Interview de Manon Mollé, 25 ans, qui a intégré le LET en 2018 et obtenu notamment la médaille d’argent des Championnats d’Europe par équipe, associée à Justine Dreher.

Manon Mollé.

Bonjour Manon, à une époque encore récente on avait l’habitude de demander courtoisement comment se sont passés vos fêtes de fin d’année ou vos vacances d’été. Désormais, on demande plutôt comment s’est passé votre confinement…

Je l’ai passé à Pau, où j’ai rejoint mon copain depuis quelques mois. Il a fait super beau, mais comme je vis en appartement, pour l’entraînement c’était forcément un peu compliqué. Cela m’a permis de couper un peu, c’était peut-être un mal pour un bien. Je me suis entretenue physiquement et j’ai fait du putting sur mon balcon en synthétique. J’ai aussi pas mal utilisé le tapis technique créé par Olivier Léglise, qui permet de contrôler son chemin de club.

Pensez-vous pouvoir rejouer cette année sur le circuit ?

Sincèrement, je ne suis pas encore 100 % certaine de voyager vu les conditions. Je me suis plutôt formatée à l’idée que je ne rejouerai en tournoi que l’année prochaine. Sauf, éventuellement, s’il y a des tournois en France. J’attends de voir. Financièrement pour moi, c’est en plus compliqué de voyager, je préfère m’entraîner.

Vos débuts sur le LET, en 2018, on été excellents puisque vous étiez la deuxième meilleure rookie. Comment expliquez-vous l’année 2019 qui fut, au contraire, décevante ?

En 2018, je vivais au Maroc et j’ai décidé de rentrer en France pour être plus proche de mon copain. Ce changement de vie, ainsi que des problèmes personnels ont sans doute fait que mentalement, ça n’a pas suivi et que j’ai eu une saison 2019 très mauvaise, du début à la fin.

A quel âge avez-vous découvert le golf ?

A l’âge de 7 ans, à la Réunion, où j’ai vécu de 1 à 11 ans. Je suis dans une famille sportive mais mes parents n’étaient pas golfeurs. Ma mère jouait au tennis et mon père était cycliste de haut niveau. J’ai découvert le golf grâce à ma sœur et à son mari, Nicolas Claverie, qui dirige deux golfs à Marrakech.

Quel est votre point fort au golf ?

Mon grand jeu et mes sorties de bunker.

Et votre point faible ?

Le putting.

Malgré le tapis d’Oliver Léglise ?

Oui (rires). Cela se passe très bien sur le tapis, mais moins en dehors, lorsqu’il y a du stress. Il y a très longtemps, j’ai connu une période où je faisais des yips au driving. J’en ai ensuite fait au chipping. Depuis fin 2018, j’en fais désormais au putting. J’accumule tellement de stress sur le parcours que je donne parfois des coups de main. Sur certains tournois, j’ai même fait des crises de panique. Je travaille beaucoup sur la respiration car mon problème est plus au niveau mental qu’un niveau du stroke.

Vous avez essayé d’opérer certains changements, tels que le grip pince par exemple ?

J’ai adopté le grip inversé et je colle le manche sur mon avant-bras gauche. C’est ce qui me convient le mieux semble-t-il. Tant que je ne suis pas trop stressée…

Hormis le putting, y a-t-il un secteur de votre jeu que vous travaillez en particulier ?

Actuellement, je travaille sur l’impact. J’essaie de frapper des balles basses et en fade pour contrer ma tendance au draw.

Quels sont vos objectifs pour la suite de votre carrière Manon ?

D’abord me remettre sur pied après une saison difficile, reprendre confiance en moi, prendre du plaisir sur le parcours et retrouver mon niveau de 2018. A plus long terme, j’aimerais être l’une des meilleures joueuses du circuit européen et gagner un tournoi.

Vous avez déjà une fiche Wikipédia, laquelle mentionne votre médaille d’argent aux Championnats d’Europe par équipe, à Gleneagles en 2018. C’est votre meilleur souvenir de golfeuse ?

C’est l’un de mes meilleurs souvenirs, oui. Jouer les Championnats d’Europe avec Justine (Dreher) pour son pays, c’est une chance, quelque chose qu’il faut avoir fait au moins une fois dans sa vie. En fait, toute mon année 2018 était un bon souvenir, mais j’en ai eu aussi d’autres…

Lesquels ?

