1/ Vous êtes restée longtemps en Afrique du Sud, où vous avez joué plusieurs tournois en ce début de saison. Vous avez eu du mal à rentrer en France avec la crise du Covid 19 ?

En fait, j’ai d’abord décidé de rester plus longtemps là-bas pour passer des vacances en famille. Quand le confinement a été annoncé en France, il n’y en avait aucun en Afrique du sud. On pouvait continuer à jouer au golf, à se balader, etc. Le nombre de cas était vraiment très bas. Quand le confinement a été annoncé, c’était un peu la panique car le pays allait fermer ses frontières dans les cinq jours, donc tous les expats ont essayé de rejoindre leurs pays respectifs en même temps. Après quelques jours de périple, j’ai enfin pu rentrer en France, mais je dois dire que je suis bien contente d’avoir passé quelques semaines de plus en Afrique du Sud plutôt que d’avoir été confinée en France dès le début. Je suis retourné au Parc Kruger et c’était juste magique !

2/ Êtes-vous inquiète pour l’avenir du LET avec la crise économique majeure qui s’annonce ?

Je ne m’inquiète pas vraiment du futur du LET sur le long terme. Récemment le LET a signé un partenariat avec le LPGA sur plusieurs années et cela va beaucoup apporter au golf européen, mais je sais surtout que nous avons une équipe de dirigeants fantastiques avec Alexandra Armas et Marta Figueras-Dotti.  Elles se battent pour le golf féminin européen. Ce sont des femmes que j’admire beaucoup et pour qui j’ai énormément de respect. Je sais qu’elles sauront maintenir le bateau à flot et navigueront dans ces eaux troubles avec brio.

3/ Comment avez-vous découvert le golf ?

J’ai commencé à l’école de golf de l’Estérel à l’âge de 8 ans, avant d’évoluer à Valescure à partir de 13 ans. Mon père est le premier a avoir découvert le golf dans ma famille, puis il a mis ma mère et ensuite mon grand frère, Alexandre, et j’ai donc naturellement suivi. Tous les sports que mon frère a pratiqué j’ai voulu à mon tour essayer. J’ai toujours suivi ses traces.

4/ Comme beaucoup de jeunes golfeuses françaises, vous avez passé quatre ans dans une université américaine, celle de Minneapolis en l’occurrence. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

C’était une expérience extraordinaire. Je ne vous cache pas qu’il y a eu des hauts et des bas, surtout quand l’on est amené à vivre seule à 18 ans à des milliers de kilomètres de sa famille, mais ce fut une aventure magnifique. Pour moi qui suis fana de sport, je me suis régalée. Le sport tient une place importante dans la vie américaine, il est mis en avant à longueur de temps et les opportunités sportives sont partout. J’ai appris les règles du football américain et j’en suis devenu fan. En ce qui concerne le golf, il est difficile de faire mieux : on a accès aux meilleurs installations d’entraînement possible et aux dernières technologies golfiques à volonté. Je suis un peu une « golf nerd », j’adore l’aspect technique, technologique et mécanique du golf et du coup je me suis amusée comme une enfant à Disneyland la-bas. 

5/ Selon les statistiques du LET, vous êtes 5^e cette année en terme de précision au driving, avec 78,5 % des fairways touchés. C’est votre point fort ou cette statistique – sur seulement deux tours – est faussée ?

Ha ha, ce n’est pas vraiment mon point fort ! Cette statistique est basée sur le début de saison 2020 et je n’ai joué qu’un seul tournoi sur le LET. L’an dernier, surtout sur la fin de saison, j’ai un peu bataillé avec mon driving. Je frappe la balle assez fort et ce n’est pas toujours compatible avec la prise de fairway en régulation mais je ne dirais pas non plus que c’est ce qui me coûte des coups lors des tournois.

6/ Quel est votre point fort du coup ?

Mon point fort a varié sur les dernières saisons. Jusqu’en 2018, c’était mon putting. Mais l’an dernier, mon putting m’a fait défaut et c’est au contraire devenu ma faiblesse. La saison dernière, mon jeu de fer était excellent. Astrid Vayson de Pradenne* m’a même donné un petit surnom sympathique, « La Fléchette », en référence à mes coups de fers souvent très proches des drapeaux.

7/ Quel est le secteur de jeu que vous travaillez plus particulièrement ?

J’ai beaucoup travaillé mon putting ces derniers mois et je pense avoir trouvé une solution. Je reprends enfin du plaisir sur les greens. Récemment, lors du Jabra Ladies Classic a Glendower en Afrique du Sud, j’ai pris 23 putts lors du deuxième tour. Mon coach Raphaël Pelliciolli, ainsi que David Ames m’ont vraiment aidé à me sortir la tête de l’eau au putting.

8/ Et dans quel domaine avez-vous la plus grosse marge de progression selon vous ?

Mon wedging, c’est là que se trouve ma plus grosse marge de progression. Avec Raphaël Pelliciolli, nous le travaillons beaucoup et lorsque que j’aurai enfin confiance dans mon wedging, je sais que je pourrai passer le prochain cap dans mon golf. 

9/ Quels sont vos objectifs pour cette saison… si elle reprend ?

Regagner ma carte sur le LET. J’aimerais aussi remporter de nouveau un tournoi (en août 2018, Emie a remporté en Suède l‘Anna Nordqvist Open, comptant pour le LETAS). Mon petit cousin de 10 ans m’a récemment demandé quand est-ce qu’il allait me voir lever de nouveau la coupe car il commençait à s’impatienter (rires) et c’est vrai que ça me ferait très plaisir de regagner à nouveau un tournoi professionnel. 

