Thomas Björn et Jim Furyk, les deux capitaines des équipes de la Ryder Cup 2018, qui aura lieu sur le Golf National de Saint-Quentin-en-Yvelines du 27 au 30 septembre 2018, nous livrent leurs sentiments à trois jours du lancement de la compétition.

Les capitaines de la Ryder Cup Jim Furyk et Thomas Björn – ©TPlassais/swing-feminin.com / RYDER CUP 2018

STEVE TODD : Je suis ravi d’être rejoint ici par le capitaine de l’équipe d’Europe et le capitaine de l’équipe des États-Unis pour la première conférence de presse de cette édition 2018. Jim, Thomas, soyez les bienvenus.

Jim, si vous le voulez bien nous allons commencer avec vous. Vous étiez là il y a un an, lorsque nous avons organisé cet événement à la Tour Eiffel un an avant la Ryder Cup 2018. Et nous voici au début de cette édition. Quel est votre sentiment, à présent que votre équipe est arrivée en France ?

JIM FURYK : C’est formidable. Ça fait longtemps qu’on attend ça. L’année s’est d’abord écoulée lentement, avant peut-être d’accélérer ces dernières quatre à six semaines, mais c’était un vrai bonheur de mettre l’équipe dans l’avion, il y avait de l’excitation dans l’air hier soir. Le vol s’est bien passé. Je crois que tout le monde a pu se reposer un peu. C’est bien d’être ici, et bien sûr ça fait longtemps qu’on attendait ça. J’ai hâte de vivre cette semaine.

STEVE TODD : Thomas, je vous pose la même question. Il y a eu beaucoup de préparation avant cette semaine. Quel est votre sentiment, maintenant que cette semaine commence enfin ?

THOMAS BJÖRN : Nous sommes là. Ça fait 18, 20 mois que nous travaillons d’arrache-pied. Comme le dit Jim, ce dernier mois est passé vraiment vite, et nous voilà d’un seul coup ici dans cette situation, le lundi de cette semaine fatidique, et tous les préparatifs doivent porter leurs fruits les jours qui viennent..

Mais tout le monde est là. Tout le monde est content, tout le monde se sent bien et nous avons là deux grandes équipes. Je suis certain que ce sera une semaine fantastique pour toutes les personnes concernées, et j’ai vraiment hâte d’y être. Je suis très impatient de voir ce qui nous attend, oui, j’ai vraiment hâte de vivre cette semaine.

Q. À quel point la victoire de Tiger [Woods] a-t-elle contribué à l’ambiance dans l’avion hier soir ?

JIM FURYK : Hier on était dans l’attente, c’était une victoire majeure pour l’équipe et nous étions tout un groupe à attendre dans la salle, et puis il y a eu un énorme cri quand Steve Stricker est entré dans la salle après sa victoire hier soir [au Sanford International] (rires).

C’était sympa de voir Strick bien jouer sur le PGA Champions Tour dans le Dakota du sud, et bien sûr Tiger jouer aussi bien au TOUR Championship. Le voir prendre autant d’avance tôt dans le tournoi puis résister au retour de tout le monde a vraiment créé une bonne ambiance au sein de la salle de l’équipe sur place. Beaucoup de nos joueurs l’ont rejoint sur le parcours pour le féliciter.

C’est bien de voir ces deux-là jouer aussi bien et lancer cette semaine de la meilleure des manières.

Q. Pourriez-vous expliquer un peu la logistique, où se trouvait la salle de l’équipe, à quel moment vous avez décollé, quand vous avez atterri, combien de temps vous avez dormi, ce genre de choses ?

JIM FURYK : Alors nous avions réservé une salle pour l’équipe au Renaissance Hotel, tout près de l’aéroport. Je crois que nous étions supposés décoller vers 22 heures. Au final, nous ne sommes probablement pas partis avant 23h15. Nous avions décidé de manger à l’hôtel de façon à permettre à ceux qui le voulaient de prendre un bon repas, et nous avons pu nous reposer un peu en particulier au début du vol. Je me suis d’ailleurs endormi assez vite.

Mais nous avons rattrapé une bonne partie de notre retard en vol. Avec une heure et quart de retard au départ, je crois que nous n’avions plus que quinze minutes de retard à l’arrivée, nous avons atterri vers 12h45. Nous sommes sortis assez vite et nous avons eu une bonne escorte de police jusqu’à l’hôtel. Les joueurs sont là, bien installés. Ils se préparent pour cette semaine.

