Du 31 mars au 10 septembre 2023, le Musée de Montmartre propose une exposition qui explore les degrés et les différentes formes d’adhésion de femmes artistes et poètes, au mouvement du surréalisme Cinquante d’entre elles sont représentées dans le parcours, avec près de 150 œuvres exposées.

Jane Graverol (1905-1984), Le Sacre du Printemps, 1960, huile sur toile, © RAW, ADAGP, Paris, 2022, © Stéphane Pons

Mouvement provocateur et dynamique, le surréalisme déclenche au 20ème siècle un renouvellement esthétique et des bouleversements éthiques. Les hommes ne sont pas les seuls à avoir rendu vivants ce courant et ses transgressions : de nombreuses femmes en furent des actrices majeures mais néanmoins mésestimées par les musées et minorées par le marché de l’art. Ainsi, l’exposition a pour ambition de présenter des artistes majeures telles que Claude Cahun, Toyen, Dora Maar, Lee Miller, Meret Oppenheim et Leonora Carrington mais également de mettre en lumière d’autres personnalités moins connues comme Marion Adnams, Ithell Colquhoun, Grace Pailthorpe, Jane Graverol, Suzanne Van Damme, Rita Kernn-Larsenn, Franciska Clausen ou encore Josette Exandier et Yahne Le Toumelin.

Le surréalisme offrit à celles-ci un cadre d’expression et de créativité qui n’eut sans doute pas d’équivalent dans les autres mouvements d’avant-garde. Pourtant, c’est souvent en s’appropriant et en étendant des thèmes initiés par les « leaders » dumouvement qu’elles exprimèrent leur liberté. C’est aussi en se dégageant de ce qui devint parfois une doxa surréaliste qu’elless’affirmèrent. « Tout contre » le surréalisme, c’est ainsi que l’on pourrait définir leurs positions diversifiées et complexes à l’égard du mouvement.

Kay Sage (1898-1963), Magic lantern, 1947, huile sur toile, Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle © Estate of Kay Sage / ADAGP, Paris, 2022, Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Audrey Laurans

Des années trente aux années soixante-dix, le « surréalisme féminin » forme des constellations éphémères, au gré de ralliements au mouve- ment souvent temporaires mais aussi d’amitiés qui se nouent hors de ce cadre. L’imaginaire de ces artistes n’est pas aligné sur celui des figures masculines du groupe. Leurs pratiques, fréque- mment interdisciplinaires – picturales, photo- graphiques, sculpturales, cinématographiques, littéraires… – expriment leur volonté d’échap- pées belles au-delà des normes hétérosexuelles et des frontières géographiques.

C’est une cartographie d’un mouvement éclaté et mondialisé que l’exposition esquisse en évoquant les artistes des foyers belge, mexicain, britannique, américain, praguois et français du surréalisme qu’elles ont enrichis, passant parfois de l’un à l’autre.

En révélant les travaux d’une cinquantaine d’artistes, plasticiennes, photographes et poètes du monde entier, cette exposition invite à réfléchir non seulement à l’ambivalente position des femmes dans le surréalisme, mais aussi à la capacité d’un des courants majeurs du 20ème siècle d’intégrer du féminin en son sein.

Le surréalisme au féminin

Valentine Hugo (1887-1971), Le rêve du 21 décembre 1929, 1929, mine de plomb sur papier, Collection Mony Vibescu, © ADAGP, Paris, 2022 © Gilles Berquet

Le point d’interrogation du titre dit le suspens qui sous-tend cette exposition, conçue comme une hypothèse plutôt que comme une démonstration. Elle propose un inventaire non exhaustif, et pour une part subjectif, qui tente de cerner ce qui serait la part féminine du surréalisme.

L’exposition se déploie en sept sections thématiques (Métamorphose, Nature, Séductions et féminité plurielle, Chimères, Architectures, Nuits intérieures, Abstractions) indépendantes de la chronologie de l’histoire du surréalisme après une première salle à vocation documentaire. Cette dernière offre un panorama des artistes et des poètes évoquées tout en insistant sur les complicités qui les lient et la composante amicale d’une créativité féminine qui mêle fréquemment l’art et la vie.

La fascination que Montmartre exerce sur la communauté surréaliste est indéniable. C’est un quartier que les surréalistes arpentent, habitent et rêvent : un espace de fantasmes et de divertissements populaires. Aragon célèbre en Montmartre « une espèce de creuset de l’imagination où les pires conventions, la plus basse littérature se fondent avec la réalité des désirs, la simplicité des désirs, et ce qu’il y a de plus libre, d’inaliénable en moi, je veux dire en l’homme. ».

C’est aussi la situation géographique de la butte et la vue panoramique qu’elle offre sur la capitale qui séduisent Breton : « Il faut aller voir de bon matin du haut de la colline du Sacré-Coeur, à Paris, la ville se dégager lentement de ses voiles splendides, avant d’étendre les bras. »

Elsa Thoresen, Terre brulée, 1946, huile sur plaque, SMK – National Gallery of Denmark Statens Museum for Kunst Copenhague ADAGP, Paris, 2022, © SMK Photo / Jakob Skou-Hanse

L’exposition bénéficie d’importants prêts institutionnels, notamment du Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, du Musée d’art moderne de Paris, du Centre national des arts plastiques Paris, des Musées royaux des Beaux-arts de Belgique, du Musée d’arts de Nantes, du Musée des Beaux-Arts de Rouen, de la MABA (Maison d’Art Bernard Anthonioz) à Nogent-sur-Marne, du SMK – National Gallery of Denmark Statens Museum for Kunst de Copenhague et de nombreuses galeries et collections particulières prestigieuses.

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