Posté le 26 septembre 2018 dans Evasion, Golfs, Voyages & Golfs.
Corse et Sardaigne : luxe, golf et volupté
Les deux îles de Méditerranée, la Corse et la Sardaigne, séparées par seulement 50 minutes de ferry, abritent quelques-uns des plus beaux parcours et paysages du Vieux Continent. L’occasion d’en prendre plein la vue à Murtoli et Sperone, sur l’île de Beauté, ou encore de suivre les traces de James Bond sur la Costa Smeralda, au Pevero. En voiture pour un road-trip golfique unique.
Murtoli, un écrin sauvage
Situé à 1h45 au sud d’Ajaccio (et à 25 minutes de l’aéroport de Figari), Murtoli est la mise en bouche idéale pour entamer votre périple golfique et vous mettre en appétit. Blotti dans un domaine de 2500 hectares aussi magique que sauvage – la route du golf n’est ni indiquée ni goudronnée -, ce 9 trous vallonné pourrait servir de modèle à une peinture de Gustave Courbet. Entre mer et montagne, le paysage somptueux sert de cadre à ce par 34 court mais technique, qui se transforme même en 12 trous le dimanche.
« Le parcours se défend car les joueurs n’ont jamais les pieds à plat. Mais nous allons rendre les roughs plus épais pour le durcir un peu », explique Frédéric Abadie, responsable du golf et ancien joueur du Challenge Tour. Dessiné par Kyle Phillips – l’architecte qui a remodelé Mortefontaine et façonné Kingsbarns en Ecosse -, le parcours épouse les ondulations du paysage, à l’instar des premiers golfs du XVIIIe siècle, terrains de jeu des bergers écossais. Une expérience unique, qui pourrait même se vivre un jour sur 18 trous. « Mais pas avant quatre-cinq ans », dixit Frédéric Abadie.
Le soir, vous pouvez déguster les produits locaux et la cuisine corse du chef étoilé Mathieu Pacaud à la Table de la Ferme, ou opter pour un dîner au coin du feu dans le spectaculaire restaurant de la Grotte, niché au sein d’une cavité à flanc de montagne. Avant de passer la nuit dans une des luxueuses maisons de maître ou bergeries du domaine*.
Is Arenas, le calme de la pinède
Le lendemain, cap sur Bonifacio, à 45 minutes de route. Le ferry** vous dépose en 50 minutes sur l’île voisine de Sardaigne, qui s’est détachée avec la Corse de la Provence il y a environ 15 millions d’années. Une fois arrivé à bon port, celui de Santa Teresa di Gallura en l’occurrence, prenez la direction de la côte ouest vers le golf d’Is Arenas, près de Narbolia, à 2h45 de route. Au cœur d’une forêt de pinède plantée sur de vastes dunes au lendemain de la guerre, avec l’aide du plan Marshall, le parcours est l’œuvre du célèbre architecte américain Robert Van Hagge.
A quelques hectomètres seulement de la Méditerranée, ce 18 trous étroit est aussi magnifiquement entretenu que difficile à scorer, comme en témoigne le record du parcours (70 sur ce par 72 !). Prévoir quelques munitions de rechange avant de se lancer à l’assaut de la bête. Le trou signature n°17, un long dodleg gauche en contrebas défendu par une armada de bunkers, vous donnera quelques sueurs froides sur un site qui bénéficie pourtant d’un climat très clément toute l’année, puisque le thermomètre descend rarement en dessous de 10 °C. Le parcours étant peu fréquenté, même en haute-saison, Is Arenas permet de jouer au golf en toute tranquillité, en communion avec la nature environnante. Un vrai plus.
Il est également possible de loger dans une des foresterias ou villas*** du domaine attenant au golf. Et de goûter au clair de lune à la cuisine sarde préparée par des chefs aux petits soins pour vous dans un petit restaurant cosy, limité à quelques couverts. Un véritable festin, on a testé pour vous !