Q. Mickelson, Watson, Reed et Koepka ont fini leur tournoi au TOUR Championship sur des performances, disons, très moyennes. Est-ce que cela vous inquiète ?

JIM FURYK : Eh bien, de la même manière, comme vous l’avez mentionné, beaucoup de nos joueurs ont aussi très bien joué la semaine dernière. Vous savez, tout au long de ma carrière, il m’est arrivé d’être très bon à l’entraînement puis de vivre un tournoi difficile. Et inversement, j’ai parfois été mauvais à l’entraînement avant de m’imposer dans le tournoi qui suivait.

Du coup, la semaine dernière est déjà derrière nous. Bien sûr, tout le monde a envie d’être en pleine forme et d’être en confiance dans son jeu, mais c’est un parcours différent, un site différent, un type de tournoi de golf totalement différent qui nous attend sous forme de match-play, une compétition par équipes, avec une énorme foule qui nous attend. C’est une ambiance totalement différente cette semaine.

Je crois que Thomas et moi allons essayer de sentir à l’entraînement comme notre équipe joue, et on va sentir assez vite qui a l’air d’être en pleine forme, pour pouvoir former les meilleures paires possibles.

Q. Une question pour les deux capitaines : cette fin de saison a été riche en événements des deux côtés de l’Atlantique, et il y a encore des tournois à venir en Europe, mais vous avez mentionné les joueurs qui s’étaient illustrés à East Lake [sur le TOUR Championship]. Avez-vous des inquiétudes en ce qui concerne la fatigue de joueurs comme Tiger, Justin Rose, qui sont très présents sur les greens en cette fin de saison ? À quoi vous attendez-vous en ce qui concerne leur patience et leur rythme sur le parcours lors de cette longue semaine qui s’annonce ?

THOMAS BJÖRN : Non, je ne suis pas inquiet. Ce sont de grands athlètes, ils savent depuis longtemps que cette semaine les attendait. Ils ont gardé ça dans un coin de la tête. Vous savez, s’il y a une chose que j’ai apprise au sujet de la Ryder Cup, c’est que la fatigue importe peu : même si on a joué beaucoup, l’adrénaline permet d’aller jusqu’au bout physiquement.

Bien sûr, quand on réussit de grandes choses, c’est exigeant, mais les joueurs vont réussir à bien se comporter pendant toute la semaine. Ils n’attendent que ça, probablement depuis le début de la saison, alors je ne suis pas inquiet.

JIM FURYK : Oui, cette compétition est un peu une sorte de marathon. Les joueurs que vous avez mentionnés, Tiger et Justin Rose, ont disputé tellement de tournois qu’ils comprennent les contraintes physiques et mentales liées à cet événement. Ils vont prendre les choses au bon rythme.

Ils vont se préparer pour ça, et vous savez, comme nous ne connaissons pas ce parcours aussi bien que nos adversaires, le truc va être de réaliser toute cette préparation et d’apprendre à connaître les lieux, tout en essayant aussi de conserver un peu d’énergie afin d’être prêts pour disputer au besoin 36 trous vendredi et samedi.

Q. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’effet que la victoire de Tiger pourrait avoir ? Je sais que ce sont deux choses totalement différentes, entre ce qui s’est passé la semaine dernière et ce qui va se passer cette semaine, mais est-ce que ça peut donner de l’énergie à votre équipe, Jim ? Et Thomas, est-ce que vous pensez que ça pourrait jouer sur le déroulement des événements cette semaine ?

JIM FURYK : Il a vraiment bien joué toute l’année. Il a montré le bout de son nez sur deux majeures et il a eu plein d’occasions de s’imposer cette année. Bien sûr, c’est une sensation agréable pour notre équipe.

Mais je dirais que toute l’attention et l’ambiance incroyable pendant le Championnat de la PGA, pendant ce TOUR Championship, toute cette foule, je pense toujours à ce qui s’est passé au 9e tour, sur le 18e fairway hier, c’était incroyable.

