Posté le 31 août 2018 dans Arts & culture.
Exposition Palpitations & Chuchotements
Du 8 novembre au 15 décembre 2018 se tiendra l’exposition ‘Palpitations & Chuchotements’ qui mettra en scène, dans l’hôtel particulier du 6, Mandel au Trocadéro, une trentaine d’œuvres de l’artiste aborigène Abie Loy Kemarre et du sculpteur Pierre Ribà.
Cette exposition est à l’initiative des galeristes Stéphane Jacob et Gilles Naudin, tous deux admiratifs du travail de ces artistes solaires.
Abie Loy Kemarre
Abie Loy Kemarre est née en 1972 au cœur du désert australien, à 275 kilomètres au nord-est d’Alice Springs.
Représentée par Arts d’Australie- Stéphane Jacob – www.artsdaustralie.com
Abie Loy Kemarre s’inspire des traditions ancestrales des Aborigènes qui consistent à raconter les légendes liées à leur territoire notamment par le biais de la peinture. Ses oeuvres s’articulent autour de quatre thématiques récurrentes : la Bush Leave (sa plante totémique), la Bush Hen (son animal totémique), les Awelye (les peintures corporelles de son clan) et les Sandhills (les dunes qui scandent son territoire).
Les moindres détails de ces épopées mythiques lui ont été enseignés depuis sa plus tendre enfance par le biais de chants et de danses pour finalement faire partie d’elle-même. Le regard fixe, comme en transe, Abie Loy fait ainsi jaillir peu à peu de la toile des formes retranscrivant son territoire ou dépeignant les éléments qui le composent.
Entre vision aérienne du paysage et plongée spectaculaire au cœur de la végétation, la peinture d’Abie Loy Kemarre est en mouvement perpétuel. Il s’en dégage une énergie vitale alternant entre le magnétisme hypnotique et vibratoire de ses feuilles du bush (Bush Leaves) et la vision sereine et cadastrale du territoire de la poule sauvage (Bush Hen).
L’artiste peint toujours à même le sol, assise en tailleur. Les contours sont posés délicatement, sans croquis préparatoire. Magie de l’acte créatif, avec un pinceau ou un simple bâtonnet plongé dans un godet de peinture, elle prend alors la goutte de peinture et l’étire, ou encore « pique » sa toile d’une multitude de points de plus en plus fins, répétant inlassablement ce geste dans une rythmique quasi musicale.
Ses toiles dans lesquelles le regard se perd sont bien plus que des œuvres abstraites, elles plongent le spectateur dans un monde onirique où l’abstraction confine au sacré.
Pierre Ribà
Pierre Ribà est né en Ardèche en 1934. Il expose depuis 1958.
Représenté par Gilles Naudin – Galerie GNG – www.galeriegng.com
Pierre Ribà ce ‘ramasseur de cartons’ quant à lui réalise des sculptures, – posées au sol ou fixées au mur – à partir de dessins préparatoires. Il découpe le carton cannelé à l’aide de cutters, il l’assemble, le colle, projette de la résine pour le durcir, la matière fragile se solidifie alors dans une poésie qui émerveille, un silence au-delà du temps présent. Pour les œuvres à patine noire, Ribà projette un mélange de graphite en poudre, pour les sculptures laissées à l’état brut de la cire d’abeille. Pour la patine blanche enfin, il utilise un mélange de blanc de titane et de cire liquide.
Les formes achevées laissent apparaître dans une libre inspiration de l’art des Cyclades, des visages, ou bien sans référence historique particulière, des mégalithes et des origamis. Né en Ardèche, son travail très minéral doit certainement son inspiration aux paysages volcaniques et aux reliefs schisteux de son enfance.
« On peut rêver, imaginer, avec Pierre Ribà tant la beauté et le mystère qui se dégage de ces sculptures permet de se projeter dans l’univers que l’on se choisit » Jérôme Clément
Si rien ne prédisposait ces deux artistes à exposer un jour ensemble, leurs œuvres se côtoieront pendant plus d’un mois au 6, Mandel. Elles ont cela en commun de puiser leur force dans les origines du monde, le magma en fusion que Ribà dompte, la vibration de la terre qu’Abie peint.