu’elles aimeraient y jouer un jour.

Comment peut-on faire en France pour relever le niveau global des dotations du golf féminin ?

Avant toute chose, je voudrais rappeler que le seul tournoi Majeur en France est L’Evian Master féminin organisé de main de maître depuis 1994 par Franck Riboud et ses équipes. A côté de ce Majeur de premier plan, nous souffrons beaucoup du manque de tournois aussi bien de première division au niveau Ladies European Tour  (LET) que de deuxième division au niveau Ladies European Tour Acces Series (LETAS). Actuellement, nous avons six joueuses sur le circuit américain. Il faut qu’en Europe, nous puissions avoir une offre équivalente qui permette d’attirer de nouvelles joueuses sur nos circuits, ce qui est loin d’être le cas à l’heure actuelle. Nous avons de bons contacts et quelques sponsors qui réfléchissent pour venir à un niveau plus élevé et élargir le champ de joueuses, mais cela prend du temps. Nous y parviendrons mais à un horizon d’au moins deux ans.

Combien d’événements faudrait-il pour faire véritablement décoller le golf féminin ?

L’Evian Master qui est un Majeur doit bien sûr rester et se développer, tout comme le Lacoste Ladies qui correspond à l’Open de France féminin. Pour bien faire, nous devrions avoir trois à cinq tournois annuels, deux au niveau LETAS et deux au niveau du LET, pour bénéficier en France d’un calendrier qui tienne la route. C’est en fait l’Europe du golf féminin qui doit se consolider.

Propos recueillis par David RAYNAL

Pour en savoir plus : http://www.ffgolf.org