Bien évidemment, ça apporte de l’énergie, bien qu’il ne soit pas nécessaire d’apporter beaucoup plus d’énergie à l’abord de cette compétition, puisqu’il s’agit sans doute du plus important tournoi de golf qui soit, mais ça va donner un supplément d’enthousiasme – et là encore, l’enthousiasme y est de toute manière, mais c’est un plus.

THOMAS BJÖRN : J’ai été joueur professionnel pendant 25 ans au côté de Tiger Woods, et chaque fois qu’il réussit un exploit, ça génère une belle histoire, et nous avons tous envie de le voir à ce niveau. Nous avons tous envie de le voir au sommet de ce sport. Il en fait tellement pour le golf.

J’ai eu un très grand plaisir à regarder ce qui s’est passé hier soir. C’était formidable pour tout ce qui est le plus important dans ce sport.

À l’approche de cette semaine, nous avons le 24 meilleurs joueurs du monde, et ce tournoi étant ce qu’il est, comme toujours, avec sa formidable histoire, nous savons que ce sera une formidable bataille à douze contre douze. C’est ce que nous avons hâte de vivre. Pour le golf, voir Tiger Woods remporter des tournois est formidable, et je crois que nous en tirons tous les bénéfices. Quoi qu’il arrive entre ces 24 joueurs cette semaine, le golf a besoin de cet élan supplémentaire, de la part de quelqu’un comme lui, qui rend ce sport accessible au plus grand nombre. Nous avons besoin de lui au sommet. Pour tous les acteurs du golf, c’est génial.

Q. Pourriez-vous donner un ordre de grandeur de ce que Tiger Woods a accompli, sachant où il était il y a un an ? Et pensez-vous que, en gardant en tête ce qu’il a vécu ces dernières années, nous allons voir lors de cette Ryder Cup un Tiger Woods peut-être un peu différent de ce qu’il avait montré les fois précédentes en Ryder Cup ?

JIM FURYK : Essayons de répondre à ça. Il y a deux ou trois questions à la fois. Découpons ça en plusieurs parties. Quelle était la première partie déjà ?

Q. Désolé. Essayez de nous donner une idée de ce qu’il a accompli, en gardant à l’esprit où il était voilà un an.

JIM FURYK : Oui, je crois que ça se voit quand on le regarde : je crois qu’on peut voir toute son émotion, alors qu’il essayait de repousser les larmes. À la façon dont il a levé les bras et agité le poing, on a senti à quel point cette victoire était importante pour lui.

Quand on compare cette Ryder Cup à d’autres auxquelles il a participé, je crois que la différence est que Tiger s’est pénétré de l’ambiance de notre équipe. Il a joué un rôle très important en 2016 en tant que vice-capitaine, puis à nouveau en 2017 en tant que capitaine assistant lors de la Presidents Cup. Je crois que c’est maintenant pour lui un moment spécial, de rejoindre ces jeunes joueurs en tant que coéquipier.

Mais vous savez, ce qui compte pour lui aujourd’hui, ce qui est spécial pour lui, c’est de faire partie de cette équipe, de ce groupe. Comme l’a dit Thomas, c’est un douze contre douze, et je crois qu’il apprécie particulièrement cette atmosphère en ce moment. Il a gagné hier, et à titre individuel, je sais ce que ça signifiait et combien c’était important pour lui, mais il a tourné cette page assez rapidement et il était vraiment ravi de rejoindre ses coéquipiers et de s’engager dans ce processus.

Q. À propos de Tiger, dans sa forme actuelle, est-il un joueur à craindre cette semaine, et une éventuelle victoire contre lui pourrait-elle jouer en quelque sorte le rôle d’un point supplémentaire pour les Européens ?

THOMAS BJÖRN : Nous avons là les 24 meilleurs joueurs du monde. Quand il s’agit de s’affronter, ils sont capables de choses extraordinaires, des deux côtés. Nous n’avons peur de personne parce que nous avons joué contre eux de très nombreuses fois en individuel. Mais nous respectons nos adversaires et nous savons à quoi nous allons nous mesurer.

Je crois que c’est la clé de tout ça. Nous allons nous rendre sur le parcours, faire ce que nous savons faire et jouer notre jeu. Nous savons qu’il y a de l’autre côté l’une des plus fortes équipes américaines de tous les temps, et nous savons que nous devons jouer notre meilleur golf face à cette équipe. C’est ce qui nous attend. Nous ne nous cachons pas derrière ce que nous sommes, qui nous sommes, ce que nous faisons ensemble. C’est tout l’enjeu de cette semaine.

