Un des Masters les plus dramatiques depuis sa création ! Les cinq petits putts ratés consécutivement (dont deux de 20 cm) jeudi par Ernie Els, lors de son premier trou du tournoi, n’étaient qu’un avant-goût de la tragédie qui se nouerait le dimanche, à Augusta.

Jordan Spieth - Photo : D.R.

Jordan Spieth – Source : PGA (http://bit.ly/1Ss7X8W)

Le tenant du titre et n°2 mondial Jordan Spieth menait hier soir, à mi-parcours, de 5 coups (-7) sur son plus proche poursuivant, l’Anglais Danny Willett (-2). On s’acheminait alors vers une promenade triomphale sur les neuf derniers trous et un incroyable doublé du Texan.  A ce moment précis, beaucoup sur les réseaux sociaux annonçaient d’ailleurs que le tournoi était plié. Les passionnés qui sont du coup partis se coucher pourront s’en mordre les doigts : ils auront loupé l’un des plus gros désastres de l’histoire du golf.

Après avoir enchaîné deux bogeys, Spieth se présentait au départ du trou signature du parcours, le fameux n°12. Un par 3 où tout est possible, les birdies comme les catastrophes. Les Dieux du golf avaient visiblement choisi leur camp. Le jeune Américain dévissait son coup de fer et sa balle terminait dans l’eau. Mais, le pire restait à venir. Après s’être dropé devant l’obstacle, à une soixantaine de mètres du drapeau, l’un des meilleurs joueurs du monde réalisait une énorme gratte digne d’un 30 de handicap et n’effectuait que la moitié du chemin. Résultat : une seconde balle dans l’eau et un quadruple bogey cataclysmique pour Spieth, qui ne s’en remettra jamais.

Une offrande en revanche pour le jeune Anglais de 28 ans Dany Willett (-5 au final). Lequel,  à la faveur de sa première victoire dans un tournoi du Grand Chelem, entrera aujourd’hui dans le top 10 mondial. Le natif de Sheffield  avait jusqu’à présent décroché quatre victoires sur le circuit européen. Il  devient le premier sujet de Sa Majesté  à remporter le Masters d’Augusta depuis Nick Faldo, en 1996. Ironie de l’histoire, c’est justement lors de cette édition que l’on avait assisté à l’un des plus improbables retournements de situation de l’histoire. En tête depuis le début du tournoi (comme Spieth) et nanti de six coups d’avance le dernier jour, Greg Norman avait lui aussi explosé en plein vol au profit de son poursuivant britannique.

Du côté des Français, le dimanche a été bien moins dramatique pour Victoire Dubuisson (42e à +11) et surtout pour Romain Langasque. Le Bordelais de 20 ans, pro depuis aujourd’hui, a de nouveau épaté tout le monde en rendant une superbe dernière carte de 68 (dont -5 sur les neuf derniers trous, là où Spieth jouait +5 !) pour une 39e place finale à +10. Seuls trois joueurs ont joué un coup de moins que Langasque ce dimanche, tous Anglais :  Matthew Fitzpatrick, Paul Casey et… le vainqueur du jour, Danny Willett. Langasque aurait même pu, qui sait, espérer un top 10 s’il n’avait complètement lâché prise le samedi, face aux bourrasques de vent, en signant une vilaine carte de 83. Mais bon, avec des si, Jordan Spieth aurait gagné largement le Masters 2016 et nous autres, golfeurs amateurs, jouerions régulièrement dans le par…

Franck Crudo