Dessiné en 1878 sur la côte sud-est de l’Écosse, le Royal Troon compte parmi les plus vieux links faisant partie de la rotation du British Open. Il doit aussi sa réputation au « postage stamp », l’un des plus célèbres par 3 de la planète golf.

Royal Troon : le timbre-poste a du cachet

Le trou n°8 du Royal Troon, surnommé « le timbre poste » – © Franck Crudo

Un départ niché sur une dune et un green à seulement 110 mètres en contrebas, à peine plus large qu’un timbre poste, cerné de cinq redoutables bunkers. Bienvenu sur le trou n°8 du Royal Troon, l’un des plus illustres par 3 de l’histoire du golf avec le 12 à Augusta au cœur de l’Amen Corner, le trou en île du 17 au TPC Sawgrass (qui accueille chaque année le Players Championship) ou encore le 7 à Peeble Beach. Initialement appelé « Ailsa », du nom de l’îlot rocheux qu’on aperçoit depuis le green, William Park le baptise « postage stamp » (timbre-poste) en 1909 dans Golf Illustrated, un surnom resté depuis dans la postérité. En 2014, un sondage de la BBC demande à 20 des meilleurs joueurs du monde quel est leur trou favori parmi tous les parcours du British Open : le timbre-poste arrive en tête, devant le 17 de St Andrews.

Le 8 du Royal Troon est un green oblong, bien plus long que large (seulement 8 mètres), qui à cette distance ne devrait pas faire frissonner le plus dur à cuire des golf-trotters. Et pourtant… Le vent latéral souvent omniprésent dans le coin, et des bunkers qui semblent happer les balles comme des mouches, peuvent à tout moment écorner la carte de score et devenir le théâtre d’une tragédie grecque. Surnommé affectueusement « le cercueil », un bunker de seulement deux mètres de large oblige même souvent les joueurs à taper en arrière pour s’extirper du piège.*

Lors du British Open 1950, c’est sur le timbre-poste que Herman Tissie s’y reprend à 15 reprises pour caser la balle dans ce satané trou, record toujours à battre. En 1997, tout juste auréolé de sa récente victoire au Masters d’Augusta, le jeune Tiger Woods y fait à son tour naufrage le dimanche  avec un triple bogey. Mais le 8 du Royal Troon est aussi l’occasion de narrer quelques belles histoires : en 1973, le légendaire Gene Sarazen, alors âgé de 71 ans, y réussit un trou en un devant les caméras du monde entier**. Le lendemain, le vainqueur de  « The Open » quarante-et-un ans plus tôt enquille au même endroit une sortie de bunker pour birdie.

C’est peut-être Colin Montgomerie, lequel a disputé d’innombrables parties d’entraînement au Royal Troon, qui parle le mieux du timbre-poste. « Il m’est arrivé de poser la balle à 10 centimètres du drapeau, confie le golfeur écossais. Il m’est aussi arrivé de concéder un triple ou un quadruple bogey ici. Quand le vent est de face, on peut être contraint de sortir un fer 5 et là, les choses sérieuses commencent… » En 1978, à l’occasion du centenaire du parcours, la reine Elisabeth II a même octroyé le patronage royal à un simple timbre-poste. Un honneur unique pour un trou qui l’est tout autant.

Franck Crudo

* https://www.youtube.com/watch?v=szlvCDHM7kQ

** https://www.youtube.com/watch?v=SugO6tWocQU