Tiger Woods : l’accident, un médecin du golf « a peur que cela sonne la fin de sa carrière »

Tiger Woods – © Alexi Orloff

Après avoir subi de multiples blessures aux jambes lors d’un accident de voiture à Los Angeles, l’avenir golfique de Tiger Woods est en suspens. La carrière de Tiger est-elle terminée ? Le décryptage de Jean-Pascal Dupuis, futur médecin du pôle espoirs au Golf national, ayant désormais le casier de l’Américain à Guyancourt.

Tiger Woods pourra-t-il un jour rejouer sur le PGA TOUR ?

Jean-Pascal Dupuis : Question difficile car il a une fracture articulaire et ouverte de la cheville droite. Cela touche l’articulation, et les fractures articulaires dans l’os sont plus difficiles à traiter et génèrent de la raideur.

Le 2ème point, en plus, la fracture est ouverte, et donc il y a un risque potentiel de moins bonne cicatrisation, ouverte donc à l’air… En termes de traitement, ce que l’on a pu apprendre, ils lui ont mis un clou au niveau du tibia, et des vis dans les malléoles. L’inconvénient, c’est de mettre du matériel dans une zone où l’os est proche de la peau… Cela crée des problèmes en termes d’acceptabilité à quelque chose que l’on introduit dans le corps.

Quel est le délai de guérison ?

J.-P. D. : Il n’y aura pas de retour avant 6 mois, et pas avant un an s’il est gêné par le clou et les vis, le temps que la consolidation se fasse. Ensuite, il faudra qu’il attende plusieurs semaines pour être d’attaque et reprendre l’appui sur sa cheville blessée.

Est-ce la fin de la carrière de Tiger Woods ?

J.-P. D. : J’en ai peur. Sa blessure va générer de l’arthrose, de la douleur, et l’appui pied droit est importantissime pour un joueur de ce niveau-là… Au mieux, une gêne, au pire oui, la fin de sa carrière à cause des douleurs et de la raideur au niveau de sa cheville et de son pied.

Donc, vous pouvez nous l’assurer, il ne sera pas à la Ryder Cup de septembre…

J.-P. D. : On ne peut jamais en être sûr, mais c’est impossible à mes yeux. Refouler des fairways serait énorme. D’après le compte rendu journalistique (puisque l’on n’a pas accès au compte-rendu médical), si tu te projettes, ce sera ultra-compliqué. Si l’on prend l’exemple de Didier Pironi (pilote français de F1), il s’était fait une fracture au même endroit et il n’a jamais repris le volant.

Les médecins lui ont posé les mêmes vis que chez Tiger Woods, mais il ne pouvait plus accélérer et freiner, plus conduire en compétition. Si tu te casses un tibia, à la rigueur, c’est plus simple. L’os est cassé en deux, tu mets une tige, et le tout devient solide. Là, avec une fracture articulaire, cela nécessite d’avoir de la consolidation, mais aussi de la mobilité.

Peut-il adapter, modifier son swing pour pallier les carences nées de son accident ?

J.-P. D. : C’est possible. Il l’a déjà fait plusieurs fois par rapport à son dos. Après, il y a des limites techniques liées à l’adaptation du swing. Sur une montée, si votre cheville et votre pied droit sont en partie bloqués, que vous n’êtes pas assez ancré au sol, il y aura moins de rotation de la cheville et forcément moins de finish. Et concernant le putting, comment lire une ligne de putt sans s’accroupir comme ils le font ? On ne parle pas de s’accroupir comme le font les golfeurs amateurs.

Propos recueillis par Antoine Grynbaum

Pour lire notre dernier article sur le même sujet :

Tiger Woods hospitalisé dernières nouvelles