Marion Duvernay évoluera sur le Symetra Tour en 2021. Pour Swing Féminin, elle revient sur sa carrière et évoque sa seconde casquette de coach.

Marion Duvernay

@ LET

Bonjour Marion, vous étiez censée jouer sur le Symetra Tour aux Etats-Unis en 2020. C’est tombé à l’eau à cause de la crise sanitaire ?

En partie. En fait, je n’ai pas pu partir en début d’année à cause de mon visa. Mais grande nouvelle, je viens de l’avoir enfin aujourd’hui même à l’ambassade américaine à Paris !

Du coup, comment va se dérouler votre fin de saison ?

Je partirai aux USA seulement en 2021. Vu la situation actuelle, j’ai rempli mon calendrier différemment pour la fin de saison. J’ai reçu une invitation pour jouer en Suisse sur le Tour Européen, la semaine prochaine. J’en ai demandé une pour l’Open de France, mais j’ai l’impression que c’est mal parti. Je vais jouer des Pro-Am, notamment en Suisse, parce que j’habite à Evian.

Avec une saison blanche comme celle-ci, vous avez pu générer quelques revenus ?

J’enseigne parallèlement à mon activité de joueuse pro. J’ai juste repris ma casquette de coach en attendant. Cela s’est d’ailleurs bien passé puisque j’ai commencé à coacher Joël Stalter en début d’année et il a gagné sur le circuit européen cette saison (l’Euram Bank Open mi-juillet en Autriche).

Quelle est votre méthode de coaching ?

Je ne me base pas uniquement sur la technique golfique, sur le swing. Je vois la personne dans son ensemble, dans son identité propre, cela me permet d’identifier ce qui convient le mieux à mes élèves. Je m’appuie sur le test de Mike Adams afin d’établir le profil biomécanique de chaque joueur. L’idée, c’est de trouver le schéma naturel qui convient le mieux aux joueurs, pour qu’ils soient le plus performant possible. J’ai également un diplôme d’ingénieur en mécanique et je constate qu’il y a souvent un problème de compatibilité entre le matériel et le swing des joueurs. Quand je vois un élève, il y a toujours quelque chose qui me frappe, que ce soit la technique, les clubs, les chaussures, la routine, etc.

Quel est le défaut le plus courant chez les amateurs selon vous 

La gestion de leur équilibre. Ils ne savent pas forcément là où ils devraient mettre leur poids du corps pour être dans leur profil de performance. Souvent, les amateurs veulent taper trop fort et perdent leur équilibre en sacrifiant le contact de balle, lequel est hyper important pour taper loin.

Vous avez enseigné pendant six mois à Dubaï, entre fin 2017 et début 2018. Qu’est ce qui vous a poussé à reprendre votre carrière professionnelle ?

La compétition me manquait, je sentais que je n’avais pas encore atteint mes limites. Au fond de moi, je rêve encore de jouer sur le LPGA et de gagner à Evian. Avant de partir à Dubaï, j’avais rencontré Mike Adams qui m’avait dit que j’avais du talent, que je devais jouer et que j’enseignerai quand je serai plus vieille. Il a proposé de me coacher. Je suis partie le voir aux Etats-Unis et on a commencé un travail de fond qui a porté ses fruits en octobre 2019, où j’ai passé les cartes pour jouer sur le Symetra Tour.

Comment avez-vous découvert le golf ?

A l’âge de 7 ans à Evian. Je suis née là-bas et j’avais une copine à l’école primaire qui y jouait et dont le père était l’ancien greenkeeper du golf. Elle m’a demandée de venir avec elle à l’école de golf, car elle n’avait pas de copines. J’ai essayé et cela m’a beaucoup plu alors qu’elle, elle a arrêté peu après (rires).

Vous avez étudié a l’Université de Chattanooga dans le Tennessee. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Je faisais partie du pôle espoirs puis du pôle France et j’avais commencé un diplôme de génie en mécanique, du coup je n’ai étudié que trois ans au lieu de quatre aux Etats-Unis. Là-bas, on joue beaucoup de tournois , il y a une ambiance d’équipe, des infrastructures incroyables. Tout est organisé pour performer, j’adore la mentalité américaine. Le problème, c’est que j’avais une coach un peu trop directive à mon goût, moi qui fonctionne beaucoup au ressenti. Je n’aimais pas qu’on m’impose des choses que je ne sentais pas.

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière jusqu’à présent ?

(Elle réfléchit) Les victoires sont toujours agréables. Je dirais ma victoire en Galice (Espagne) sur le LETAS. C’était une sensation agréable d’arriver à mettre en place un schéma, de s’y tenir et d’avoir la victoire au bout.

Quel est votre point fort ?

Si les autres nanas répondaient à ma place, elles diraient sans doute que je tape fort au drive. Moi, je dirais plutôt que c’est mon caractère. J’arrive à finir le travail, quand il faut gagner en play-off, je parviens à rester « focus ».

Et votre point faible ?

Cela varie selon les périodes, il n’y en a pas qui sorte vraiment du lot. Cette année, j’ai coupé tous mes clubs de quelques centimètres. Cela me permet de swinguer plus facilement et de gommer quelques erreurs sur le parcours.

Quelles clés utilisez-vous mentalement lorsque vous avez un putt très important à jouer le dernier jour, sur le 18 ?

Il y a quelques années, j’avais suivi une formation sur la méthode « fluid motion factor », mise en place par Steven Yellin. Le but, c’est que l’info parvienne directement dans le cervelet à l’arrière sans être court-circuitée par le cortex préfrontal, ce qui empêche d’être dans le « flow », la fameuse zone, le moment où l’on est entièrement concentré et absorbé par son occupation. Il s’agit de réussir à se mettre devant la balle dans un état neutre, détaché, sans pensée parasite. Toute la difficulté réside dans le fait que ça ne marche pas forcément à chaque fois, même si on s’entraîne pour cela. C’est un processus qu’on reprend de zéro à chaque putt important, sans garantie de succès.

Vous avez déjà réussi un trou en un ?

J’en ai fait trois. Le premier, j’avais 16 ans et c’était sur le trou n° 10 du golf d’Annonay, en Grand Prix. Les deux autres c’est aux USA, en Floride lors d’un tournoi universitaire, puis pendant une reco, en Caroline du Nord je crois.

Y a t-il une joueuse ou un joueur que vous admirez ?

Tiger, pour toute sa carrière et la manière dont il a su rebondir après tous ses problèmes. Chez les femmes, quand j’étais petite et que j’assistais à l’Evian Masters, toutes les joueuses m’impressionnaient, je voulais faire comme elles plus tard.

Votre parcours préféré ?

L’an dernier, j’ai eu la chance d’aller à Torrey Pines. J’ai toujours été attirée par tous ces parcours légendaires, comme St Andrews que j’ai déjà eu l’occasion de jouer durant mes années amateurs. Je rêverais aussi de jouer à Augusta.

Propos recueillis par Franck Crudo

https://www.instagram.com/marion.duvernay/?hl=fr