Posté le 18 juillet 2016 dans Arts & culture.
La Grande Expo : Jean Marquis un regard lumineux
Le photographe français né en 1926, passé chez Magnum et Time Life, présente une œuvre humaniste peignant les artistes, les politiques, la vie des rues et le monde du cinéma…
Le Salon de la Photo a depuis quelques années souhaité, à travers le travail de grands photographes, illustrer le monde fascinant de l’argentique. Avec Sabine Weiss, Raymond Cauchetier, Elliott Erwitt et Gianni Berengo Gardin le public a revisité ainsi certains chefs d’oeuvre photographiques du XXe siècle.
Cette année un autre photographe de la même génération que Sabine Weiss, Jean Marquis, célèbre ses 90 ans. Il a travaillé dès ses débuts à l’agence Magnum. Né en 1926 à Armentières dans le Nord, il a sillonné la France dans les années 1950 et 1960. Suivant d’abord le chemin de la photographie humaniste, il a pris par la suite de nouvelles directions et, dans une période de grands changements sociaux, s’est tourné vers une photographie plus contemplative en apportant une vision nouvelle sur la photo industrielle et le monde du travail.
Jean Marquis doit ses débuts en photographie à un personnage incontournable de la scène photographique internationale des années 1950 : Robert Capa, cousin de sa jeune épouse Susie. Ce dernier lui conseille de se perfectionner d’abord dans un laboratoire. Il entre alors à Pictorial Service chez Pierre Gassman où il y apprend tout du tirage en chambre noire. Il a aussi l’occasion de visionner les planches contacts de grands photographes, comme Cartier-Bresson et George Rodger ce qui lui permet de comprendre leur manière de traiter leurs sujets. Son reportage sur la Deûle, réalisé en se promenant en bicyclette le long des canaux du Nord, séduit Capa qui signe alors son entrée dans la grande et prestigieuse famille Magnum.
Armé d’un Leica acheté à Henri Cartier-Bresson, il commence sa carrière de photoreporter sans jamais laisser de côté sa recherche de sujets personnels. Il travaillera par la suite pour Time Life et le New York Times. Passionné par les lumières de nuit Jean Marquis montre très tôt sa maîtrise du grain et des temps de pose longs. Au cours de deux nuits à Liverpool en 1955, en allant à l’île de Man, il réalise plusieurs images d’une puissance étonnante : des scènes de port dans la pénombre des quais. De ses nombreux voyages en Corrèze, il rapporte par la suite des scènes d’une vie rurale aujourd’hui disparue. Une campagne où l’on fabrique le pain, où l’on taille encore des sabots et où l’on travaille encore aux champs comme au XIXe siècle. L’oeil presque cinématographique de Marquis caresse ces paysages avec l’éloquence d’un cadrage exceptionnel, appris auprès de ses maîtres Capa et Cartier-Bresson.
Jean Marquis a beaucoup photographié Paris. Il adorait marcher jour et nuit dans ce qu’il appelle le théâtre de la rue. La mode, les hommes politiques, les grandes manifestations, les anciennes Halles, les écrivains et artistes en vue, les courses de chevaux, le cinéma, tout est passé devant son objectif, à travers son regard tendre et une passion pour la lumière naturelle. Très influencé par la littérature et le théâtre, Jean Marquis est à l’aise quand il recrée en photographie les lieux où Louis Aragon a déambulé dans Paris avec Elsa Triolet, dans son livre « Il ne m’est Paris que d’Elsa » qu’ils publient ensemble en 1964 chez Laffont.
Quel que soit le sujet qu’il aborde Jean Marquis laisse rayonner, avec simplicité et retenue, son émotion et son empathie.
Le Salon de la Photo
du 10 au 14 novembre 2016
Porte de Versailles
Pour en savoir plus : www.lesalondelaphoto.com