Nous allons faire ce que nous avons à faire en tant qu’équipe européenne, nous allons mettre ça sur le parcours, face à douze joueurs américains. Il ne s’agit pas d’un seul individu. Nous affrontons toute l’équipe.

Q. C’est bien sûr passé un peu inaperçu avec tout ce qui s’est passé hier, mais qu’avez-vous pensé de la performance de Sergio [Garcia] au Portugal ?

THOMAS BJÖRN : Ça m’a plu. J’étais content pour Sergio. Je crois qu’il avait envie de réussir quelque chose et de se sentir bien un club en main. Je sais ce que représente Sergio, et je sais ce qu’il apporte à cette équipe, je n’ai pas arrêté de le dire : Il fait partie intégrante de ce que nous sommes, de notre identité.

Mais il va être très content de ce qu’il a réalisé la semaine dernière. Il est arrivé ici d’excellente humeur, avec un grand sourire, et c’est ce qu’il va communiquer à ses coéquipiers.

Q. Lorsque vous avez choisi Sergio, une partie du calcul consistait à dire qu’il aurait un mois pour se reposer avant de retrouver son jeu. Estimez-vous qu’il a réussi de ce point de vue-là ? Et que pouvez-vous nous dire des conversations que vous avez eues avec lui ces dernières Semaines de préparation ?

THOMAS BJÖRN : Oui, je crois que Sergio est le genre de joueur qui a parfois besoin de ce petit plus qu’on ressent quand les choses vont dans le bon sens.

Les conversations que j’ai eues avec lui, qui m’ont poussé à le choisir, et celles que nous avons eues après ça, lui ont fait se sentir bien, il a senti que son golf progressait dans la bonne direction. Je connais ses valeurs en tant qu’homme. Maintenant, il veut se rendre sur le parcours et montrer ce dont il est capable.

Nous savons tous que quand il est à son meilleur niveau, il fait partie des meilleurs golfeurs du monde. Il se sent bien. Il est souriant, heureux et il a hâte de commencer à jouer. Comme tout le monde dans l’équipe, il sent qu’une bonne atmosphère entoure ce groupe à l’approche de cette Ryder Cup. Tout ce qu’ils veulent maintenant, c’est jouer au golf.

Il n’est qu’un de nos douze joueurs, mais il joue un grand rôle dans ce que nous faisons, comme chaque joueur. Je suis ravi des conversations que j’ai eues avec lui. Elles ont été positives, excellentes, et il sait ce qu’il fait, il se sent bien.

Q. Je sais que vous avez accompli un gros travail sur le choix des paires et les facteurs de choix. À quel point la préparation qui aura lieu ces trois prochains jours comptera-t-elle dans la détermination de ces paires ?

JIM FURYK : Je crois que ça aura peu d’effet. Nous avons les idées claires sur la façon dont nous allons associer nos joueurs. Nous avons certaines options dans le choix de nos paires, et en fonction aussi de ce qui va se dérouler ces prochains jours, mais je crois que nous avons confiance en notre plan de jeu, pour ainsi dire, et quant au choix de qui va jouer ensemble pour quel format de jeu.

THOMAS BJÖRN : Je suis assez d’accord avec Jim à ce sujet. On se prépare à 80, 90 %, et ensuite on sait qu’il restera quelques morceaux du puzzle à déplacer au fur et à mesure que la semaine avancera. Beaucoup de choses peuvent se passer avec les joueurs, et il peut leur arriver beaucoup de choses lors d’une semaine comme celle-ci.

Dans notre esprit, nous savons très bien où nous voulons aller, et il faudrait qu’il se produise quelque chose d’inhabituel pour nous faire changer d’idée. Notre idée est faite quant à la direction que nous souhaitons prendre.

Q. Il y a quelques années, Rory a subi un traitement assez injuste à Hazeltine. Ian Poulter dit qu’il subit un mauvais traitement sur tous les trous à l’U.S. Open. Vous attendez-vous à une réception hostile ici même, et avez-vous parlé à vos joueurs à ce sujet ?

JIM FURYK : Est-ce que je pense que le public sera hostile ? Non, je ne crois pas. Vous savez, il y avait Quelques supporters fans indisciplinés à Hazeltine. Nous avons fait de notre mieux pour les évacuer.

