Ancienne n°1 européenne amateur, victorieuse sur le LETAS en 2017, Lucie André évoque sa carrière, ses meilleurs moments, mais aussi sa plus grosse déception. Interview.

Lucie André

@ Philippe Pinton

 

Bonjour Lucie, Marie Fourquier nous confiait récemment qu’avec Anaëlle Carnet, vous vous lanciez toutes les trois des petits challenges pour garder la forme pendant le confinement*…

Oui c’est vrai, des petits challenges sportifs (rires). Anaëlle nous envoyait des séances de crossfit à faire et on essayait de réussir le meilleur temps. Par exemple, on devait faire le plus vite possible cinquante squats, quarante fentes, trente abdos, vingt pompes et dix burpees…

Dix birdies ?

Non, burpees. En gros, on se jette au sol pour faire des pompes. Mais les birdies, ça aurait été pas mal aussi (rires) !

Vous avez déjà repris la compétition ?

Pas encore. La deuxième division reprend dans dix jours, à Gams en Suisse, à la frontière du Liechtenstein. Le calendrier peut encore évoluer. Par exemple, fin septembre-début octobre, on doit jouer en Espagne, à Terre Blanche puis de nouveau en Espagne, mais le Tour va essayer de relier les deux tournois espagnols, ce qui serait plus logique. Potentiellement, je pourrais jouer ma saison sur six tournois en seulement un mois et demi.

Quels sont vos objectifs pour cette fin de saison vraiment à part ?

Je n’ai pas joué en compétition depuis les cartes en janvier dernier. Pour moi, il s’agira simplement de retrouver les sensations, de se remettre à niveau et de se faire plaisir…

Vous avez notamment été n°1 européenne chez les amateurs, championne de France à deux reprises (2002 et 2008) et victorieuse en 2017 sur le LETAS, en République Tchèque. Quel est votre meilleur souvenir ?

En fait, ce sont les championnats du monde par équipe en 2010 où l’ont finit troisième avec les filles, lors de ma dernière saison en amateur. J’avais beaucoup aimé l’ambiance, l’état d’esprit qui régnait. J’adore jouer les tournois par équipe, je regrette qu’il y en ait si peu.

Et votre plus mauvais souvenir sur un parcours ?

C’était surtout une grosse déception. En 2018 en République Tchèque, je réussis lors du premier tour un trou en un…où il y a une voiture à gagner ! Une Skoda Break qui valait au moins 40000 euros de mémoire. Les photographes accourent, tout le monde vient me féliciter, je suis tellement excitée que je ne suis plus du tout concentrée pour la suite de ma partie. Au club-house, Astrid (Vayson de Pradenne) vient me féliciter pour le bijou que j’ai gagné. « Comment ça un bijou, j’ai gagné une voiture », je lui réponds. En fait, sur le règlement de la campagne publicitaire Skoda, au départ du trou, il y a avait une petite ligne à la fin qui spécifiait que la voiture n’était en jeu que lors du dernier tour ! J’étais persuadée d’avoir gagné une voiture et mon bijou, il ne valait pas plus de 30 euros grand maximum… (rires)

Vous faîtes souvent des trous en un ?

J’en ai réussi trois, à chaque fois en compétition. Le dernier c’était celui-là, en République Tchèque. J’en avais fait un en 2009 lors d’un tournoi au Texas, le Spirit, en double avec Marion Ricordeau. Je me souviens que le drapeau était au fond à droite et qu’à l’époque je tapais mal la balle, j’avais tendance à faire des slices. Ma balle a atterri au milieu du green et avec l’effet a terminé dans le trou (rires) ! J’en ai réussi un autre lors des cartes en 2011, à la Manga (Espagne).

Votre rêve ultime de golfeuse ?

