Au sud-ouest de la capitale, les plus grands joueurs de l’histoire ont foulé les fairways du golf de la Boulie, d’Arnaud Massy à Tiger Woods, en passant par Byron Nelson, Jack Nicklaus, Arnold Palmer ou encore Nick Faldo et Severiano Ballesteros. Ouvrons (délicatement) les portes de ce lieu unique en France…

Le trou 10 signature à la Boulie

Le trou signature à la Boulie : le par 3 du n°10, sur le parcours de la Vallée. @André Crudo

Pour un peu, on se présenterait presque à l’accueil sur la pointe des pieds. Une atmosphère un brin old school, que l’on hume habituellement de l’autre côté de la Manche, plane autour du club-house de style anglo-normand édifié au début du siècle précédent. La Boulie, c’est un voyage dans le temps, un monument plus que centenaire, un écrin de verdure posé sur les collines boisées avoisinant un autre joyau de notre patrimoine : le château de Versailles. Bref, c’est un golf pas comme les autres.

Dessiné en 1902 par l’Écossais Willie Park Junior (vainqueur de deux British Open), le parcours de la Vallée accueille en 1906 le premier Open de France – et du Vieux Continent -, lequel est remporté par un joueur du club, un certain Arnaud Massy. L’histoire peut commencer. Comme de nombreux golfs de l’Hexagone, la Boulie doit payer un lourd tribut durant les deux guerres mondiales. En 14-18 le club-house est transformé en hôpital militaire tandis que sous l’Occupation, les Allemands réquisitionnent le terrain pour y installer une école de chars.

Club-house de la Boulie, début du XXe.Club-house de la Boulie 2020

Il faut attendre 1951 pour que le parcours soit remis en état et rénové, sous l’égide du Racing Club de France, le célèbre club omnisports désormais propriétaire des lieux. La légende peut continuer à s’écrire grâce à Arnold Palmer et Jack Nicklaus, venus y disputer la Canada Cup en 1963, avec l’équipe américaine. Nick Faldo y remporte l’Open de France en 1983 et Severiano Ballesteros ajoute son nom au palmarès de l’épreuve en 1986, lors de la 20e et dernière édition se déroulant à la Boulie. L’illustre Espagnol en profite pour rendre une carte de 61 (-11) et battre le record du parcours à l’occasion du Pro-Am précédant le tournoi. « Ce jour-là, il jouait notamment en compagnie de Catherine Lacoste et Roland Peugeot », confie Jean-Franck Burou, directeur du golf depuis maintenant douze ans. En 1994, Tiger Woods arpente à son tour les fairways vallonnés de la Boulie lors du Eisenhower Trophy, le championnat du monde amateur par équipe.

Long d’à peine 6000 mètres, La Vallée est comme son nom l’indique un parcours montueux, où alternent de gros dénivelés et quelques dévers retors. Il est rare d’avoir les pieds à plat sur ce 18 trous chargé d’histoire, tout comme il est difficile d’éviter la mer de sable qui protège les vastes greens parfaitement manucurés (un gros travail a été fait ces cinq dernières années). Un conseil : travaillez vos sorties de bunker avant d’affronter la Vallée, car il n’est pas évident d’atteindre tous les greens en régulation.

Trou 3 de la Boulie

Le trou n°3 de la Vallée. @André Crudo

Les par 3 ont beaucoup de charme, à l’instar du trou n°3, où la magie opère parfois. « Il y a quelques années, raconte Jean-Franck Burou, trois joueurs parmi les plus âgés du club – ils avaient tous plus de 80 ans et ne sont hélas plus de ce monde – se sont présentés au départ de ce par 3. Le premier a fait le par, le second birdie et le troisième… un trou en un ! » Le trou n°10 est quand à lui un choc visuel. Ce long par 3 (192 mètres des back tees) surplombe d’une bonne trentaine de mètres un green cerné par les bunkers. En toile de fond, une épaisse forêt de chênes et de pins vous donne l’impression de swinguer sur une carte postale.

Plus faciles, les trous du retour permettent de nettoyer la carte, à l’instar du 17 et du 18 (index 16 et 18), deux courts par 5 où le birdie peut être envisageable, à condition de soigner sa mise en jeu. Entre temps, bien dissimulés derrière les arbres, quelques fairways jouxtent une voie ferrée ainsi que l’A86, laquelle semble presque avoir été construite pour desservir au mieux la Boulie, puisque la sortie de l’autoroute mène directement au club.

La Boulie, c’est aussi un second 18 trous de grande qualité : la Forêt, dessinée en 1967 après que le club a acquis le bois des Gonnards, à proximité. Longtemps dans l’ombre de son illustre aîné, ce par 72 de 6122 mètres bénéficie aujourd’hui d’une belle cote. « Nous avons désormais deux parcours de même niveau, souligne Jean-Franck Burou. Un peu plus difficile que la Vallée, les fairways plus étroits de la Forêt attirent les bons joueurs. Même nos 1500 membres ne font plus la différence entre nos deux parcours et jouent les deux avec le même plaisir. »

Parcours de la Forêt à la Boulie

Le parcours de la Forêt. @laboulie.com

Superbement entretenue, la Forêt est une belle promenade champêtre, où le calme règne en maître, interrompu ponctuellement par l’écho de quelques drives bien claqués. L’automne, les arbres se parent de leurs plus belles couleurs et vous font plus facilement digérer vos doubles bogeys. Plus plat que la Vallée, le parcours conserve également la marque de fabrique de la Boulie : des greens immenses défendus par de larges et profonds bunkers. Le retour est pimenté par les doglegs du 10 (un par 5) et du 15, ou encore par le par 4 du 17, un léger dogleg droit drivable en un. « Mais dans ce cas-là, il vaut mieux ne pas se manquer », sourit le directeur. La balade s’achève par un court par 4 presque rectiligne, dont le green est sournoisement défendu par l’une des rares pièces d’eau du parcours.

La Boulie, un golf mythique à jouer au moins une fois dans sa vie.

Franck Crudo

 

18.82, UN RESTAURANT RÉPUTÉ

Au cœur du club-house historique, le restaurant 18.82 a récemment changé d’appellation, comme un clin d’œil à l’histoire du Racing Club de France, fondé cette année-là. Une gastronomie française de saison est proposée par Vincent Guillotin, passé notamment par les grandes tables du Trianon Palace, du Prince de Galles, de l’Auberge des Templiers ou encore des 3 Marches.

http://rcf-laboulie.com/