Tanka, la classe verte
Après une escale à Cagliari (à 1 h de route), la capitale aux ruelles pentues avec sa citadelle et sa cathédrale de style romano-pisan construite au XIIIe siècle, rendez-vous vers la pointe sud-est de l’île. A Villasimius, le jeune (11 ans) Tanka Golf est une excellente surprise et une petite merveille, dessinée sur une colline avec une vue majestueuse sur la mer. Entre deux swings, il est très tentant de prendre de nombreuses photos, tant le panorama est à couper le souffle. « C’est un oasis, un golf entièrement naturel, vous jouez en compagnie des lapins et des renards, souligne Richard Cau, le directeur. Vous n’avez pas de constructions, pas d’hôtel ou de maisons sur le golf. »
Ce parcours parfois très escarpé et essentiellement touristique, puisqu’il y a très peu de joueurs locaux, est une mise au vert à tous les niveaux. Par son aspect verdoyant, le bermuda grass étant ici à l’honneur. Mais aussi parce que le site est soumis à des normes écologiques très strictes et n’utilise aucun engrais chimique. « C’est l’avenir du golf », estime d’ailleurs Richard Cau. Un parcours qui vaut assurément le détour.
Pevero, rien que pour vos yeux
Direction le nord-est de l’île et la Costa Smeralda (3h de route) avec une halte à mi-parcours du côté d’Orgoloso, ce petite village typique de moyenne altitude célèbre pour ses fresques murales (on en dénombre près de 400). A Porto Cervo, le Pevero Golf est l’un des plus beaux parcours d’Europe, édifié en 1972 par Robert Trent Jones. « C’est une expérience incroyable pour les yeux, dans la plus belle partie de la Sardaigne », observe son directeur, Marco Berio. Lequel met aussi en avant le challenge que constitue le parcours. En 1978, le Sud-Africain Dan Hayes avait remporté l’Open d’Italie, sur le Pevero, avec un score final digne de l’US Open : +5 !
Au départ du trou 16, une plaque rend hommage à James Bond. A quelques centaines de mètres en contrebas, le palace du Cala Di Volpe (comptez près de 40 euros pour un cocktail sans alcool !) a en effet accueilli plusieurs scènes de L’Espion qui m’aimait, tournées à l’été 1976. La route côtière qui mène au golf a d’ailleurs été le cadre de l’une des plus mythiques poursuites en voiture de l’histoire du cinéma, avec la Lotus Esprit amphibie conduite par Roger Moore :
Et c’est sur la plage de Romazzino, non loin du trou 14, que le bolide sort de l’eau devant des baigneurs médusés.
Sperone pour le dessert
Le temps de se remettre de ses émotions et de rengainer ses clubs, il est temps de reprendre le ferry vers Bonifacio. Cette étonnante cité millénaire, construite sur des falaises de calcaire, est assurément l’un des plus beaux joyaux de la Corse. Et comme il n’y a pas que le practice dans la vie, les 187 marches de l’escalier du roi Aragon, creusées dans une écore en bord de mer, sont l’occasion d’un échauffement atypique avant de découvrir un autre bijou, golfique cette fois-ci : Sperone.
Le golf abrite une flore et une faune très variée, ainsi qu’un 18 trous qui l’est tout autant. Inland, vallonné et links, le parcours n’offre jamais le même visage, sculpté en 1990 par Robert Trent Jones Sr. Le retour est carrément époustouflant, avec la Méditerranée qui s’invite à la partie. Pour que votre carte de score – déjà secouée par le mistral souvent présent sur la pointe sud de la Corse – reste présentable au club-house, il faut survoler la mer à cinq reprises, sans encombres. Le trou signature, le 16, fait même partie des 18 trous de rêve du continent européen selon l’ouvrage britannique « Europe Elite 1000 ».
« Grâce à la présence du golf, Bonifacio n’est plus seulement une destination touristique, » souligne la directrice, Ariane Buzzo. « Le parcours est en plus très agréable à jouer quelle que soit la saison. On est souvent en polo en plein hiver, c’est l’endroit idéal pour venir passer un week-end sans rester des heures dans l’avion. »
Sperone propose un partenariat avec une petite dizaine d’hôtels de luxe des environs, parmi lesquels le Cala di Greco****. Classé n°1 sur Trip Advisor à Bonifacio, ce charmant boutique-hôtel, qui dispose notamment de 10 minis villas parfaitement insonorisées, est un havre de paix offrant une vue magnifique sur les hauteurs de la cité. Le thème de l’hôtel étant inspiré par la Grèce antique, chacune des chambres est baptisée d’un nom célèbre dans la mythologie. Comment écrit-on « luxe, golf et volupté » en grec, en corse et en italien ?
Franck Crudo
**** https://www.hotel-caladigreco.com/
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