Participer aux Jeux Olympiques et représenter la France, c’est quelques chose d’important à mes yeux. Ceci implique de très bons résultats évidemment…

Il paraît que vous avez failli mettre un terme à votre carrière en 2013…

Vous savez, j’ai failli arrêter plus d’une fois. Dans une carrière, il y a des passages difficiles, on se pose beaucoup de questions : est-ce qu’on est assez douée pour ce jeu, est-ce qu’on va gagner assez d’argent, surtout dans le golf féminin…

Comment avez-vous découvert le golf ?

J’avais 11 ans, c’était au golf de Bourg-en-Bresse. Mes parents et mon frère jouaient mais moi, je trouvais que ça ne bougeait pas assez, je préférais le tennis. J’ai eu un déclic quand j’ai participé à ma première compétition. On avait un nouveau classement immédiatement après le tournoi, alors qu’au tennis il fallait attendre la fin de la saison.

Vous avez eu quel classement au tennis ?

J’étais classée 30 à 16 ans, je jouais au club de Péronnas.

Quel est votre point fort au golf ?

Le wedging, ce qui me permet de sauver quelques parties.

Et votre point faible ?

Je ne suis pas assez régulière au driving. Je n’ai pas compté le nombre de fois où j’ai changé de driver ces quatre dernières années. Je suis toujours un peu en panique quand je sors le driver car ma balle peut partir n’importe où. Je joue la plupart du temps le bois 3 ou le bois 5, ce qui me rallonge les trous et du coup, les birdies sont moins nombreux. Heureusement, mon wedging me sauve…

Votre meilleur score ?

-9 à Hossegor, lors du championnat de France dames en 2008, c’était le record du parcours d’ailleurs.

Sophie Giquel nous racontait que lorsqu’elle devait jouer un putt très important sous pression, elle se concentrait juste sur son mouvement et s’imaginait qu’elle était sur le putting-green**. Quelles sont vos clés mentales pour aborder ce type de putts ?

Sous l’effet du stress, le rythme cardiaque s’accélère. Je fais beaucoup de respiration ventrale, j’inspire par le ventre et respire par la bouche, c’est un exercice de sophrologie qui fait redescendre la pression. Après, il n’y a pas vraiment de technique, c’est surtout une question de confiance en soi. J’essaie juste de faire sortir la balle sur la ligne que j’ai imaginée.

Y a t-il une joueuse ou un joueur que vous admirez ?

Plus jeune, c’était Suzann Pettersen. Elle était athlétique, elle tapait fort, elle était régulière, elle avait toutes les qualités. Sur un parcours, c’était une personne neutre, qui n’exprimait pas trop ses sentiments. Il y a aussi Azahara Munoz , je la connais un peu, on était en amateur en même temps. C’est quelqu’un de simple, qui a les pieds sur terre.

Si vous deviez choisir un parcours en France et à l’étranger…

En France, Hossegor forcément, parce que j’y ai hyper bien joué et que c’est un souvenir incroyable. Mais même quand j’y joue moins bien, je trouve que c’est un parcours fabuleux. A l’étranger, je dirais l’Emirates Golf Club à Dubai. Ils ont construit le golf avant la ville. Le dessin est top et l’entretien du parcours exceptionnel.

Quel est le défaut le plus courant chez les amateurs selon vous ?

Il n’y a pas assez d’extension du bras gauche au niveau de l’impact et ils perdent de la puissance du coup. C’est un swing en aile de poulet, un peu comme celui de mes parents, mais je ne veux balancer personne… (rires)

Quels sont vos centres d’intérêt en dehors du golf ?

J’adore le sport, je joue beaucoup au squash en ce moment, mais aussi au tennis, au paddle. Je vais beaucoup à la salle de sport, c’est un peu ma deuxième maison. Je fais également du yoga, de la méditation, je nage, je lis, j’écoute de la musique…

Propos recueillis par Franck Crudo

*https://swing-feminin.com/marie-fourquier-mon-oncle-jean-francois-lucquin-ma-appris-a-jouer-plus-juste/

**https://swing-feminin.com/sophie-giquel-realiser-son-plein-potentiel-cest-la-quete-de-chacun-dentre-nous/

http://www.lucieandre.fr/