Du 9 avril au 18 septembre prochains, le musée du château des ducs de Wurtemberg de Montbéliard propose une rétrospective de l’œuvre de Jean Puy (1876-1960), peintre au cœur des révolutions artistiques du début du XXème siècle et présent dans ses collections.

 Autoportrait à la barbe, Jean Puy 1901 Huile sur carton marouflé sur toile, 46 x 39,5 cm Collection Jean-Jacques Bauswein © Tous droits réservés / ADAGP-Paris, 2016

Autoportrait à la barbe, Jean Puy 1901
Huile sur carton marouflé sur toile, 46×39,5 cm
Collection Jean-Jacques Bauswein
© Tous droits réservés / ADAGP-Paris, 2016

Intitulée Plénitude d’un fauve, l’exposition interroge l’itinéraire d’une œuvre aux multiples accents. Après des débuts marqués par le néo-impressionnisme et l’expérience déterminante de la couleur fauve, Jean Puy se consacre à une peinture intimiste et figurative, approchant une forme de quiétude. Avec plus d’une centaine d’œuvres et de documents déployés sur 500 m2, cette rétrospective, la première en France depuis 2004 au musée Marmottan Monet à Paris, apporte un nouveau regard sur cet artiste révélé par l’éminent galeriste Ambroise Vollard. Regroupant des œuvres de collections publiques peu montrées et s’appuyant majoritairement sur les prêts de collectionneurs privés, l’exposition revêt un caractère inédit.

Issu d’une famille d’industriels, Jean Puy étudie à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon puis à Paris à l’Académie Camillo. À ses débuts, il côtoie Matisse, Derain, Marquet, Camoin et Manguin, partageant ateliers, modèles et réflexions sur la nouvelle peinture. Révélé au Salon d’Automne de 1905 qui voit l’apparition du mouvement fauve, ses paysages, ses nus et ses natures mortes l’érigent alors en maître à l’âge de 30 ans. Amoureux de la Bretagne, il navigue entre Paris, Belle-Île-en-Mer, les Alpes, mais aussi le sud de la France, suivant en cela les conseils de ses amis, avant un retour définitif dans sa ville natale, Roanne. Homme solitaire, souvent resté dans l’ombre d’amis célèbres, Jean Puy réalise de son vivant une oeuvre prolifique sur plus de cinquante ans, bénéficiant d’une reconnaissance internationale.

Une exposition en cinq parties

Suivant un parcours chronologique, l’exposition se déploie en cinq parties :

1/ Les débuts néo-impressionnistes (1900-1902)

Repos au bord de la mer, Jean Puy 1905 Huile sur toile, 38 x 46 cm Collection particulière © ADAGP-Paris, 2016

Repos au bord de la mer, Jean Puy 1905
Huile sur toile, 38 x 46 cm
Collection particulière
© ADAGP-Paris, 2016

Le parcours débute alors que Jean Puy réalise ses études à l’Académie Camillo sous l’égide d’Eugène Carrière. Par le biais d’une passion commune pour Belle-Île-en-Mer, il y rencontre Henri Matisse qui exerce une grande influence sur sa peinture et restera son confident. Les premiers tableaux de Jean Puy montrent une imprégnation forte de l’enseignement des divisionnistes, qui préconisent, en lieu et place du classique mélange de tons, une juxtaposition de touches de couleur pure pour accéder à une luminosité maximale. De son ami Paul Signac, il n’hérite pas seulement de ce précepte optique, il reçoit de son aîné une initiation au yachting, essentielle pour Jean Puy qui a toujours voulu devenir
marin.

 

2/ Les années fauves (1902-1907)

La deuxième partie rend compte de cet épisode majeur de l’histoire de l’art du début du XXème siècle, qui œuvre à une synthétisation des formes et à l’utilisation de couleurs crues. Jean Puy expose en 1905 au Salon d’Automne aux côtés de Matisse, Manguin, Marquet et Camoin dont les oeuvres font scandale. La salle surnommée la « Cage aux Fauves » par le critique Louis Vauxcelles donne plus tard le nom de fauvisme à ce courant. C’est également grâce au Salon d’Automne qu’a lieu la rencontre déterminante avec le galeriste Ambroise Vollard, qui assure à Jean Puy une reconnaissance internationale et un soutien sans faille jusqu’en 1926.

3/ L’harmonie dans l’équation poétique (1908-1915)

Petite faunesse dormant, Jean Puy v.1906 Huile sur toile, 74,5 x 94,5 cm Collection Paul Dini, Lyon © Tous droits réservés / ADAGP-Paris, 2016

Petite faunesse dormant, Jean Puy v.1906
Huile sur toile, 74,5 x 94,5 cm
Collection Paul Dini, Lyon
© Tous droits réservés / ADAGP-Paris, 2016

Après l’expérience fauve, Jean Puy s’éloigne des hardiesses spatiales et chromatiques qui ont fait de lui un artiste moderne. Il abandonne l’immédiateté du sujet pour travailler la composition. Il vise dès lors l’équilibre et l’harmonie, s’attarde sur le décor intérieur et extérieur, procède de collages, insiste sur les poses complexes des modèles, avec une touche précise, des couleurs quasi acidulées, figeant l’oeuvre dans le temps. Jean Puy passe ses étés au plus près des paysages du Palais, de Bénodet et de Concarneau, tentant malgré lui de transposer la « vie sur son tableau ».

