Ancien joueur de l’Alps Tour, Alexis Cocheteux enseigne le golf depuis 2001 et publie de nombreuses vidéos sur Internet. Dans son livre « La régularité au golf : est-ce vraiment possible ? », il répond à la question qui nous taraude tous. Interview.

Alexis Cocheteux : « La phase qui précède le swing est essentielle »

Tu as beaucoup voyagé et enseigné en Malaisie, en Sardaigne, en Tunise, à Lille, en Provence ou encore à Marrakech, où tu es situé désormais. Quels sont les défauts les plus courants chez les joueurs amateurs du monde entier ?

Alexis Cocheteux : Je dirais que beaucoup de golfeurs amateurs ont tendance à chercher des infos à droite et à gauche, à essayer un peu de tout en espérant trouver une solution miracle. Après, cela dépend aussi du niveau des joueurs. Par exemple, les débutants ont tendance à croire qu’il ne faut surtout pas bouger la tête pendant le swing. Les joueurs plus confirmés pensent que pour gagner en distance, il suffit d’accentuer l’effet retard en tournant le bassin encore plus tôt lors du downswing. Ils cherchent trop de clés techniques dans le domaine corporel, alors que le chemin du bras et du club est aussi important et quasiment tout le temps négligé. 

Dans ton livre, tu parles de la méthode des 3C. Aucun rapport avec le Club des Croqueurs de Chocolat je suppose…

A.C. : Pas vraiment (rires). Les trois C, comme constance, contact et concentration. La constance au golf, c’est le nerf de la guerre, si j’ose dire. Le contact de la balle, c’est ce qui nous fait vibrer, ce qui nous procure peut-être le plus de plaisir. Enfin le dernier C c’est la concentration, qu’il s’agit de maintenir pendant plusieurs heures et 18 trous.

Tu évoques aussi beaucoup la biomécanique…

A.C. : L’une des bases de mon enseignement, c’est d’utiliser la biomécanique pour améliorer le contact de la balle et gagner en régularité et en plaisir de jeu. Il s’agit de comprendre comment le corps fonctionne pour faire progresser les joueurs et adapter leurs swings, en fonction notamment des effets qu’ils ont tendance à donner à leurs balles et non pas de l’aspect esthétique du swing. Cela permet de progresser beaucoup plus rapidement sans devoir régresser. N’oublions jamais que chaque swing est unique et que le swing modèle, comme il nous est toujours vendu, est mort. L’idée au final, c’est de passer du mode « practice » au mode « jeu sur un parcours », de savoir lâcher prise et avoir un swing naturel.

Le fameux lâcher prise et le mental, c’est la clé ?

A.C. : Oui, encore que le mental a de nombreuses significations possibles. L’aspect émotionnel, la phase qui précède l’action, en l’occurrence le swing, c’est essentiel. Il y a des joueurs qui n’auront aucun mal à taper un fer 6 sur un par 3. Ajoute un obstacle d’eau devant ce même par 3 et ce n’est plus du tout la même histoire alors que c’est pourtant la même distance et le même club. Cela devient tout de suite plus inhibant. J’ai travaillé avec Henry Boulton, expert de la routine sur le PGA Tour et coach mental de Justin Rose et de Jason Day. Il a amené ce dernier de la 65e à la première place mondiale. On utilise notamment un focusband, un petit bandeau doté de trois électrodes qui mesure le degré de lâcher-prise et de focalisation. Le secret, c’est de se focaliser sur des zones étroites et de visualiser notre prochain coup afin d’occuper le cerveau et ainsi mieux lâcher prise. Mais là aussi, la focalisation et la routine doivent être personnalisées. Regarde la routine et la concentration de Jason Day avant d’effectuer un coup, c’est impressionnant…

Dans ton livre, tu évoques aussi la pression du grip, qui est essentielle et doit varier selon les profils des joueurs. 

A.C. : On dit généralement que pour tenir un club, il suffit d’utiliser les trois derniers doigts de chaque main. Cela est valable pour la moitié des joueurs, ceux qui ont un posture avec le poids vers l’avant, comme Rory McIlroy ou Tiger Woods par exemple. Un gars comme Tony Finau, qui a une posture plus assise, plus ancrée, aura au contraire intérêt à serrer son club surtout avec son index (les pinces), un peu comme une gâchette. A l’instar du tennis, selon que tu adoptes une posture fléchie ou plus droite au retour de service, le biomécanique n’est pas la même, il ne faut pas utiliser les mêmes ressorts techniques. Le ressort et les appuis au golf sont cruciaux pour gagner en régularité et en distance. 

Et pour le putting ? 

A.C. : Au putting, l’enseignement classique préconise de ne pas trop serrer le club. Or, les tests biomécaniques montrent que si tu as un grip trop soft, la face du putt va avoir tendance à trop s’ouvrir lorsque tu ne centres pas correctement la balle. L’idéal, c’est d’exercer une pression sur le pouce gauche de la main haute, car la face du putter bouge beaucoup moins si la balle est décentrée. 

Je suis obligé de conclure en te posant LA question : la régularité au golf, est-ce vraiment possible ? 

A.C. : Non, car la machine est vouée à se dérégler. Mais l’autonomie golfique oui, c’est possible. Parce que la machine se dérègle toujours de la même façon… 

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Propos recueillis par Franck Crudo