A 20 ans, Candice Mahé est l’une de nos grandes espoirs. Victorieuse du Spirit International Amateur Championship avec l’équipe de France en 2019, elle évolue depuis cette année dans le championnat universitaire américain.

Candice Mahé : « J’adore jouer les compétitions par équipe »

Candice Mahé – photo Alexis Orloff

 

Bonjour Candice. Vous avez intégré l’université de Géorgie en janvier dernier. Comment se passent vos journées là-bas et qu’étudiez-vous ?

Un jour sur deux, je commence à 5h30 du matin, avec une séance de musculation jusqu’à 7h. Puis on a golf le matin et les cours l’après-midi ou inversement. Actuellement, j’étudie la finance et le marketing mais je vais peut-être changer car je suis intéressée par la science politique et les relations internationales, d’autant que je parle le français, l’anglais et l’espagnol.

L’université américaine, c’est un passage obligé désormais pour une jeune golfeuse française de haut niveau ?

C’est vrai que c’est une expérience de malade et une autre dimension les Etats-Unis quand on veut concilier les études et le sport de haut niveau. En France, c’est moins évident et le golf n’est pas considéré de la même manière. Quand tu dis que tu joues au golf à l’université, tu inspires le respect chez les Américains alors qu’en France, c’est un peu différent (rires). Et puis en terme d’infrastructure, tout est démesuré là-bas, tout est conçu pour les athlètes. J’ai même pu jouer sur le parcours d’Augusta, où je disputerai le National Women’s Amateur en 2021, une semaine avant Tiger Woods et les autres.

Vous avez eu la chance de jouer à Augusta !

Oui, les dénivelés sont vraiment impressionnants, on ne s’en rend pas compte à la télé. La profondeur des bunkers aussi…

Comment s’est passée votre acclimatation aux Etats-Unis ?

Au début, c’était compliqué, je sortais tout juste des pôles en France. Golfiquement, j’ai eu beaucoup de mal, j’ai beaucoup galéré avec mon jeu, j’ai perdu confiance, je ne sais pas comment l’expliquer. Je suis tout de même l’une des deux joueuses de l’université à avoir disputé toutes les compètes, même si je n’ai pas eu les résultats espérés.

Jusqu’à présent, quel est le meilleur souvenir de votre carrière si l’on ose dire puisque vous n’avez encore que 20 ans ?

J’adore jouer les compétitions par équipe donc forcément je dirais le Spirit (en 2019, Candice décroche la médaille d’or avec la France et l’argent en individuel lors du Spirit International Amateur Championship à Whispering Pines, au Texas). Avec Pauline (Roussin-Bouchard), Adrien Pendaries et Julien Sale, tout s’est parfaitement goupillé, d’autant qu’on ne partait pas forcément favoris face à des équipes comme la Chine ou la Corée. Sinon, j’ai aussi adoré être dans les cordes pendant la Ryder Cup au Golf National.

Il paraît que vous avez même joué quelques trous avec Jim Furyk avant l’événement… ?

Oui, j’étais élève au sport-étude de Châtenay-Malabry et je reçois un mail de la fédération pour me dire que je suis invitée à un événement avec Jim Furyk et Thomas Bjorn. Moi, je pensais au départ que c’était une démo à laquelle j’allais assister, pas que je devais jouer ! Je suis contente de ne pas l’avoir su avant sinon j’aurais stressé (rires) ! En fait, j’ai fait partie de l’équipe coachée par Jim Furyk avec Pierre Pineau, Evangéline Prevot et Clément Charmasson.

Furyk vous a donné quelques conseils ?

Oui, je me souviens notamment lui avoir posé une question sur un chip, car avant j’avais tendance à privilégier le putter quand je n’étais pas sûre. Maintenant, j’ai moins de problème à sortir le sandwedge dans ce genre de situation.

Et votre pire souvenir ?

Il y en a eu beaucoup (rires). Je me souviens notamment des Internationaux du Portugal à West Cliff en 2017 je crois, où la météo était épouvantable. J’avais explosé le score, mais pas dans le bon sens du terme. La gagnante avait terminé à +8 cette année-là.

Quels sont vos objectifs pour la saison 2021 ?

Essayer de faire trois ou quatre top 10 et rejouer un peu pour la gagne.

Et votre rêve ultime ?

Gagner Evian, c’est un peu le rêve de toutes les golfeuses françaises.

Quels sont vos points forts et vos points faibles au golf ?

C’est bizarre mais j’ai un peu l’impression que mes forces sont devenues mes faiblesses et inversement. Le mental était jusqu’à présent l’un de mes points forts, j’ai toujours été très déterminée sur un parcours et mon jeu de fer était très bon, mais j’ai l’impression que cela s’est détérioré cette année. A l’inverse, mon chipping était un point faible mais j’ai raté beaucoup de greens cette saison, je me suis retrouvée un peu partout, sur la route, dans les buissons… du coup, j’ai fait tellement de chips que j’ai bien progressé à ce niveau-là (rires).

Lorsque vous avez un putt sous pression à jouer, comment l’abordez-vous ?

J’ai vécu ce genre de situation quand j’ai gagné en Espagne (le Spanish International Ladies Amateur Championship en 2019). Au 18 le dernier jour, j’ai un putt de 2-3 mètres gauche-droite en descente à rentrer pour pouvoir disputer le play-off et je l’ai fait. En play-off, j’étais face à Alessia Nobilio, qui est une copine, et on a chacune 5 mètres pour birdie. Elle rentre son putt et je parviens à mettre le mien puis à m’imposer au 22e trou. Quand je n’ai pas le choix, je me mets dans ma bulle, j’essaie de faire le vide dans ma tête, je regarde deux fois les pentes si nécessaire, je me concentre sur ma respiration, je donne tout ce que je peux en amont.

Votre meilleur score ?

-7 au Grand Prix de Ploemeur en juillet dernier (pour son premier tournoi post-confinement, Candice l’emporte avec 12 points d’avance).

Vous avez déjà réussi un trou en un ?

J’ai fait le premier l’été dernier à la fac ! On a disputé une mini Ryder Cup et en compète par équipe, j’ai tendance à hausser mon niveau de jeu, je n’ai pas le même état d’esprit qu’en individuel. En match-play, j’étais 4 down avant de réussir un trou en un au 13 puis de faire birdie du 15 au 18 pour gagner mon match.

Y a-t-il une joueuse ou un joueur que vous admirez ?

Chez les hommes, je dirais Tiger Woods pour tout ce qu’il a créé autour du golf. Le golf, c’est Tiger Woods ! Chez les femmes, j’aime beaucoup ce que fait Nelly Korda. J’ai partagé une partie avec elle sur le LET, lors du Lacoste Ladies Open en 2019. Elle est très impressionnante, notamment au niveau de la puissance.

Quel est le défaut le plus courant chez les amateurs selon vous ?

Dans leur swing, il n’y a pas beaucoup de rotation et le rythme est souvent trop rapide je trouve.

En dehors du golf, quel est votre passe-temps favori ?

J’aime les études et voir des amies pour faire les magasins, je suis très fille pour ça (rires).

Propos recueillis par Franck Crudo

https://www.ffgolf.org/Actus/Pro/Recording/Recording-Candice-Mahe