Posté le 11 avril 2021 dans Actualité.
Clémence Martin : « Mon rêve ? Gagner l’Evian Championship et faire une grande carrière sur le LPGA »
Championne de France en titre, la jeune joueuse (18 ans) du Paris Country Club est entraînée par Gwladys Nocera. Interview de l’une des grandes espoirs du golf tricolore.
Bonjour Clémence, vous avez remporté le Torremirona International Open la semaine passée, en Espagne. C’est votre plus belle victoire jusqu’à présent ?
Non, ça reste un tournoi de préparation avec un champ de joueuses assez jeune. Cela ne vaut pas mon titre de championne de France en 2019, au golf des Yvelines. J’ai toujours le titre d’ailleurs puisque l’édition 2020 n’a pas eu lieu en raison du Covid.
La suite, c’est le championnat universitaire américain ?
Oui, je rejoins en août prochain l’université d’Oklahoma State, celle de Ricky Fowler et Matthew Wolff notamment. J’ai eu une mauvaise expérience avec l’université de South Carolina, où évolue Pauline (Roussin-Bouchard). J’avais donné mon accord à la coach de cette université, qui me voulait dans son équipe. Mais elle est revenue sur sa décision car je me suis blessée deux fois. Du coup, je me suis retrouvée sans fac au dernier moment. Je dois beaucoup à Benoit Matival, le fondateur (avec Dennis Mertens) de la société OverBoarder*, qui fait l’interface entre les jeunes sportifs et les universités aux Etats-Unis. Il s’est occupé de tout et m’a aidé à compléter mon dossier.
Comment avez-vous découvert le golf ?
J’ai commencé à 10 ans. Mon père a découvert le golf au Club Med à Vittel et a trouvé ça sympa. Il m’a inscrite à l’Association Sportive de Levallois, qui permet de jouer plusieurs parcours différents en région parisienne. Un coach du PCC, Marc Jathiere, m’a repérée et a dit à mes parents que j’avais du potentiel. Il m’a coachée pendant cinq ans, puis j’ai été été entraînée par Sylvain Raby – qui s’occupe des équipes au PCC – et rejoint parallèlement le Pôle. Les deux étaient complémentaires, Sylvain pour l’aspect technique, le Pôle pour le jeu et la stratégie. Depuis l’été dernier, Gwladys Nocera est ma coach au centre de performance.
Gwladys Nocera, il paraît que c’est une joueuse que vous admiriez enfant ?
C’était mon idole ! J’étais extrêmement reconnaissante quand elle a accepté de me coacher. Je me souviens de la première fois où je l’ai vue au Golf National il y a un an et demi, il devait faire -4°C. Elles nous a emmené au wedging et je ne ressentais même pas le froid, je me disais : « Waouh, je suis entraînée par Gwladys ! » (rires). C’est quelqu’un de très humain, on a vite sympathisé. Elle m’apporte beaucoup sur le plan stratégique et technique et me fait partager son expérience. Elle m’apprend les rigueurs de la vie professionnelle, tout ce qui m’attend, l’arrivée en fac, etc.
Quel est votre rêve ultime de golfeuse ?
Gagner l’Evian Championship. Pour mon anniversaire, on y allait tous les ans, ça me fait rêver ce tournoi. Mon objectif, c’est de faire une grande carrière sur le LPGA. Je vais aller à l’université aux Etats-Unis pendant quatre ans et on verra bien. Mais je resterai très lucide sur mon niveau de jeu, il est hors de question que je me donne de faux espoirs et que je me voie meilleure que je ne suis.
Votre plus mauvais souvenir sur un parcours ?
En fait, ce n’est pas sur un parcours. Il y a quelques années, j’ai gagné un tournoi dans la catégorie 14-15 ans sur le Doral à Miami. Pour fêter ça, je sors le soir avec des amies et on se retrouve dans un mall, au moment où une fusillade éclate. Il y a eu des morts, un mouvement de foule avec des gens par terre, écrasés… Le gars qui a tiré était dans la boutique où je me trouvais, à une vingtaine de mètres de moi. C’était effrayant, on est parti en courant, on s’est même caché sous une voiture avec ma copine. J’ai vécu un très gros contraste émotionnel ce jour-là. L’année suivante, je suis retourné dans le mall avec mon père pour exorciser ce qui s’est passé.
Votre point fort et votre point faible au golf ?
Mon point fort, je dirais qu’il est autour des greens. J’ai un bon feeling au chipping, une bonne capacité à faire chip-putt. Mon point faible, ce sont peut-être mes stats au putting entre 3 et 6 mètres, je n’en rentre pas assez.
À quoi pensez-vous quand vous avez un putt important à jouer ?
J’essaie de ne penser à rien justement. Je sais que si je commence à me parler, la balle ne va pas partir droit (rires). J’essaie de jouer tous les putts de la même manière, que ce soit pour eagle ou pour triple bogey. Sous pression, je fais confiance à ma technique, à ma ligne et à mon AimPoint pour mieux sentir la pente.
Votre meilleur score ?
J’ai fait cinq fois -6, dont une carte de 66 aux Internationaux de Belgique en 2019. C’était un moment très important pour moi car c’était une période où je me posais beaucoup de questions sur mon avenir dans le golf, et ce -6 m’a convaincue que j’étais sur la bonne voie.
Quels sont vos centres d’intérêt en dehors du golf ?
J’aime faire plein de choses, comme de la natation ou plus récemment de la boxe, car il faut que je développe le haut du corps. J’adore le cinéma, faire les boutiques ou me balader dans Paris avec les copines. Parfois, on fait même le tour de la capitale en trottinette pour admirer tous les monuments…
Propos recueillis par Franck Crudo