4/ Après-guerre, un vent nouveau (1919-1929)

Jean Puy délaisse volontairement ses pinceaux pendant la première guerre mondiale pour aller au front. À son retour, libérant son humeur, Jean Puy se consacre au travail d’illustrateur et de caricaturiste, dans une verve nouvelle, suite à une commande de son galeriste Ambroise Vollard. Il réalise également une série importante de céramiques. Sa peinture, plus intimiste, laisse une large place aux nus, aux lectures solitaires de jeunes femmes et aux scènes d’intérieur. Ses paysages, de Doëlan à Toulon, figurés dans une certaine accalmie, invitent à la contemplation.

5/ L’atelier introspectif et le retour à Roanne (jusqu’en 1950)

Tempête à Collioure, Jean Puy 1913 Huile sur toile, 46 x 55 cm Collection particulière © Tous droits réservés / ADAGP-Paris, 2016

Tempête à Collioure, Jean Puy 1913
Huile sur toile, 46 x 55 cm
Collection particulière
© Tous droits réservés / ADAGP-Paris, 2016

Au début de la seconde guerre mondiale, Jean Puy se réfugie chez sa sœur Madeleine Vindrier, qui possède une maison à Roanne, au cœur de sa ville natale, où il reste jusqu’au crépuscule de sa vie. Si sa carrière devient plus locale, se faisant un peu oublier au passage, Jean Puy fait de son atelier le lieu de tous les possibles, projetant dans cet univers clos son monde intérieur, de manière quasi métaphysique. L’artiste multiplie les autoportraits peuplés de sculptures antiques, dispose d’étranges masques devant la fenêtre de l’atelier, met en scène des poupées, donnant aux figures un caractère intemporel, entre désincarnation et jeunesse éternelle.

Un catalogue d’exposition sera édité à cette occasion par les Musées de Montbéliard. Reproduisant une soixantaine d’œuvres présentes dans l’exposition, il permet de retracer le parcours artistique de Jean Puy, de 1900 aux années 50. Il est agrémenté de textes inédits d’Hervé Labrid, Marion Chatillon-Limouzi et Aurélie Voltz. (ill.coul., 96p., 15 €).

L’exposition sera enfin complétée par une riche programmation d’événements s’étalant sur plusieurs mois, intégrant conférences et rencontres :

  • Mercredi 11 mai 2016 à 18h : Rencontre avec le collectionneur Paul Dini
  • Mercredi 15 juin 2016 à 18h : Table-ronde avec les Amis de Jean Puy
  • Mercredi 23 septembre 2016 à 18h : Conférence de Damien Chantrenne, directeur adjoint du musée Paul-Dini, Villefranche-sur-Saône : « Les amitiés artistiques de Jean Puy »

Les œuvres de Jean Puy dans la collection de Montbéliard

En 1969, Jacqueline Bret-André fait don aux Musées nationaux d’œuvres de son père Albert André, déposées au musée du château des ducs de Wurtemberg en souvenir de son enfance passée dans le Pays de Montbéliard. Une vingtaine de toiles d’amis d’Albert André y figurent, parmi lesquelles sept œuvres de Jean Puy.

Le musée du château des ducs de Wurtemberg

Situé au cœur de la ville de Montbéliard, le château des ducs de Wurtemberg se dresse sur un éperon rocheux dominant le confluent de la Lizaine et de l’Allan. Constitué de deux grosses tours rondes (1424 et 1590) et d’un corps principal reconstruit en 1751, le château est pendant quatre siècles, de 1397 à 1793, la résidence des ducs de Wurtemberg qui marquèrent le Pays de Montbéliard d’une indépendance d’esprit et d’une liberté qui se conforta au XVIème siècle avec la réforme luthérienne. En 1960, le château devient un musée regroupant diverses et riches collections : archéologie, histoire naturelle et beaux-arts. Depuis 1970, le musée développe également une collection d’art contemporain. La collection des Musées de Montbéliard compte à ce jour 600.000 pièces.

Musée du château des ducs de Wurtemberg
25200 Montbéliard
Tél. : 03 81 99 22 61
musees@montbeliard.com
www.montbeliard.fr

Exposition du 9 avril au 18 septembre 2016
De 10h à 12h et de 14h à 18h
Fermé le mardi et le 1er mai
Entrée : 5 euros / Tarif groupes et étudiants : 3 euros
Entrée gratuite pour les moins de 18 ans, les personnes handicapées, ainsi que le 1er dimanche de chaque mois.

Vernissage le 8 avril à 18h

Commissaire de l’exposition : Aurélie Voltz, directrice des Musées de Montbéliard, assistée de Bertille Favre.