Amateurs de greens ET de littérature, ne passez pas à côté de cette pépite historique, interprétation toute particulière des règles, des parcours et des « accidents » du terrain !

La collection Jean Ray chez Alma éditeur offre la première édition originale et intégrale des romans, contes et récits du « maître des effrayants vertiges », avec l’accord des ayants droits.

Raymond Jean Marie De Kremer (1887-1964) adopte en 1912 le pseudonyme de Jean Ray. Collaborateur de très nombreux journaux, il a publié, dans tous les genres, quelques 6500 textes au long de sa carrière. Mais c’est dans ceux des récits policiers et des contes fantastiques où la morts rôde à chaque page qu’il excellera.

C’est en décembre 1952 que Jean Ray, traversant de graves difficultés, commence sa collaboration avec la revue Golf. Comme souvent, il y est poussé pour des raisons prosaïquement alimentaires : malgré le succès de La cité de l’indicible peur et de Malpertuis, quelques années plus tôt, l’écrivain est toujours en mal d’argent. La fortune que connaît alors P. G. Wodehouse (l’auteur de Jeeves) dans les pays anglo-saxons lui a donné des idées, d’autant plus qu’il n’existe pas d’auteur « golfique » de cet acabit parti les écrivains de langue française.

Mais Jean Ray n’en reste pas moins Jean Ray. Son solide sens de l’humour – comme en témoignent ses contes les plus noirs – se manifeste d’emblée dans le petit monde des greens et des club houses. Il prend plaisir à s’inspirer d’un mystérieux Code du jeu de golf pour en tirer une interprétation toute particulière des règles, des parcours et des « accidents » du terrain – mot qu’il faut bien sûr entendre à double sens.

Pour parler des joueurs et de leur univers « il faut suivre, écrit-il, la méthode des auteurs qui fouillent l’état-civil de leurs personnages jusque dans les anciens registres de sacristie, décrivent les fauteuils où ils font leur somme, et les paysages formant cadre à leurs petits chiens au cours de leurs vagabondages ». Et dans les sacristies du golf se cachent, évidemment quelques diables : du caddie au bénitier, et inversement, il n’y a qu’un pas. Les titres de ces récits maléfiques, cruels et truculents valent à eux seuls programme : Le mystère du Dip Club, La balle de l’Engoulevent, Le septième trou… À quoi s’ajoutent des parodies de Jean de La Fontaine et de prétendues « vieilles chansons golfiques » qui feront les délices des amateurs de pastiche.

Avec lui, le vert paradis des greens devient une scène de crime où s’assouvissent vengeances et haines confites ; où les balles cachent, sous leurs blanches rondeurs, des sortilèges immondes ; où déferlent les horreurs surgies des confins des temps.

Il n’est jusqu’au bar select du club qui prend soudain des allures de tavernes borgnes. Là s’échangent les plus sombres souvenirs, tandis qu’au vestiaire s’accumule un bric-à-brac gothique.

Chez Jean Ray, les links frôlent l’abîme et toute balle, un jour ou l’autre, s’égare en enfer.

L’auteur

Né et mort à Gand (1887-1964), Raymond Jean De Kremer, dit « Jean Ray », s’inscrit dans la lignée  de Hoffmann, Poe et Lovecraft. Maître du « réalisme panique », ce flamingant s’est imposé par sa connaissance confondante des possibilités de la langue française.

Informations pratiques

En librairie le 14 juin
18 €
280 pages
ISBN : 978-2-36279-273-1