Je crois que la majorité des supporters étaient là pour encourager leur équipe, et c’est bien normal. J’ai toujours admiré le public européen, les supporters d’ici, le soutien qu’ils apportent à leur équipe. J’admire la façon dont ils s’unissent pour crier plus fort et se faire entendre avec leurs chants. Ils donnent l’impression d’être très unis.

En général, lorsque je salue le public européen, alors qu’il nous réserve une ola sur le premier tee, en les saluant et en leur indiquant qu’on comprend quels supporters ils sont, c’est une manière de manifester un respect que j’ai toujours senti mutuel.

Je sais que c’est un public qui va faire du bruit. Je sais que c’est un public qui va se montrer turbulent. Bien sûr, le public va encourager l’équipe d’Europe, c’est bien naturel. C’est bien sûr une difficulté. Cela fait partie de l’avantage de jouer à domicile pour l’Europe cette semaine, et c’est un élément que mes joueurs vont devoir respecter, mais j’espère qu’ils vont aimer ça. J’espère qu’ils vont s’en nourrir.

Vous savez, à certains moments, quand on est sur la route, on a la sensation d’être un petit groupe face à un grand nombre d’Européens. Quelquefois c’est une chose qui peut rapprocher les joueurs, c’est parfois un élément derrière lequel il est possible de se rallier. J’espère dont que ces joueurs ont ça en eux. J’admire vraiment le public européen, je sais qu’il sera bruyant et j’ai hâte de voir ça.

Q. De quelle façon résumeriez-vous le rôle qui sera le vôtre cette semaine ? Quels sont les traits de personnalité et les éléments d’expérience de joueur que vous possédez qui vous permettront d’être plus forts dans ce rôle face à ce qui vous attend cette semaine ?

THOMAS BJÖRN : J’imagine qu’il faudrait plutôt poser la question à d’autres, qui pourront vous dire ce que, selon eux, nous allons apporter cette semaine.

La vision que j’ai de mon rôle aux côtés de ces joueurs, c’est que tout tourne autour d’eux. Vous savez, j’ai toujours eu la même position, aussi bien sur le circuit professionnel que dans les équipes de Ryder Cup : ce sont ces douze joueurs qui comptent. C’est ce qu’ils font qui compte, mon rôle est de les soutenir et de les accompagner tout au long du chemin.

Ce sont eux qui comptent. Parfois, il faut savoir montrer la direction, indiquer la marche à suivre. Mais ça se passe en groupe. Nous sommes une équipe. Nous sommes un groupe de joueurs réunis autour d’un même objectif.

Alors pour nous, ou pour moi, il s’agit simplement d’entrer dans le vestiaire de l’équipe et d’envoyer les joueurs sur le parcours faire ce qu’ils savent faire le mieux. Mon rôle est d’être à la fois un soutien et un leader capable de les envoyer dans la bonne direction, la direction qui est, selon moi, la bonne.

JIM FURYK : C’était une merveilleuse réponse. J’ajouterais que nous avons accumulé de l’expérience en tant que joueurs et en tant que vice-capitaines. Je dirait que je prends certaines choses des capitaines que j’ai pu admirer. À l’évidence, nous avons appris tout au long de notre parcours. Nous allons tous les deux mener le groupe, chacun à sa manière, en puisant dans notre expérience.

J’ai vraiment la sensation d’avoir pris des notes quand j’étais un jeune joueur, rêvant un joueur d’avoir cette opportunité, et je vais essayer de puiser dans cette expérience et d’apporter diverses choses à cette équipe, cette année. Comme l’a dit Thomas, dans la vision que nous avons de ce tournoi de golf, nous ne serons jamais les deux points d’intérêt principaux.

Nous avons ici 24 des meilleurs joueurs du monde. Tout tourne autour d’eux dans cette compétition. Notre rôle est de les soutenir de les aider à avancer, en leur indiquant peut-être la bonne direction.

Q. Pensez-vous faire jouer vos douze joueurs dès le premier jour, si c’est possible ?

JIM FURYK : Quelle est ta stratégie à ce sujet, Thomas ? (Rires).

THOMAS BJÖRN : Vous savez, c’est — qui vivra verra (rires).

