Posté le 18 mai 2015 dans Actualité.
Open d’Espagne : Morrison revit… et viva Espana
En parlant de titre, l’anglais semble particulièrement apprécier la péninsule ibérique, lui qui n’avait jusqu’à présent soulevé qu’un seul trophée sur le circuit européen. C’était en 2010 sur l’île portugaise de Madère. Une vraie renaissance pour un joueur qui, ces derniers mois, passait laborieusement un cut sur deux. Grâce à une dernière carte vierge de tout bogey et un score total de -10, le natif de Chertsey, 296e mondial, devance au final de quatre coups un quatuor composé de deux joueurs de Ryder Cup (Miguel Angel Jimenez et Francesco Molinari), d’un jeune espoir Argentin (Emiliano Grillo) et de notre Edouard Espana national.
A 25 ans, le Bordelais dispose d’un petit jeu et d’un putting extrêmement solide, à l’image de cette ficelle d’une bonne dizaine de mètres sur le trou n°3 pour sauver le par lors du dernier tour. Mais Espana s’est aussi montré régulier au driving avec une trajectoire bien plus basse que la moyenne. Ce qui peut s’avèrer utile lorsque le vent se lève soudainement, comme ce fut le cas dimanche après-midi en Catalogne. Il s’est même payé le luxe de manquer d’un rien l’eagle au trou n°18, un par 5, ce qui lui aurait assuré seul la deuxième place du podium. Edouard devrait toutefois facilement s’en remettre, lui qui signe sur le parcours d’El Prat le meilleur résultat de sa jeune carrière. Deuxième en Espagne, en compagnie de Miguel Angel Jimenez, on a connu plus infamant….
L’homme au catogan et à la panse bien remplie, tenant du titre, a une nouvelle fois fait frissonner ses nombreux supporters. Il fallait vraiment assister à son arrivée presque théâtrale, tel un torero dans l’arène, lors de son apparition au tee de départ. Les précédentes parties n’avaient jusqu’alors été accueillies que par un poignée de spectateurs, applaudissant timidement et mécaniquement à l’annonce de chaque joueur. Mais cette fois-ci, ce sont plusieurs centaines de personnes qui attendaient et acclamaient Miguel Angel, le port toujours aussi altier. Décontracté, l’Espagnol sortait même son téléphone portable et photographiait l’assistance en mode panoramique, provoquant l’hilarité générale. Avant de lancer, bravache: « Vous voyez, maintenant j’éteins et je range mon portable, hein !». Nouveaux rires du public, lequel aura sans doute compris la leçon.
Mais après les « olé, olé, olé » de la foule, ce sont surtout des « aïe, aïe, aïe » que Jimenez allait entendre. En cause un premier drive en draw, limite hooké, qui terminait dans le bunker de gauche.
Il y avait au moins autant de monde pour assister, quelques minutes après, au premier coup de l’autre chouchou du public : Sergio Garcia. Autre star, autre style. Beaucoup plus tendu que son aîné, l’ex-n°1 mondial, tête baissée, demandait même au public de ne pas prendre de photos, d’un ton quelque peu pincé. On croyait de surcroît revenir plus de dix ans en arrière, lorsque Sergio semblait chercher la bonne prise pendant près d’une minute avant d’armer son drive.. Autre style mais cette fois même résultat qu’avec Miguel, puisque la balle tournait aussitôt vers la gauche en direction du bunker. La star, qui avait la veille amorcé une remontée fantastique au leaderboard en signant la meilleure carte de la journée, terminera le tournoi à une décevante (selon ses standards) 22e place. Un haut de leaderboard sur lequel on pouvait lire, presque à la suite, les noms de Kiefer, Edberg, Carlsson ou encore Gonzalez. Pour un peu, on se serait cru à un tournoi de tennis des années 90. Il paraît d’ailleurs qu’à ce jeu, les Espagnols se débrouillent pas mal non plus…
Franck Crudo