Posté le 23 juin 2021 dans Arts & culture.
Hubert Privé : En Tête à Tête…
Malgré le confinement, Hubert Privé tombe le masque avec ses nouvelles œuvres encore plus décalées, peut être plus artistiques… des visages parés de balles, de tees, de fers où il mêle esthétisme, symbolisme et futurisme avec son habituelle touche d’humanisme.
Si le confinement nous a contraint dans nos envies, dans nos déplacements, il ne nous a pas empêché de réfléchir, d’imaginer, de créer. Une fois de plus, Hubert ne s’en est pas privé. Fidèle à sa remise en question perpétuelle, Hubert Privé a profité de cette période compliquée pour se lancer dans un nouveau travail, tout en continuant son tour de France des clubs, là où ses expositions itinérantes présentent ses œuvres, loin de son atelier normand. Las de ses objets détournés avec humour, du gigantisme de certaines de ses créations, de son mobilier usuel, il s’est creusé la tête… avec une idée récurrente : « Pas la peine de se prendre la tête pour jouer au golf ! ». Plus facile à dire qu’à faire…
En partant de silhouettes de tête, de visages, il les a parés de clubs, de balles, de tees comme si le golf transpirait par les pores de la peau, par les cheveux, les poils de barbe. Des allégories pleines d’esprit, à plusieurs niveaux de lecture, aux interprétations toutes personnelles. Chacun peut y retrouver sa propre expérience, ses souvenirs, tout en appréciant l’élégance artistique liée à un certain humanisme, une universalité chère à l’artiste. Entre une chevelure de fers qui voit naître la force – à l’image de Samson et de son secret – et le yin et le yang – balles blanches en guise de cheveux sur visage noir, balles noires pour la barbe d’une tête blanche – représentant la dualité autant que la complémentarité, les relations homme-femme dans une forme de « demi infini » qui peut nous emmener loin, le ton est donné, il porte à la réflexion. Les tees multicolores plantés dans le crane d’un autre visage vont aussi dans ce sens. Au-delà de l’harmonie chromatique chatoyante, on peut tendre vers une interprétation multiraciale du golf. La récente victoire d’un Japonais au Masters apporte de l’eau au moulin d’Hubert, loin d’être le seul exemple dans un sport qui connaît des adeptes sur tous les continents. Et que dire du « Golf Punk » avec sa crête d’Iroquois, des balles mauves posées sur un crane chauve ! Ce visage de profil, rehaussé d’une mini Ryder Cup en boucle d’oreille et d’une balle de golf en piercing nasal, a fière allure. Faut-il y voir la ligne de putt idéale, celle qui passe par nos neurones avant que la balle ne tombe dans le trou, abysse de tant d’espoirs. Tous ceux qui, un jour, ont raté un putt immanquable pourraient en témoigner…
A l’instar de Viollet-Le-Duc au milieu des apôtres sur la flèche de Notre-Dame, de David se glissant dans la toile du sacre de Napoléon ou d’Alfred Hitchcock faisant des apparitions aussi drôles que furtives dans ses films, Hubert voit son frère derrière ses emblématiques et reconnaissables lunettes blanches. Chevelure de balles blanches sur un visage noir, l’homme offre un regard tendre sur le travail de l’artiste, un regard complice mais peut-être critique, allez savoir ! En tête à tête avec soi-même…
La dualité se retrouve aussi dans le portrait synthétisant les visages de Severiano Ballesteros et de José Maria Olazábal, deux hommes indissociables par leurs exploits en Ryder Cup, complémentaires parce que différents. Ils se comprennent en un regard, sans même se parler !
Le binôme parfait, idéal, ne faisant qu’un… Cheveux longs de balles noires et tatouage d’une Ryder Cup côté Seve, cheveux plus courts et silhouette de son mentor en plein swing tatouée sur la joue de Txema, tout est dit, rien à ajouter dans ce mythe de l’homme double qui fait causer depuis l’Antiquité…
Tout le monde connaît les tees métalliques, jolis trophées d’acier, édités par Hubert Privé. De plusieurs tailles, ils n’avaient pas encore été réunis ensemble dans une nouvelle œuvre. C’est désormais chose faite avec cette couronne posée sur un visage noir, aux yeux noirs d’où coulent sur les joues des larmes de sang. Qui mieux que Tiger Woods mérite cette couronne, celle du Roi du golf, lui qui a révolutionné le jeu en moins d’un quart de siècle, l’a fait entrer dans une nouvelle ère tant sportive que médiatique et financière. Tous ses dauphins lui en savent gré même s’il a dû céder son trône au fil du temps. Le sport a horreur du vide… Rappel à ses tenues dominicales de matador plantant ses banderilles sur les greens, les larmes de sang coulant sur ses joues évoquent aussi les affres qu’il a subies depuis plus de dix ans. Autant de blessures, de cicatrices, de points de suture, de vagues à l’âme, de plaies indélébiles rendant aussi le champion, le Roi, plus humain face à son palmarès hors du commun. On peut aussi voir dans ce visage rehaussé de cette couronne de tees aux lignes épurées, une interprétation christique moderne. Tiger se serait-t-il sacrifié pour notre rédemption ? Pas sûr même si le golf peut s’avérer une religion, n’en déplaise à Saint Andrews. Pour Hubert, c’est une passion, une folie d’après ses amis, qui peut prendre des proportions étonnantes. A l’heure où les religions engendrent des discordes radicales, il serait bon de ramener le jeu à sa juste valeur, un simple plaisir sans prise de tête ! Sans doute la vocation de cette œuvre poussant la symbolique à l’extrême, peut-être pour nous aider à réfléchir même si l’artiste demeure modeste dans ce sens.
Ce travail nouveau, fruit de l’isolement lié au contexte sanitaire, met en lumière certains aspects de la vie transposés au travers d’une partie de golf. La puissance, la force liée à la précision – indissociables en vue d’une belle carte -, la réflexion, l’originalité, la complémentarité sans quoi nous ne sommes pas grand chose, la douleur… La liste pourrait être longue, chacun saura la compléter à sa guise, au gré de ses interprétations, de son vécu. Une chose est sure, dans sa quête de réflexion, Hubert n’a pas fini de nous surprendre !
Ses nouvelles créations sur des visages, seront des œuvres originales produites en série limitée à huit exemplaires numérotés et quatre épreuves d’artiste (signées EA), en permettant l’acquisition à des prix abordables dans le cadre du marché de l’art contemporain.
Pour en savoir plus : https://hubert-prive.com