Posté le 7 février 2023 dans Actualité.
Trophée Hassan II : Double, Royal et Éternel
C’est à Rabat, sur les parcours du Royal Dar Es Salam, que se poursuit la belle et double histoire du Trophée Hassan II et de la Coupe Lalla Meryem. Pour les messieurs, la 47e édition du tournoi devient… une étape du PGA Tour Champions. Avec le retour au Maroc des Langer, Montgomerie, Olazabal, Furyk et autres seniors de classe mondiale ! Aux mêmes dates et sur trois jours, du 9 au 11 février, les joueuses du Ladies European Tour jouent pour leur part la 26e édition de la Coupe, rendez-vous immuable malgré un calendrier qui se mondialise lui-aussi.
« Le Retour des Champions ! » Inutile de chercher plus loin l’accroche du 47e Trophée Hassan II. Depuis 1971, le tournoi marocain a sacré nombre des stars du golf dans le cadre du circuit européen masculin, devenu aujourd’hui le DP World Tour. Bernhard Langer, Colin Montgomerie, Miguel Angel Jimenez et tant de grands joueurs sont passés par là. Les temps ont changé. Mais certains des champions sont restés au top de leur art. Et le Trophée, lui, a pris un grand virage, différent de celui du Tour Européen. Après l’accord signé en 2020 avec le PGA Tour Champions, qui rassemble (le plus souvent aux États-Unis) la crème des seniors actuels, Rabat reçoit sa propre étape de ce circuit des Légendes. Moins de 50 ans, passez votre chemin !
A l’origine, le PGA Tour Champions concerne bien évidemment des sites américains. Mais dans le cadre d’une globalisation qui s’observe sur tous les circuits, quelle que soit leur dénomination, des incursions « worldwide » sont prévues, au compte-gouttes cela dit. En 2023, sur les vingt-huit dates au programme, seules trois se tiendront hors US : The Senior Open Championship, du 27 au 30 juillet au Pays-de-Galles, The Shaw Charity Classic de Calgary, en août au Canada, et donc le Trophée Hassan II au Maroc. C’est le début de la saison quasiment, puisque le parcours rouge du Royal Golf Dar Es Salam accueille la deuxième date de l’année, juste après le Mitsubishi Electric Championship qui s’est déroulé du 19 au 21 janvier à Hualalai (Hawaii). Victoire de Steve Stricker.
Pour le Prince Moulay Rachid, président du Trophée Hassan II et de la Fédération Royale de Golf du Maroc, cette intégration au PGA Tour Champions est une évolution « pour mieux rayonner » tout en revenant « aux sources ». C’est à dire avec l’intention de créer un événement moteur dans la promotion du golf, et plus largement du Maroc touristique et économique, comme le souhaitait feu son père, le Roi Hassan II. Le Prince parle même de « nouveau souffle » avec ces 66 grands champions européens et américains annoncés, dont les noms n’ont jamais cessé de parler au public du monde entier.
Qui n’a pas envie de voir – ou de revoir – jouer l’Allemand Bernhard Langer, dont la performance sportive ne s’est guère infléchie, lui qui, passé 50 ans, a remporté onze fois l’Ordre du Mérite sur ce PGA Tour Champions, avec un record de carrière chez les seniors à plus de… 33 millions de dollars ! Même curiosité envers ses petits camarades, quinquas ou sexas, comme le Néo-Zélandais Steven Alker, numéro 1 en 2022, et bien sûr Jim Furyk, Colin Montgomerie, Tom Lehman, Robert Karlsson, Alex Cejka, Miguel Angel Jimenez, Corey Pavin ou Jose Maria Olazabal, lesquels feront partie d’un champ de joueurs comptant plus de 200 victoires sur le PGA Tour, sans parler d’une dizaine de succès dans les Majeurs !
Pas de Français, malheureusement, dans cette sélection de grands joueurs du PGA Tour Champions, qui se disputeront les 2 millions de dollars de prize money, soit une dotation habituelle pour ce circuit américain des « Anciens de luxe ». Il faut donc se tourner vers la Coupe Lalla Meryem pour voir évoluer des Tricolores : Emma Grechi, qui vient de signer une belle place de 9e dans l’épreuve de lancement du Ladies European Tour au Magical Kenya Ladies Open(2-5 février à Vipingo Ridge), sera là. Ainsi que Agathe Sauzon, Anne-Charlotte Mora, Nastasia Nadaud, Charlotte Liautier et l’amateur Sarah Brentchenef, voire Anaïs Meyssonier, qui était deuxième réserviste…
Un total de 96 joueuses forme le champ, dont les Suédoises Linn Grant et Maja Stark, numéros 1 et 2 européennes. A suivre aussi l’Espagnole Nuria Iturrioz, lauréate en 2019 et toujours très à l’aise sur le parcours bleu du Royal Golf Dar Es Salam. Ou encore Caroline Hedwall et Meghan MacLaren. Après la victoire de l’Indienne Aditi Ashok au début du mois au Kenya et avant que le circuit européen ne reparte vers beaucoup de destinations lointaines – Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Thaïlande…- pour ne revenir en Europe qu’à l’occasion du Jabra Ladies Open (11-13 mai à Évian), les filles se partageront une dotation de 450 000 dollars.
Cette semaine à Rabat, le public vibrera surtout très fort pour les Marocaines, qui sont devenues au fil des années des figures extrêmement convaincantes du golf féminin. Dans le sillage de Maha Haddioui, sélectionnée olympique pour le Maroc à Rio de Janeiro en 2016 et à Tokyo en 2021, deux joueuses se distinguent à leur tour. D’abord Inès Laklalech, qui a brillament raflé le Lacoste Ladies Open de France 2022 l’automne dernier à Deauville, se qualifiant ensuite pour le LPGA Tour 2023. Mais aussi Malak Bouareda, première Marocaine à s’être qualifiée pour l’US Women’s Open. À suivre de près dès jeudi.
La percée des joueuses du Maroc est sans aucun doute lié à la permanence, depuis 1993, de cette Coupe Lalla Meryem, délibérément jumelée avec le Trophée Hassan II des messieurs. C’est ainsi que le golf féminin de haut-niveau a pu être appréhendé de très près par les jeunes espoirs féminins du pays. Vingt-six ans plus tard, les résultats sont là. C’était l’une des visions de Feu sa Majesté le Roi Hassan II, fondateur des deux tournois, et qui avait souhaité instaurer une parfaite tradition de mixité pour cette grande fête du golf. Double, Royale et Éternelle !
Nathalie Vion