10/ Et à plus long terme ?

Jouer les Jeux Olympiques. Mais pour l’instant, je me concentre sur ma saison actuelle. Un tournoi à la fois. 

11/ Vous avez été élue joueuse de l’année 2018 sur le LETAS. Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?

Ma victoire au Anna Nordqvist Open. C’était un moment magique que j’ai pu partager avec une autre joueuse, Julie Aimé, qui m’a caddeyée après qu’elle n’ait malheureusement pas passé le cut. Si j’ai pu gagner, c’est vraiment grâce à son aide et son soutien lors du dernier tour. Je n’avais aucune idée si j’étais en position de gagner. Avant mon dernier putt de 1 mètre, j’étais même persuadée que c’était pour partir en play-off. Mais une fois que je l’ai rentré, l’arbitre est venu me féliciter et je n’en revenais pas. 

12/ Votre pire souvenir de golfeuse ?

Honnêtement je n’en ai pas un qui me vient à l’esprit. L’an dernier, il y a eu plus de mauvais souvenirs que prévus, c’est peut-être la raison pour laquelle je ne me souviens pas d’un mauvais souvenir en particulier (rires). Je dirais quand même que d’avoir perdu ma carte l’an dernier, après un enchaînement de mauvaises performances, fut très difficile à vivre.

13/ Avez-vous déjà réussi un trou en un ?

Je n’avais pas encore fait de trou en un avant l’été dernier et depuis, je n’arrête plus (rires) ! J’ai réussi mon premier trou en un en juillet dernier, lors d’une partie d’entraînement à Valescure, avec des jeunes du club. Puis j’en ai refait un quelques jours après sur un petit compact, lors d’un Pro-Am avec ces mêmes jeunes. En novembre dernier, j’en ai fait de nouveau un en parcours de reconnaissance pour l’Open d’Andalousie. Je n’y croyais pas, je n’en avais jamais fait de ma vie et puis j’en réussis trois en cinq mois ! Aucun n’était cependant en compétition et j’avais vraiment hâte que cela m’arrive en tournoi. Et c’est arrivé vite : en février dernier, au South African Masters qui se déroulait au San Lameer Golf Club. Sur le trou n°9, un par 3 en descente de 145 mètres, j’ai tapé un fer 9 qui est tombé 4 mètres court et qui a fini sa course dans le trou. En prime, j’ai empoché 2000 euros de voyage offert par Standard Bank. Prochain objectif maintenant, l’albatros (rires) ! 

14/ Quels sont les joueuses et les joueurs que vous admirez ?

Annika Sorenstam et Tiger Woods. C’est un peu cliché comme réponse, mais être capable de dominer son sport pendant une si longue période comme ils l’ont fait tous les deux, il n’y a pour moi rien de plus impressionnant et admirable. Qui n’a pas vibré quand Tiger a remporté de nouveau le Masters l’an dernier ? 

15/ Quels sont vos parcours préférés en France ?

Le Golf National : de beaux souvenirs d’enfance lorsque je jouais le championnat de France des jeunes. J’ai eu l’opportunité de jouer Vidauban quelques fois l’an dernier et c’est incroyable, une manucure parfaite. J’adore aussi m’entraîner sur le parcours du château à Terre Blanche. Une belle variété de coups, un parcours magnifique et des greens impeccables. 

16/ Et à l’étranger ?

Lost City et le Gary Player Country Club en Afrique du Sud. On a eu la chance cette année de les jouer sur le Sunshine Ladies Tour et les deux parcours du complexe de Sun City étaient époustouflants. Au sud de l’Afrique du Sud, Fancourt à George est aussi un de mes favoris. Sinon, il y a également Minikahda au Minnesota, on jouait le tournoi universitaire de notre fac sur ce parcours. Un superbe design, avec le trou 18 qui propose une vue sur le magnifique lac Calhoun. 

17/ Quel est le défaut le plus fréquent que vous constatez chez les amateurs ?

Une attitude négative. Je joue souvent avec des amis amateurs et c’est vrai que l’attitude est ce qui les empêche de performer. Un mauvais trou dès le départ et la partie est souvent gâchée. Ils se sentent incapables d’exécuter des coups que je les ai déjà vu faire des dizaines de fois sans soucis. Je pense que beaucoup d’amateurs ont du mal à gérer leurs émotions sur le parcours et à réussir à passer à autre chose après avoir tapé un mauvais coup.

18/ Qu’aimez-vous faire en dehors du golf ?

J’ai joué au handball pendant dix ans et ça me manque cruellement. Je ne prends pas le risque de continuer à en faire de peur de me blesser. Je me connais, si je recommence, je ne pourrais pas y jouer à moitié et tout en retenue. Sinon, lorsque je voyage, j’adore faire des safaris ou visiter la faune et la flore locale. Quand je suis chez moi, j’aime regarder d’autre sports à la télé, je suis régulièrement la NFL ou l’athlétisme par exemple. J’adore aussi pratiquer de nouveaux sports, apprendre quelque chose de nouveau. Récemment, j’ai découvert le lancer de hache et ça m’amuse beaucoup.  

Propos recueillis par Franck Crudo

*https://swing-feminin.com/astrid-vayson-de-pradenne-le-golf-cest-une-redemption-permanente/

https://www.emieperonnin.com/