La présidente du golf de Saint-Cloud évoque avec passion son club, l’un des plus anciens et des plus prestigieux de France.

Caroline Breynaert

Comment avez-vous découvert le golf ?

Caroline Breynaert : À Saint-Cloud évidemment. Le golf fait partie de l’ADN de ma famille. Mes oncles ont joué au haut niveau en amateur, mes parents avaient un index à un chiffre, mon mari, mes frères, mes enfants… tout le monde a fait ou fait du golf ! J’ai pourtant commencé à jouer assez tard, vers 18 ans. Je suis passé de 24 à 12 d’index en six mois. Mais j’ai travaillé dès l’année suivante, et cela a du coup freiné ma progression (rires).

Clubs en mains peut-être, mais aujourd’hui vous êtes la présidente d’un club prestigieux…

Je suis la présidente depuis 2013, j’ai toujours été engagée dans le club. J’ai été chargée de la communication et membre du Comité pendant neuf ans sous la présidence de Jean Crespon. C’est un challenge, une responsabilité, la vie de ce club me passionne. Le golf de Saint-Cloud est une pépite installée dans un endroit magnifique, à proximité de Paris. Henri Cachard, son fondateur, était un visionnaire. Saint-Cloud c’est une maison imposante, il suffit de regarder le club-house. C’est aussi une histoire avec un patrimoine exceptionnel en terme d’architecture et de terrain, sans parler de notre situation géographique. C’est le club de Paris ! Nous sommes un grand paquebot, mais qui doit être agile pour s’adapter au monde qui change. Nos membres sont très exigeants et sollicités.

Dans quel domaine faut-il s’adapter ?

Je pense par exemple aux nouvelles contraintes environnementales sur les eaux, les déchets, les sols, la biodiversité ou encore la non-utilisation de produits phytosanitaires à partir de 2025. Il faut trouver un équilibre par rapport à l’exigence de nos membres qui souhaitent jouer sur un terrain parfait. Être président d’un tel club, c’est passionnant et c’est aussi beaucoup d’investissement…

Justement, vous travaillez parallèlement en tant que directrice de développement de la société LinkUp Factory, qui accompagne les entreprises dans leur engagement RSE. Comment parvenez-vous à concilier ces deux activités ?

J’ai toujours travaillé dans la communication, je suis heureuse de travailler, j’en ai besoin. Je dis souvent que ce qui a pris le plus cher dans ma vie, ce sont les loisirs. Paradoxalement, je ne joue plus beaucoup au golf depuis que je suis présidente. Je travaille sur les dossiers du club le soir et le week-end. Je suis très présente au club, je participe aux remises des prix… même si c’est plus calme sur ce plan-là en ce moment (rires). J’ai des réunions régulières avec notre directeur Denis Fabre, qui va bientôt voler sous d’autres cieux et sera remplacé par Julien Vasseur. Mais je ne suis pas seule, c’est un travail collectif. Nous sommes 14 au sein du Comité.

Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur un club comme le vôtre ?

Nous avons mis à l’arrêt l’ensemble de la vie du club. Il n’y a plus de compétitions ou d’animations, mais nous avons la chance de pouvoir jouer, contrairement à d’autres sports. Avec les confinements, pas mal de membres sont partis vivre en province dans leur résidence secondaire et sont passés du statut de membre permanent à celui de joueur éloigné. Je pense que cette crise va avoir un certain nombre d’effets retard qu’on ne connaît pas encore, mais qui peuvent avoir un impact sur tous nos clubs.

Un club comme Saint-Cloud, c’est combien de membres et de personnes qui y travaillent ?

Nous avons 60 personnes qui travaillent ici et environ 2400 membres. Notre force, c’est aussi d’avoir 350 enfants de moins de 15 ans. On fait en sorte qu’ils soient le plus heureux possible au sein du club.

En dehors du golf, quelles sont les activités proposées ?

Nous avons un club junior, trois courts de tennis, trois espaces restaurations, un espace famille pour les enfants de moins de 3 ans, une salle de bridge, de billard. Nous avons également rénové en 2017 les deux sous-sols du club-house, où il y avait auparavant un squash, pour en faire un espace dédié à la forme et au bien-être avec une salle de cardio-fitness, des salles de soin et de massage, deux hammams, deux saunas… Tout ceci participe à l’animation du club. L’idée, c’est de proposer une offre de service à la périphérie du golf pour toute la famille.

En France, on évalue à 29 % la part de golfeuses. Comment attirer davantage de femmes sur nos parcours selon vous ?