Q. Jim ?

JIM FURYK : Je dirais, qui vivra verra. J’ai trouvé Thomas très clair.

Q. J’ai une question pour les deux capitaines. Quelle est l’importance des séances d’entraînement dans la détermination des paires ? Bien sûr, vous avez déjà votre idée, mais en constatant la compatibilité des joueurs sur le parcours, ce genre de choses, quelle importance auront les séances d’entraînement ces prochains jours ?

JIM FURYK : De notre point de vue, mais je pense que Thomas sera d’accord, nous savons assez bien qui est compatible selon nous et qui peut jouer ensemble. Il y a certaines options.

Pour nous, ces séances d’entraînement… Comme pour Thomas, certains joueurs sont en plein décalage horaire. Ces trois prochains jours seront cruciaux pour nous, l’entraînement sera très important pour apprendre à connaître ce parcours, à comprendre du mieux possible toutes ses particularités. Parmi mes joueurs, six ont déjà joué sur ce parcours et six n’y ont jamais joué. Le premier jour, on va peut-être associer les joueurs qui ont déjà évolué ici avec ceux qui ne sont jamais venus pour faciliter la découverte du parcours.

La préparation qui aura lieu ces trois prochains jours sera cruciale pour moi. En tant que joueur, dans les tournois majeurs, j’ai toujours essayé d’apprendre à connaître un parcours en 36 trous pour être fin prêt au moment de la première manche le jeudi. C’est ce que nous devrons faire. De son côté, l’équipe européenne va essayer d’approfondir sa connaissance du parcours.

Les joueurs européens ont déjà disputé l’Open de France ici. Ils se sont illustrés ici, on y trouve les deux derniers vainqueurs et un certain nombre de top 10. Ça fait partie des difficultés à surmonter lors de cette préparation, et apprendre à connaître ce parcours de golf en premier est le plus important. La question de la compatibilité et de la façon dont il faudra aborder les foursomes et les quatre-balles jouera un rôle aussi.

THOMAS BJÖRN : Oui, au moment où nous pénétrerons sur ce parcours, nous aurons beau y avoir déjà joué avant, ce sera le parcours tel qu’il sera cette semaine, avec des conditions un peu différentes de ce qu’elles sont en juin et en juillet, au moment où se joue l’Open de France ici. Il s’agit donc d’aller sur le parcours pour le reconnaître.

Je suis d’accord avec Jim. Nous avons tous les deux une idée assez précise des choix de paires que nous allons faire, et comme je l’ai dit avant, cela ne signifie pas qu’aucun changement ne peut se produire à ce sujet dans les trois jours qui viennent. Mais je sais assez clairement où je veux aller et où commencer, et on verra ce qui se passera après ça. En tant que capitaine, c’est ce qu’il faut faire. Je veux me retrouver dans une situation où, à partir de mon plan de départ, toute une série e plans différents se révèle.

J’ai confiance dans mes choix de paires, mais comme je l’ai déjà dit, on est prêt à 80, 85 % au regard des objectifs, et bien sûr des choses peuvent se produire les jours qui viennent.

Q. La dernière fois qu’il est venu ici, Bubba [Watson] n’a pas connu la meilleure des expériences. Avez-vous préparé quelque chose à l’avance au cas de mauvais souvenirs lui reviendraient à la mémoire ?

JIM FURYK : La dernière fois qu’il est venu, tout s’est bien passé puisque c’était pour une séance d’entraînement avec nous. Mais en ce qui concerne le dernier tournoi qu’il a joué ici, à l’Open de France, j’ai eu une discussion avec Bubba à ce sujet. Il a vraiment aimé Paris la dernière fois. Être en France lui a plu.

Je crois qu’il n’a que de bonnes choses à dire. Quant à revisiter l’événement… C’était il y a longtemps, c’était un Bubba Watson bien plus jeune. Je crois que ce séjour va vraiment lui plaire, et qu’il va adorer vivre cette Ryder Cup avec ses coéquipiers.

Q. L’un de vous deux a-t-il mis en place une politique spéciale en matière de réseaux sociaux pour son équipe ?

THOMAS BJÖRN : (Rires).

