Posté le 27 mars 2019 dans Actualité.
Entretien avec Jean-Lou Charon : « Le nombre de licences repart à la hausse chez les jeunes »
Comme chaque année, nous avons rencontré Jean-Lou Charon, le président de la Fédération Française de Golf, afin d’évoquer l’actualité du golf tricolore, six mois après une Ryder Cup qui semble avoir eu un impact positif sur le nombre de pratiquants.
Six mois après la Ryder Cup, êtes-vous satisfait des retombées pour le golf français ?
Jean-Lou Charon : C’était un événement exceptionnel, totalement réussi, avec une belle météo. Sans oublier cette ambiance vraiment spéciale, typique de la Ryder Cup, que beaucoup de nos spectateurs ont pu découvrir à cette occasion.
Sur les trois premiers mois de l’année, nous avons enregistré une augmentation de 6 % en terme de création de licence. Et après des années de baisse, le nombre repart à la hausse chez les jeunes (moins de 19 ans), avec une croissance de 7 % en terme de licences. Ce sont des chiffres très encourageants.
Enfin, comme nous nous y étions engagés après que la France s’est vue attribuée la Ryder Cup, 99 petites structures ont été inaugurées, et la 100e le sera dans le courant de l’année 2019. Ces pitchs & putts ou compacts en zones urbaines et périurbaines permettent de répondre au mieux aux critiques qui sont faites sur la pratique de notre sport, considéré parfois comme trop chronophage, trop cher ou trop difficile pour les débutants et les golfeurs occasionnels quand il s’agit de jouer sur un grand parcours.
Le tourisme golfique en France a lui aussi bénéficié de l’effet Ryder Cup ?
Jean-Lou Charon : Tout à fait. Le parcours du golf national fait aujourd’hui l’objet de nombreuses demandes, notamment de la part de tour-opérateurs asiatiques. La grande force du golf en France, c’est la diversité de ses parcours sur l’ensemble du territoire, le patrimoine culturel de notre pays ainsi qu’une offre hôtelière de qualité. De nombreux golfeurs apprécient de pouvoir pratiquer leur sport préféré tout en se cultivant et en faisant du tourisme. Il y a, par exemple, de plus en plus d’événements combinant le golf et l’œnologie, c’est quelque chose qui se développe beaucoup.
De nouveaux parcours vont-ils être prochainement construits en France ?
Jean-Lou Charon : Il y a le parcours de Roissy-en-France, près de l’aéroport Charles-de-Gaulle, qui devrait être bientôt inauguré. Le projet des deux 18 trous du parcours de Tosse, dans les Landes, avance également et attend le feu vert administratif. De nombreux projets de 9 trous ou de compacts sont aussi dans les tuyaux, avec une priorité donnée à l’accueil des jeunes et à la mise à disposition pour le monde scolaire. Enfin, des projets de 9 trous sont à l’étude en montagne, pour y attirer les golfeurs l’été.
L’Open de France a été, à la surprise générale, « déclassé » par le Tour Européen et aura lieu fin octobre 2019. Quel est votre sentiment ? Le tournoi aura-t-il bien lieu à cette date ?
Jean-Lou Charon : J’ai évidemment été très déçu en apprenant la nouvelle, prise sans concertation avec la Fédération Française ou avec nos partenaires. Ce n’est clairement pas la meilleure date, et pas seulement pour des raisons météos. A titre personnel, je ne souhaite pas avoir un Open de France 2019 au rabais. Nous sommes en contact étroit avec le Tour Européen pour trouver le meilleur compromis possible. Tout peut encore évoluer, mais au moment où je vous parle, le tournoi doit toujours avoir lieu du 17 au 20 octobre 2019.
Chez les professionnels, le golf tricolore semble se porter de mieux en mieux chez les filles, un peu moins chez les garçons…
Jean-Lou Charon : Oui, Anne-Lise Caudal vient tout juste de décrocher, en Afrique du Sud, sa première victoire sur le Sunshine Ladies Tour. Nos Françaises tiennent le haut du pavé dans le golf mondial actuellement. Je pense évidemment à Céline Boutier, qui a gagné sur le circuit américain en février dernier. Céline, on connaît sa volonté et son talent : elle a été n°1 mondiale amateur et a remporté le British amateur. Elle a tout pour faire partie des meilleurs joueuses du monde.
Chez les hommes, c’était une déception pour nous de ne pas voir de Français dans l’équipe européenne de Ryder Cup. Victor Dubuisson a eu des problèmes de santé et Alexander Levy, après sa belle victoire au Maroc, s’est sans doute mis un peu trop de pression.
Très récemment, des stars du golf telles que Bruce Koepka ou Rory McIlroy se sont plaints du jeu lent. On ne peut rien faire contre ce fléau ?
Jean-Lou Charon : Vous avez raison de parler de fléau. C’est un frein clairement identifié au développement de la pratique de notre discipline. C’est bien que les meilleurs joueurs du monde commencent à s’en soucier, cela n’a pas toujours été le cas. Il est important aussi que nos clubs prennent des mesures concrètes. Si vous restez 5h30 sur un parcours lors d’une partie amicale ou même pendant une compétition, vous allez râler à juste titre et perdre une partie du plaisir de ce jeu. Les nouvelles règles édictées au niveau international sur le ready golf (le golfeur près à jouer peut taper sa balle sans forcément respecter l’ordre de jeu) vont dans le bons sens.
On reste dans l’actualité : ce mois-ci, la Fédération Française de Golf a reçu un trophée aux Ecosports Awards lié à la promotion et à la protection de la biodiversité…
Jean-Lou Charon : C’est une grande fierté. Le facteur environnemental est très important pour la fédération et nos clubs. Cette récompense met en avant le travail en profondeur fait sur cette richesse qu’est la biodiversité dans nos clubs, mais aussi nos efforts dans la gestion des ressources en eau. Cela permet aussi de tordre le cou à cette image d’Epinal qui veut qu’un parcours de golf, ça pollue ou ça gaspille forcément de l’eau. C’était sans doute vrai il y a quelques décennies, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Propos recueillis par Franck Crudo