À Saint-Cloud, il y a 41 % de femmes. Il faut cultiver la fierté de jouer à ce sport, qui est exigeant, et proposer une offre adaptée à la pratique. Certaines golfeuses apprécient la compétition, d’autres préfèrent jouer pour le plaisir avec leurs amies, leur compagnon ou en famille. Ce n’est pas toujours facile pour les femmes qui travaillent ou doivent s’occuper des enfants, même s’il y a de plus en plus un partage des rôles. Il faut aussi cultiver tout ce qui est féminin, on a souvent envie d’être jolie sur un parcours. Les pro-shop ne doivent pas seulement vendre des tees ou des gants (rires). L’idée, c’est que les femmes se sentent bien accueillies dans un club, puissent s’y faire des amies, aillent sur le parcours ou à la salle de gym sans culpabilité car il y a un club junior ou une école de golf pour les enfants. Bref, que le dimanche soir, elles puissent se dire qu’elles ont passé un super week-end au golf en famille ou avec des amis.

Le club de Saint-Cloud a formé quelques-unes des meilleures joueuses françaises comme Perrine Delacour, Joanna Klatten, Valentine Derrey ou encore Manon Mollé. C’est une fierté je suppose…

Bien sûr ! Il y a également Albane Valenzuela qui est une enfant du club, avant de partir en Suisse et aux Etats-Unis. Saint-Cloud a une grande tradition sportive, je ne sais plus combien de Golfer’s nous avons gagné au total. Nos garçons sont aussi en train d’écrire une belle histoire. Nos joueurs sont très présents en Grand Prix, en Coupe de France. À la Gounouilhou ou à la Golfer’s, nos équipes terminent régulièrement dans le dernier carré ces dernières années. Florent d’Harcourt, notre manager de l’école de golf, fait du très bon travail. Tous nos jeunes joueurs ont la culture du club, ils sont heureux de jouer ici.

Le golf de Saint-Cloud a une grande histoire, dans tous les sens du terme. La bataille de Buzenval contre les Prussiens en 1871 a même eu lieu sur le parcours…

Oui, c’était une bataille terriblement meurtrière qui nous a fait perdre définitivement la guerre contre la Prusse. Le mur de la bataille se situe entre le trou n°2 et n°5 du parcours vert et près du 15. A l’époque, c’étaient des balles d’un autre genre qu’on envoyait. Sur le 14, il y a aussi un monument qui rend hommage au jeune peintre Henri Regnault, mort héroïquement au cours de la bataille.

En parlant d’histoire, le club a aussi reçu des golfeurs comme l’Aga Khan, les rois Baudoin 1er et Hassan II, Dwight Eisenhower, Sean Connery… Le président Mitterrand venait régulièrement jouer aussi…

Il venait le lundi matin, jour de la fermeture, faire 9 trous souvent en compagnie de son ami André Rousselet, qui a créé Canal+. Il y avait presque un garde du corps tous les 10 mètres quand le président jouait sur notre parcours. James Irwin, l’astronaute américain de la mission Apollo 15 et l’un des douze hommes à avoir marché sur la lune, est venu également en octobre 1984. Après avoir joué, il nous a offert une photo de lui sur la lune – que l’on peut voir au club-house – avec cette jolie dédicace : « To St. Cloud Golf Club, the most wonderful place of earth ». Quinze ans plus tard, le spationaute français Jean-Pierre Haigneré a même emporté dans l’espace une balle logotée du golf de Saint-Cloud en souvenir de son passage ici.

Et puis Saint-Cloud, c’est cette vue unique sur la Tour Eiffel, notamment sur le trou n°8 du Vert. Ce panorama incroyable a toujours existé depuis la création du parcours, en 1913 ?

A l’origine, on entrevoyait la Tour Eiffel mais pour l’architecte Harry Colt, tous les trous du parcours devaient être un trou signature, c’était sa philosophie. Et puis au début du siècle, la Tour Eiffel n’avait pas le même symbole qu’aujourd’hui, elle était même vue par certains comme un tas de ferraille qu’il fallait détruire. A cette époque, on avait tendance à fuir Paris et à regarder plutôt vers l’Ouest, qui faisait figure d’eldorado. D’ailleurs, notre club-house est orienté vers Saint-Germain-en-Laye. À partir de 1931 et la création d’un second parcours, les arbres cachaient complètement la vue de la Tour Eiffel. Ce n’est qu’en 2006, lorsque Stuart Hallet a été chargé de remettre le parcours dans sa configuration initiale, qu’il a eu l’idée d’élaguer les arbres pour offrir cette belle vue sur le monument parisien. C’est ce que le journaliste Lionel Chamoulaud a joliment appelé « le Trou Eiffel », cela donne une identité forte à notre club.

Propos recueillis par Franck Crudo

http://www.golfdesaintcloud.com/