Posté le 28 mai 2018 dans Golfs.
Pléneuf – Saint-Cast – Dinard : triptyque magique en Armorique
A proximité du Cap Fréhel et sur la côte d’Émeraude, le nord de la Bretagne abrite trois links savoureux, à une petite demi-heure de route les uns des autres. L’occasion rêvée pour un joli week-end golfique le long de la Manche, voire plus si affinités.
Pléneuf-Val-André à couper le souffle
Conçu en 1992 par Alain Prat (architecte par ailleurs de Saint-Julien dans le Calvados ou de Gujan-Mestras en Gironde), le golf offre des vues exceptionnelles sur la côte bretonne. Un aller dans les landes avant un passage féerique, entre le green du 9 et celui du 12, où la mer s’invite à la partie. Les départ du 10 et du 11 sont à couper le souffle mais aussi une sacrée paire de… Manche.
Le 11, un par 5, est sans aucun doute l’un des plus jolis trous en France. Au sommet d’une butte, vous drivez votre balle quelques centaines de mètres en contrebas tandis que la mer vous tient compagnie à bâbord. Le panorama est envoûtant et le vent, une gifle qui se transforme vite en caresse. Magique ! On a presque envie de s’offrir quelques mulligans pour pouvoir driver à plusieurs reprises sur ce trou.
« Les gens sont souvent agréablement surpris par le paysage, confirme Laurent Jouanno, le directeur du golf. Chaque année, nous améliorons le parcours, qui peut être joué en toute saison. » Pléneuf-Val-André accueille régulièrement une épreuve du Challenge Tour (du 30 août au 2 septembre prochain), le record du parcours (61) étant la propriété de l’Anglais Philip Archer depuis 2011. Les Britanniques, tout comme les Allemands et les Belges, représentent d’ailleurs presque un tiers des green fees vendus chaque année.
Pour la petite et surtout la grande histoire, le premier président du golf de Pléneuf, Paul Briat, était un officier de la marine marchande engagé pour la France Libre durant la Seconde Guerre Mondiale et qui apprit à taper dans la petite balle blanche en fréquentant les Anglais. Il fut l’un des 177 membres du commando Kieffer et l’un des rares Français qui participa au Débarquement, le 6 juin 1944. Seuls 24 hommes du commando terminèrent d’ailleurs la campagne de Normandie sans avoir été blessés ou tués…
Saint-Cast, une vraie partie de plaisir
Cap à l’est le long de la côte et direction Saint-Cast, avec une halte quasi obligée sur les falaises du cap Fréhel, l’un des plus beaux sites du littoral breton. Bâti en 1926, le golf de Saint-Cast est fermé pendant la guerre et le terrain, miné par les bombardements, reste à l’abandon jusqu’à sa réouverture en 1959. En 2014, il subit un lifting complet sous la houlette de son directeur, Philippe Lefeuvre : « Nous avons entièrement redessiné le parcours, qui était trop aléatoire, avec quelques aberrations architecturales, beaucoup de coups aveugles… En outre, on ne profitait pas assez de la mer, qui est le principal atout du golf. »
Après une première partie assez large sur les hauteurs – on traverse la route en sortant du green du 3 – le retour s’avère plus boisé et requiert davantage de dextérité. Les trois derniers trous longent la plage, à quelques encablures sur la gauche. Outre sa très grande proximité avec la mer sur la fin, la particularité du parcours est sans conteste sa jouabilité, avec une longueur totale de seulement 5000 mètres en partant des blancs et la possibilité de claquer un bon score si le vent ne joue pas trop les troubles-fêtes… Les deux par 5 (le n°1 et le n°5) sont d’ailleurs atteignables en deux, même pour les amateurs. Le trou n°5 est un vrai choix tactique car le second coup se joue en aveugle et nécessite d’être plus précis que puissant : mais gare aux balles trop longues, tous les scores sont possibles ici !
« Nous proposons une belle balade, un parcours plaisir, un parcours qui n’existe pas ailleurs, souligne Philippe Lefeuvre. Il est court, il n’y a pas de gros obstacles à franchir, les gens ne perdent pas de balles, les fairways roulent. Le parcours se joue vite, il y a le spectacle de la mer et nous avons même des golfeurs de plus de 90 ans qui viennent régulièrement s’amuser à Saint-Cast. » Le record du parcours (61) est détenu depuis deux ans par Arnaud Brien. Outre le spectaculaire et stratégique trou 5, le trou signature est le 18, le golf ayant également pour particularité de commencer sur un par 5 et de finir avec un par 3. Sur le dernier trou, là encore, beaucoup de choses peuvent se passer. La plage est située quelques mètres à peine sur la gauche du 18. Mais le vent soufflant souvent fort en provenance du littoral, il est nécessaire de viser… à gauche et donc hors limite pour espérer poser la balle sur le green. Accélération du rythme cardiaque et frissons garantis. Avec, cerise sur le gâteau, « des gens sur la terrasse du club-house qui n’attendent qu’une chose : que vous mettiez la balle sur la plage », plaisante Philippe Lefeuvre.
Dinard comme sur un billard
On termine notre périple golfique quelques kilomètres plus à l’est avec un véritable bijou et le deuxième plus ancien parcours de l’hexagone après Pau. Construit en 1887 par les Anglais – d’où la profondeur de certains bunkers – à l’instar d’autres golfs du littoral (Wimereux, Dieppe, Etretat ou Biarritz), Dinard n’est pas seulement l’un des plus vieux golfs de France, mais tout simplement l’un des plus délicieux. Le 6 et le 12, si soyeusement manucurés à l’instar des autres trous, sont des cartes postales. Le club-house, construit en 1927 par Marcel Oudin, est classé monument historique depuis trois ans. Les falaises verdoyantes à proximité ajoutent une coloration presque irlandaise au tableau. Bref, à Dinard, le plaisir du jeu est décuplé comme rarement. Guère étonnant que l’acteur Hugh Grant vienne chaque année arpenter ses fairways en famille.
La vue sur la mer est permanente et la communion avec la nature totale, d’autant que des piquets bleus et des zones biotopes protègent différentes variétés d’orchidées. Autre particularité de ce parcours unique, des moutons bordent les trous 1 et 9 et apportent leur contribution bénévole à l’entretien des roughs. « Dinard est un club historique avec de grosses équipes de jeunes, l’un des 16 plus gros clubs français sportivement », souligne par ailleurs le directeur, Jean-Guillaume Legros. Le club est également actionnaire d’un superbe hôtel 4* situé à 1 km, le château de Nessay, lequel devrait ouvrir ses portes début juillet et proposer des tarifs préférentiels pour les golfeurs.
Le golf de Dinard, c’est un peu tous les camemberts du Trivial Poursuit réunis sur un seul parcours : la nature, la géographie, les arts, le sport, les loisirs mais aussi l’histoire. Histoire du jeu, histoire de France. Au départ du 13, un par 3 dos à la mer, vous plantez ainsi votre tee sur… un bunker allemand de la guerre 39-45 que l’on peut même visiter. Un sentiment de plénitude et la fierté d’avoir joué l’un des plus beaux parcours européens vous envahit durant la remontée du 18. Le golf de Dinard est typiquement le genre d’endroit qui vous rend accroc à ce jeu…
Franck Crudo
Pour plus d’informations et découvrir ces trois joyaux de la Côte d’Émeraude :