La joueuse amateur de 21 ans, qui évolue à l’Université du Texas, a enchaîné les victoires en Europe lors des dernières semaines d’une saison pas comme les autres. Interview.

Agathe Laisné, à l'université du Texas

Bonjour Agathe ! Depuis début 2017, vous étudiez la finance à l’université du Texas et jouez dans le championnat universitaire. Vous vous êtes facilement adaptée à la vie américaine?

Au début, c’était dur, j’avais du mal. Le soir, je rentrais chez moi et ma famille, mes parents me manquaient forcément, je ne dînais plus avec eux. Le rythme des journées est très soutenu en plus, il faut beaucoup travailler à l’école, il y a la gym tôt le matin, le golf… C’est devenu plus facile pour moi à partir de la deuxième année grâce notamment à mes « teammates », qui sont devenues mes amies.

La France vous manque-t-elle parfois ?

Pas trop cette année car avec la crise sanitaire, j’ai été huit mois en France (rires). C’est vrai que la bouffe aux Etats-Unis n’est pas très saine, mais en même temps les Texans sont très sympas…

Vous avez croisé JR ?

Qui ?

JR, le méchant dans « Dallas ». C’était une série américaine qui cartonnait dans les années 80 et… bon bref, peu importe. Sinon, vous avez l’occasion de croiser parfois le fer avec Céline Boutier, qui s’entraîne elle aussi au Texas ?

Pas vraiment, parce qu’elle est à Dallas justement et moi à Austin (rires)…

Entre fin août et fin octobre, vous avez enchaîné quatre victoires* dont deux sur le LETAS, mais aussi une 3e et une 4e place. Comment expliquez-vous cette très belle fin de saison ? Vous pensez avoir franchi un palier ?

Je n’ai pas l’impression d’avoir franchi un palier. J’ai juste beaucoup travaillé avec mon coach Vincent Loustaud. Au début on a revu quelques points spécifiques du swing, puis on a travaillé sur les trajectoires de balle et enfin le petit jeu. C’est un travail général qu’on a fait.

Fin septembre, au Lavaux Ladies Open en Suisse, vous remontez un retard de 7 coups puis gagnez un play-off à trois face à la Slovène Pia Babnik et votre compatriote Agathe Sauzon. Vous rentrez un putt de plus de 5 mètres pour birdie qui vous donne la victoire. Que se passe-t-il dans votre tête avant ce fameux putt ?

J’avais eu le même à jouer peu avant sur le 18 pour pouvoir disputer le play-off, même s’il était plus court, environ 3 mètres 50. J’ai juste essayé de visualiser la pente, que je connaissais. J’étais quand même stressée, le putter tremblait mais c’est tout de même rentré.

La météo était très mauvaise ce jour-là. Il paraît que vous aimez jouer dans ces conditions extrêmes…

Oui, j’aime beaucoup quand il y a de la pluie ou du vent. Je sais que la moitié du champ de joueuses déteste cela, du coup j’en profite.

Justement, fin octobre à Santander en Espagne, vous décrochez votre second tournoi sur le LETAS sans jouer les derniers trous, à cause de la météo…

Il a beaucoup plu le dernier jour et les greens n’absorbaient plus l’eau. Les parties ont été arrêtées et quand on a repris, le brouillard est tout de suite tombé et le dernier tour a été annulé. Comme j’étais en tête, j’ai gagné. Forcément, le sentiment est différent, c’est toujours plus sympa de gagner sur un putt et il y avait plus de joie à Lavaux. Mais j’étais quand même contente de soulever le trophée.

Quel est votre meilleur souvenir de golfeuse jusqu’à présent ?

Avoir disputé l’Arnold Palmer Cup International (à Orlando en 2019). C’est une compétition où il y a 12 filles et 12 garçons du championnat universitaire américain, avec l’Amérique contre le reste du monde. C’est toujours sympa de faire équipe avec des joueuses que l’on affronte le reste de l’année en championnat. Le golf est un sport individuel et moi j’aime bien partager, rigoler… C’est pour cela que j’adore jouer en équipe.

On vous voit même serrer la main de l’ancien président Bill Clinton à cette occasion…**

Oui, mais je n’étais pas née quand il était président (rires). Et on n’a pas vraiment discuté, il m’a juste serrée la main et félicitée.

L’an dernier, vous avez aussi eu la chance de jouer l’Augusta National Women’s Amateur, sur un parcours qui fait rêver tous les golfeurs. Cela devait être une sacré expérience…

Ce golf est incroyable. Tout est parfait, même le trottoir pour les piétons, il n’y a pas un brin d’herbe qui dépasse, les caddies sont chics avec leur tenue toute blanche. Il y a le club house aussi… Le parcours monte et descend partout et les greens sont vraiment très très rapides. C’était magnifique, une très belle expérience.

Vous vous souvenez avoir déjà joué sur des greens aussi difficiles ?

Non, à part Evian peut-être.

Quel est votre objectif l’an prochain et votre rêve de golfeuse ?

Mon objectif, c’est de passer pro et de jouer les cartes du LPGA en 2021. Mais mon rêve, ce serait de rencontrer Tiger Woods. J’adore sa façon de jouer et ce qu’il représente.

Avez-vous déjà réussi un trou en un ?

J’en ai fait un il y a huit mois lors du dernier tournoi de fac, en Caroline du Sud. Pour contrer le vent gauche-droite, j’ai voulu jouer en draw et la balle a fait exactement ce que je voulais. C’était vraiment sympa de la voir rouler dans le trou et de célébrer cela avec les autres.

En dehors du golf, quels sont vos centres d’intérêts ?

J’aime beaucoup rigoler avec mes amis ou pratiquer d’autres sports comme le volley, le tennis ou le badminton.

Propos recueillis par Franck Crudo

* Le Grand Prix du Médoc et le Grand Prix de Saint-Germain, puis le Lavaux Ladies Open (Suisse) et le Santander Golf Tour Lauro (Espagne) comptant pour le LETAS.

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