Posté le 16 octobre 2020 dans Actualité.
Stéphanie Arricau : « J’ai réussi un trou en un lors de l’épreuve de golf du bac »
Elle est l’une des quatre joueuses tricolores à avoir remporté l’Open de France, en 2004. Pour Swing Féminin, Stéphanie Arricau revient sur sa belle carrière. Interview.
Bonjour Stéphanie, que devenez-vous ?
Récemment, j’étais encore entraîneur fédéral au Pôle espoir de Toulouse, mais celui-ci a fermé définitivement ses portes cet été car Pascal Grizot voulait centraliser les deux centres d’entraînement nationaux à Terre Blanche et au Golf National. J’assiste désormais Benoît Ducoulombier, qui était mon entraîneur, au golf de Saint-Donat* (Alpes-Maritimes). J’y suis une semaine sur deux. Je m’occupe aussi de la préparation mentale des jeunes de plusieurs ligues. C’est un sujet qui me passionne. Avec le même swing et le même physique, on est capable du meilleur comme du pire.
Pour quelles raisons aviez-vous mis un terme à votre carrière, fin 2008, alors que deux ans auparavant vous aviez encore gagné deux tournois sur le circuit européen ?
J’avais du mal à me refixer des objectifs et la question de la maternité commençait à se poser. Les filles devenaient aussi de plus en plus sportives et comme je n’étais pas très athlétique, je commençais à prendre des mètres, cela me coûtait.
Vous avez été championne de France, avez été élue golfeuse européenne de l’année en 2004 et avez remporté quatre tournois sur le circuit européen, dont le Lacoste Ladies Open. Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
(Elle réfléchit) Je me souviens du putt de ma victoire aux Pays-Bas, en 2006. Un putt de 2 mètres, droite-gauche. Si je le rentrais, je gagnais. J’ai dit à mon caddie, qui était un pro local, que cela faisait vingt ans que je m’entraînais sur le putting green pour rentrer ce genre de putts. Je vois encore la balle rouler, puis disparaître. C’était une émotion très forte.
Et le Lacoste Ladies Open ? Vous êtes l’une des quatre Françaises, avec Céline Herbin, Patricia Meunier-Lebouc et Marie-Laure de Lorenzi, à avoir remporté l’Open national…
C’est différent. Le dernier jour, je devais avoir deux ou trois points de retard sur la tête et je me trouvais dans l’antépénultième partie. J’avais très bien joué, signé ma carte, puis j’avais attendu dans un Algeco que toutes les parties se finissent. L’émotion n’était pas la même car la victoire ne dépendait pas de moi.
Et votre pire souvenir ?
Un moment m’est resté. C’était en Allemagne à mes débuts, en 2001 ou en 2002. A Hanovre je crois. Mon hôtel et les restos étaient pourris, c’était moche, il y avait des pylônes électriques partout et… j’avais raté le cut d’un point. Je me souviens avoir balancé mes chaussures dans ma chambre. Je me demandais ce que je foutais là, j’avais presque envie de pleurer.
Quel souvenir gardez-vous du circuit LPGA, où vous avez tenté votre chance en 2005 ?
Le souvenir de parcours très bien préparés et d’un public averti et très présent. Les gens demandaient des gants, des autographes aux joueuses, sans que ce soit forcément des stars. Pour moi, c’était une vie monotone, avec les mêmes restos, les mêmes hôtels. N’ayant pas fait de fac là-bas, je ne connaissais pas grand monde, à part le père de mon fils, qui m’accompagnait alors. La mentalité n’était pas la même non plus. Aux Etats-Unis, c’est l’esprit de compétition qui règne, on était au coude-à-coude même pour s’entraîner sur le putting green, alors qu’en Europe, c’était plus léger, plus amical.
Quel était votre point fort et votre point faible ?
J’aimais beaucoup le wedging, que ce soit mon 52 ou mon wedge, et aussi les trajectoires. J’aimais jouer avec les effets, chercher les drapeaux dans les coins des greens. Du coup, je me débrouillais bien quand il y avait du vent. Quand je gagne l’Open du Portugal, à Cascais en 2006, je rends une carte de 65 le dernier jour sous la tempête, le meilleur score de ma carrière ! Après, mon point fort est lié à mon point faible. Je me débrouillais bien avec le wedging car avec mon petit gabarit, je n’était pas très long au drive. C’était difficile pour moi d’atteindre les par 5 en deux. A la fin de ma carrière, c’est limite si je ne devais pas jouer un fer 9 au troisième coup. Cela a également joué dans ma décision de ranger mes clubs.
Vous avez déjà fait un trou en un ?
J’en ai fait plusieurs, mais je suis incapable de savoir combien précisément. (Elle réfléchit) Peut-être sept… Une fois, c’était le jour du bac, en passant l’épreuve du golf. La prof de gym, qui était la maman d’Arnaud Tillous (notre confrère directeur de la rédaction du Journal du Golf), ne savait pas quelle note me donner. Bon, elle m’a quand même mis 20/20 au final (rires). Une autre fois aussi, sur un très beau parcours en Irlande dont j’ai oublié le nom, j’ai réussi un trou en un sur le 6… alors qu’il y avait une voiture à gagner sur le 17.
Y a-t-il une joueuse que vous admiriez ?
Annika Sörenstam. Elle a fait beaucoup pour le golf féminin. J’admirais son état d’esprit, pour elle rien n’était impossible, même un score de 54. J’ai eu la chance de partager quelques parties avec elle, dont le deuxième jour à Evian en 2004. Je m’étais bien accrochée jusqu’au par 3 du 15, où je fais deux sorties de bunker et double bogey. Elle s’est échappée et je ne l’ai plus revu, c’était un monstre.
Quel est le parcours qui vous a le plus marqué au cours de votre carrière ?
Celui qui m’a beaucoup marqué, c’est le Royal Melbourne. Un links, mais avec la végétation des pays chaud, de l’eucalyptus… un vrai bijou. C’est là qu’ils ont disputé la President Cup il n’y a pas si longtemps (en décembre 2019). Les installations sont fabuleuses, j’avais tapé des balles de practice jusqu’à la nuit alors que j’étais en fin de carrière. Je me souviens également du Pro-Am, que j’avais joué avec des membres du Comité directeur du golf. Et là, je les vois rouler sur le green avec leur chariot. Je n’avais jamais vu ça, cela m’avait choqué ! Ils m’ont dit que les greens avaient été façonné pour qu’on puisse rouler dessus.
En parlant de Pro-Am, quel est le défaut le plus courant chez les amateurs selon vous ?
Pour les hommes, c’est simple. Comme en Pro-Am on partait des mêmes boules, ils essayaient tous de m’overdriver (rires). Je me souviens d’un gars qui avait tout donné pendant 18 trous, mais n’avait jamais réussi à me dépasser et était parti frustré. Benoît Ducoulombier, qui était présent ce jour-là, l’avait chambré d’ailleurs. Chez les dames, j’ai remarqué qu’elles ont du mal à lever la balle sur les approches.
Propos recueillis par Franck Crudo
*https://golfsaintdonatgolfacademy.fr saintdonat.com/
Et bientôt en ligne : www.stéphaniearricau.com