Posté le 30 septembre 2020 dans Golfs.
Golf de Fontainebleau, rien que pour vos yeux
La forêt de Fontainebleau recèle depuis 1909 l’un des plus beaux golfs de France. Un parcours historique, magique et verdoyant, à jouer au moins une fois dans sa vie.
En posant fébrilement votre tee sur le trou n°1, le moment est unique. Forcément. Avec un brin d’imagination, vous sentez presque peser sur vos épaules le regard alangui par le poids des ans de Paul Tavernier. L’artiste peintre de la célèbre école de Barbizon a ajouté sa touche personnelle au club-house de style normand qui trône fièrement depuis plus d’un siècle au départ d’un de nos golfs les plus renommés. En toile de fond derrière le green, on aperçoit le sceau de cet écrin sculpté au cœur de la forêt de Fontainebleau : ces rochers (a)typiques que la mer aurait charrié, telle une offrande, il y a près d’un million d’années.
Tracé par Julien Chantepie en 1909, redessiné en 1920 par Tom Simpson, allongé et modifié en 1963 par Fred Hawtree, Fontainebleau est comme un grand crû que l’on savoure un sandwedge, à défaut d’un verre, à la main. C’est un des plus beaux golfs d’Europe (classé 5e du continent par Golf World) qui scintille presque à portée de drive de l’un des plus beaux châteaux de notre beau pays (lire ci-dessous). Une fresque, où les étroits fairways, les greens subtilement pentus et la forêt de pins, de bouleaux, de merisiers, de hêtres et de chênes exhibent un vert chatoyant. Lesquels contrastent délicieusement avec le violet des lilas au printemps et le pourpre des bruyères à l’orée de l’automne. Sans oublier le jaune pâle, à moins qu’il ne soit écru, des 103 bunkers qui pimentent un parcours de 6200 mètres qui sait se défendre. A Fontainebleau, il n’y pas d’obstacles d’eau, mais des taillis épais de bruyères, lilas, fougères et genêts qu’il convient d’éviter. « C’est un golf tout sauf monotone, on le joue une fois et on se rappelle de tous les trous », confie Jean-Paul Panié, « président du club depuis cinq ans, mais joueur depuis soixante ans », précise-t-il, le sourire en coin.
Le 3 et le 13 à couper le souffle
Le départ du 3 offre l’une des plus incroyables vues de l’hexagone. On se croirait immergé dans un tableau d’Albert Bierstadt, ce peintre romantique du XIXe siècle réputé pour magnifier des paysages naturels grandioses. Les gros frappeurs pourront même atteindre le green de ce par 5 en deux. A condition de ne pas sortir du cadre… Le bogey sur le long par 4 du 6 est presque vécu comme un soulagement tandis que le par 3 du 7 est le frère jumeau du splendide 2, du moins en terme de longueur (168 et 162 mètres). Le court par 5 du 12 est l’autre moment fort du parcours, avec ses rochers caractéristiques qui défendent l’avant-green et dont les ricochets impromptus peuvent refroidir les plus audacieux… ou donner le sourire aux plus chanceux. On raconte même qu’ils furent jadis à l’origine d’une brouille entre deux joueurs – l’un traitant l’autre de tricheur – qui s’acheva par un duel au pistolet en guise d’explication finale.
En se dirigeant vers le départ du 13, on se laisse volontiers subjuguer par le panorama exceptionnel et ce fairway verdoyant qu’embrasse une forêt à perte de vue. On flirte presque avec le 20/20 sur le plan visuel ici s’il n’y avait cet invité indésirable au loin, un immeuble de style « pompidolien » qui fait figure de cheveu sur la soupe. Le trois putts vous guette sur le green diabolique du 14 avant un nouveau challenge sur le coriace par 4 du 15 et son second trou à l’aveugle qui a de faux airs d’un autre célèbre n°15, celui de Cruden Bay au nord-est de l’Écosse. A Fontainebleau, l’Amen Corner se situe sur les trois derniers trous où tout est possible : le 16 vire à bâbord et exige précision et… précision tout le long, le green étant cerné par les bunkers ; le 17 est un court par 4 qui incite à sortir la grosse artillerie… à ses risques et périls : le 18 est un long par 4 protégé par de profonds bunkers et un green à double plateau, synonyme potentiel de double… bogey. Mais soyons clair : devant un tel parcours, le score paraît bien dérisoire.
Franck Crudo
QUE VISITER ?
À 2 minutes du golf en voiture, le château de Fontainebleau a accueilli la plupart des rois de France depuis François 1er, mais aussi Napoléon et Napoléon III. Outre son célèbre escalier en fer-à-cheval, ce monument historique classé au patrimoine mondial de l’Unesco abrite un musée consacré à l’Empereur, un théâtre d’époque et de magnifiques jardins à la française dessinés autour de l’étang aux Carpes et du Grand Canal.