J’ai beaucoup de bons souvenirs golfiques de mon enfance à la Réunion, avec de belles rencontres. Ou encore de mes années de Fac aux États-Unis, à Albuquerque au Nouveau-Mexique, la même université que Victor Perez. Au début, j’étais réticente à l’idée de partir si loin de ma famille, avec la barrière de la langue, etc. Mais mon père a su me convaincre d’y aller et je l’en remercie. Malgré des premiers mois toujours un peu difficiles, une fois installée là-bas, on n’a qu’une envie, c’est d’y retourner. J’ai commencé à étudier le business, puis j’ai bifurqué dans les langues. J’ai appris l’Espagnol, le Japonais, j’ai même suivi pendant quatre mois des cours sur le langage des signes.

Et votre pire souvenir ?

Le premier qui me vient en tête, c’est le British Amateur à Portrush, en Irlande du Nord. J’avais 15 ans et je suis tombée malade. J’ai été contrainte d’abandonner au bout de 8 trous sur ce magnifique parcours…

En parlant de magnifique parcours, quel est votre préféré en France ?

Dinard. J’ai plein de beaux souvenirs, notamment à l’occasion de l’Open Generali, qui n’existe plus et c’est bien dommage. J’adorais cette compétition et ce parcours. J’adore la vue, la Bretagne. Le parcours est atypique et peut s’avérer challenging si le vent se lève. Il y a aussi le club-house…

Et à l’étranger ?

Il y en a tellement… Si je dois en choisir un, je dirais celui du tournoi en Inde, j’ai oublié son nom…

(Après une petite recherche sur Internet) Le DLF Country Club, au sud de New Delhi ?

Voilà. Déjà, c’est un très beau parcours sur le plan esthétique et très bien entretenu, malgré la chaleur, l’humidité, la pollution… Là-bas, il n’y a pas un trou où l’on peut se reposer. Tous les coups sont importants, surtout la mise en jeu. Tout peut se passer. On peut avoir une journée de « ouf » ou au contraire, ça peut tourner à la cata. En 2018, pour ma première année là-bas, j’avais réussi un top 10.

Votre meilleur score ?

-6 au golf du Phare lors de la Biarritz Cup. Je devais avoir 17 ans je crois. Une partie de fou, j’avais notamment réussi deux eagles et un trou en un avec mon pitch !

Vous avez réussi d’autres trous en un ?

Pour l’instant, j’en ai fait trois dans ma vie. Outre Biarritz, j’en ai réussi un lors d’une « reco » à l’Open du Portugal en 2013. Un coup de fer 5 ou un hybride, je ne me souviens plus très bien, le trou était long. Et puis le dernier, c’était en 2017 au Texas lors d’une compétition avec ma fac. J’ai réussi un trou en un… mais rendu une carte de 82 ! (rires)

Y a-t-il une joueuse ou un joueur que vous admirez ?

Graeme McDowell. J’aime son swing, sa personnalité. Je ne l’ai jamais rencontré mais je trouve que c’est une personne généreuse, joviale, qui rigole avec tout le monde et ne se prend pas la tête. Un peu comme Furyk, il a un swing atypique mais il a certaines choses que j’aimerais avoir moi aussi. Chez les femmes, il y a beaucoup de joueuses que j’apprécie mais je n’ai pas vraiment de modèle.

En dehors du golf, avez-vous une passion ou quelque chose que vous aimez faire ?

Avec le confinement, je me suis mise à peindre avec mon copain ou encore à jardiner, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Et puis, j’ai aussi trouvé un travail dans la boulangerie, un secteur dans lequel mes parents sont. Cela me plaît beaucoup. J’ai pris goût à la vente et j’adore cuisiner, dont ça va bien ensemble. En fait, faire la cuisine et manger, c’est ce que j’adore le plus après le golf (rires) !

On ne va peut-être pas faire le titre de l’interview avec cette phrase…

Non, vaut mieux pas, mais c’est vrai que je suis très gourmande ! (rires)

Propos recueillis par Franck Crudo

https://www.instagram.com/manonmolle/?hl=fr