JIM FURYK : Je n’ai rien écrit de spécial et je n’ai pas de position particulière sur ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire. Sur ce genre d’événements, je n’ai pas la sensation de beaucoup voir nos joueurs sur leur téléphone, sur les réseaux sociaux, etc. Ce sont des semaines vraiment chargées. Lors d’un tournoi classique sur le circuit, je vois les joueurs, dans les salons et salles à manger, en train de regarder Twitter ou les réseaux sociaux, et je suppose qu’aujourd’hui les plus jeunes sont surtout sur Snapchat ou Instagram. Ils recherchent des informations, des idées, pour s’amuser.

Sur cette compétition, les joueurs passent plus de temps ensemble et je ne les vois pas si souvent sur leur téléphone, et je ne vois pas beaucoup de téléphones dans les vestiaires.

Je n’ai pas vraiment de politique ferme en soi, au-delà des choses évidentes en termes de bon comportement. Je trouve que les réseaux sociaux sont formidables tant que ça reste convivial. Mais au-delà de ça, ça ne me pose aucun problème particulier.

THOMAS BJÖRN : Je crois que ça fait partie de la vie des jeunes joueurs d’aujourd’hui. Si on leur impose des contraintes, sur ce qu’ils peuvent faire, sur leur façon de vivre, ça change un peu leur façon d’être.

Les réseaux sociaux ne me posent pas de problèmes. Mais comme le dit Jim, tout le monde est très occupé ; c’est une semaine sous haute pression, très sensible, et je suis sûr que les joueurs, des deux côtés, vont respecter ça.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux font partie de la vie des sportifs, c’est impossible de leur enlever ça. Vous n’auriez plus de sujet pour vos articles, ce serait un vrai problème. Je crois que ça doit exister.

Si on prend du recul, c’est formidable pour le golf. Il y a beaucoup de choses en jeu et, bien sûr, en tant que capitaine de l’équipe européenne, je dois essayer de protéger mes douze joueurs dans tout ce qu’ils font, mais je ne vais pas leur imposer de ne pas utiliser les réseaux sociaux. Je suis certain que vous verrez des posts ici ou là sur les réseaux sociaux, mais tout va bien tant que ça reste dans le bon esprit.

Q. Vous êtes-vous inspirés d’entraîneurs dans d’autres sports dans la vision que vous avez de votre rôle ?

THOMAS BJÖRN : Peut-être.

Q. S’il vous plaît.

THOMAS BJÖRN : Si vous voulez me faire dire que je me suis inspiré d’Alex Ferguson, alors non, pas dans ce sens. Je connais des gens qui travaillent dans le sport, auprès de jeune, qui abordent leur travail sous des angles différents. J’ai passé beaucoup de temps à discuter avec eux de la façon dont ils abordent ce travail-là.

En tant que joueur dans un sport individuel, on peut facilement avoir la sensation de tout savoir sur ce rôle. Mais le jour où on endosse ce rôle, on réalise que ça n’a rien à voir avec ce dont on a l’habitude.

Dès lors, on peut demander leur avis à quelques personnes sur différentes choses, mais on ne recherche pas quelqu’un de célèbre qui a évolué au plus haut niveau, non. Je me suis adressé à des gens en qui j’ai confiance et qui me connaissent, et ils m’ont beaucoup aidé. Je dirais que ça m’a mis dans une très bonne position.

Je suis heureux de ce que je fais dans mon rôle de capitaine et je suis satisfait de ma façon de mener ces douze joueurs.

Q. Au moment de faire vos choix et de composer vos paires, vous appuyez-vous sur des données analytiques où sur l’entente qu’il y a entre les joueurs ?

THOMAS BJÖRN : Beaucoup de facteurs différents entrent en jeu à ce sujet. Il y a tellement de choses différentes à prendre en compte. On essaye de faire pour le mieux, mais dès qu’on déplace un joueur ici ou là, tout évolue.

Il faut examiner tellement de choses différentes au moment de créer des paires, pas une chose spécifique. Quand on y réfléchit comme ça, c’est un vrai casse-tête, mais une image d’ensemble se forme peu à peu, les choses commencent à se mettre en place, et on a beaucoup de temps pour y réfléchir.

Jim et moi-même nous penchons là-dessus depuis un long moment, et je suis sûr que Jim a passé autant de temps que moi à se réveiller au milieu de la nuit en se disant, ça, ça marche, et ça peut-être aussi.

