À 19 ans, la joueuse de Nouvelle-Calédonie évolue dans le championnat universitaire américain, où elle vient tout juste de remporter la Conférence C avec son équipe de North Texas. Rencontre avec l’une des grandes espoirs du golf français.

Avec votre université de North Texas, vous avez remporté le championnat de Conférence C-USA le week-end dernier. Comment se passe votre adaptation aux Etats-Unis, où vous étudiez depuis l’an passé ?

Je me suis très bien adaptée, j’étais prête à partir seule et à vivre quelque chose de nouveau. Les filles m’ont accueillie de façon chaleureuse et niveau anglais ça va puisque la Nouvelle Calédonie est proche de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Je fais un cursus de kiné à l’université.

Entre la Nouvelle-Calédonie et le Texas, cela doit être une petite expédition pour faire le trajet…

Ah ça oui (rires). Normalement, cela prend une journée, on passe par l’Australie. Je vais bientôt rentrer en Nouvelle-Calédonie, mais comme la Nouvelle-Zélande et l’Australie sont fermées actuellement, je vais devoir faire le tour de la planète et prendre un vol Dallas-Paris, Paris-Tokyo et Tokyo-Nouméa.

Comment avez-vous commencé le golf ?

Mon père est entraîneur en Nouvelle-Calédonie (Dominique Ricaud est le coach de la sélection) et j’ai eu dans les mains des clubs en plastique dès mon plus jeune âge. Mais j’ai commencé la compète au collège, j’étais dans un sport-étude qui me permettait de jouer une heure pas jour.

Quelle est l’importance du golf en Nouvelle-Calédonie ?

Le golf est plutôt bien développé, il y a quatre parcours de 18 trous vraiment variés, avec des designs différents. Pour les filles c’est un peu plus compliqué, car il y a peu de joueuses chez les jeunes.

Votre rêve ultime de golfeuse ?

Déjà, passer professionnelle ce serait bien. Mais mon rêve, ce serait de gagner l’Evian Championship avec mon père comme caddie. C’est une promesse qu’on s’est faite tous les deux. Quelque part, il vit aussi son rêve à travers moi.

Votre meilleur souvenir sur un parcours ?

Avoir gagné les Jeux du Pacifique par équipe pour la Nouvelle-Calédonie et en individuel, aux Samoa en 2019. J’avais joué -13 sur 4 tours en commençant par +2 la première journée. Il y a aussi ma victoire sur le Doral à Miami (l’équivalent du Mondial pour les jeunes) en décembre 2018, dans la catégorie des 16-18 ans. J’avais enchaîné l’Annika Invitational en Nouvelle-Zélande et ce tournoi, avec mon père. Je me souviens du premier tour, on avait joué en pleine tempête. Malgré cela, j’étais à +2 au bout de 14 trous et très peu de joueuses avaient scoré sous les 80 ce jour-là. Mais les organisateurs ont arrêté les parties et ont annulé les scores de la journée. J’étais dégoûtée, mais ça ne m’a pas empêché de gagner le tournoi.

Et votre pire souvenir ?

Mon championnat de France minimes perdu en finale contre Candice Mahé, en 2017 au golf de Bondues. J’avais très bien joué tous les tours, sauf la finale.

Quel est votre point fort et votre point faible au golf selon vous ?

Mon point faible, c’est depuis des années le petit jeu. J’ai aussi de gros problèmes à gérer mon stress en compétition. Sur les petits putts importants, j’ai tendance à me mettre trop de pression. Mon point fort, cela dépend un peu des jours. (Elle réfléchit) Je dirais ma capacité à beaucoup travailler. Je peux rester des heures entières à travailler un aspect de mon swing.

Y a-t-il une joueuse ou un joueur que vous admirez ?

Paul Barjon (membre du Korn Ferry Tour, l’antichambre du PGA Tour). Il est originaire comme moi de la Nouvelle-Calédonie. Je me souviens de lui à l’école de golf quand j’étais petite. Voir tout le chemin qu’il a parcouru, c’est un exemple pour moi, je me dis que c’est possible. Je l’ai vu deux-trois fois au Texas, il habite à Fort Worth.

En dehors du golf, quels sont vos centres d’intérêt ?

J’adore jouer aux jeux vidéos (rires) ! J’aime bien faire du skate aussi. Quand je suis au Texas, je n’ai pas trop de temps pour moi. Le week-end, j’en profite pour m’avancer sur mes devoirs. Sinon je sors avec mes amis.

Propos recueillis par Franck Crudo

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