Mais cette image d’ensemble finit par se former, et je suis heureux d’occuper ce rôle depuis si longtemps parce que ça m’a permis de réfléchir encore et encore à toutes ces choses que je voulais faire. Ça donne beaucoup de confiance, ça conforte dans l’idée qu’on a pris les bonnes décisions et qu’il n’y a plus qu’à se lancer.

Q. Ça fait quelques années maintenant qu’une équipe américaine n’a plus gagné sur le sol européen. S’agit-il d’une motivation supplémentaire pour vos joueurs, ou plutôt d’un fardeau ?

JIM FURYK : Je ne suis pas sûr de savoir. On nous le rappelle assez souvent. On a commencé à m’en parler dès le moment où j’ai saisi l’occasion de devenir capitaine.

Alors peut-on parler de motivation supplémentaire ? Je ne suis pas certain qu’il soit nécessaire d’avoir des sources de motivation supplémentaires en Ryder Cup. Je crois qu’à l’idée d’affronter les douze meilleurs joueurs européens, les douze meilleurs joueurs américains sont enthousiastes et impatients.

Et bien sûr, c’est quelque chose qui les gêne, ça dure depuis 1993 et certains des joueurs vétérans qui ont joué dans un certain nombre d’équipes de Ryder Cup pendant ces années n’ont jamais gagné sur sol étranger. C’est un trou dans leur carrière.

Les joueurs ont hâte que ça commence.

Je n’ai pas besoin de parler de ça dans les vestiaires. Personne n’a écrit « 25 » en grand sur un mur. Ils sont conscients de ça, ils sont conscients de la difficulté que représente le fait de devoir s’imposer en Europe. Vous savez, c’est la bataille que nous allons livrer cette semaine.

C’est une équipe solide. Thomas l’a mentionné, c’est sans doute la plus forte équipe américaine que nous ayons jamais eue, et j’irais jusqu’à dire qu’il s’agit peut-être aussi de la plus forte équipe européenne jamais composée, du premier jusqu’au dernier. C’est une équipe très riche, avec des joueurs qui jouent très bien ensemble. Ce sera une semaine difficile pour nous, mais nous avons envie de relever ce défi.

Q. Ian Poulter a été le premier à se rendre sur le terrain aujourd’hui. N’est-ce pas symbolique de quelque chose ? Et à quel point a-t-il envie d’en découdre ?

THOMAS BJÖRN : Oui, je pense qu’il serait venu en milieu de semaine dernière s’il avait pu.

Il a vraiment envie d’y être. Nous connaissons tous l’histoire d’Ian et ses sentiments à propos de la Ryder Cup. Il voulait se retrouver sur le parcours. Il est venu hier, il était fin prêt, il avait simplement envie d’y aller.

Les joueurs qui arrivent tôt ont envie de se familiariser avec tout l’environnement. Une fois qu’ils sont sur place, ils sont impatients de se retrouver un drive en main pour taper quelques coups. Il voulait sortir et taper quelques coups. Oui, c’est exactement son genre. Il est très certainement prêt à y aller. C’était sympa de le voir se livrer comme ça, avec cette envie si forte, mais les autres sont aussi enthousiastes que lui. Simplement, il avait un peu plus de temps que les autres, c’est ce qui lui a permis de venir plus tôt. C’est naturel.

Les joueurs qui viennent de rentrer des États-Unis sont un peu fatigués, ils veulent que cette journée se finisse. Ils seront fin prêts demain.

Q. Y a-t-il un de vos douze joueurs qui n’ont jamais joué sur ce parcours auparavant ?

THOMAS BJÖRN : Non, je crois qu’ils y ont tous joué maintenant. Sergio n’était jamais venu ici avant de participer au dernier Open de France, cet été. Je crois qu’ils ont tous participé ici à l’Open de France.

Nous avons connu de bons moments sur ce parcours, mais c’est une nouvelle semaine, autour d’une compétition totalement différente de l’Open de France. Il s’agit d’évoluer en équipe et d’essayer de Rapporter le trophée en Europe. Ils sont déterminés à le faire.

La Ryder Cup n’a rien à voir avec un tournoi classique. Il y a beaucoup d’excitation chez les joueurs.

STEVE TODD : Messieurs, je vous remercie. Nous vous souhaitons bonne chance à tous les deux pour cette semaine.