En cette saison pas comme les autres, la Niçoise Julie Aimé vient de vivre deux mois riches en émotions en participant à son premier tournoi LPGA dans l’Ohio, puis en remportant une épreuve régionale au Texas. Interview.

Julie Aimé

Vous avez disputé votre premier tournoi sur le LPGA début août, dans l’Ohio. Quelles sont les différences principales avec le Symetra Tour ? Marion Ricordeau nous confiait récemment* que vous êtes traitée comme une princesse sur le LPGA…

Participer à mon premier tournoi sur le LPGA est l’un des meilleurs souvenirs de cette étrange année 2020. Je suis d’accord avec Marion, nous sommes vraiment bien traitées et ça fait chaud au cœur ! Le club house et le parcours sont en parfait état pour accueillir les joueuses. Nous avons de bons petits-déjeuners et des lunchs servis tous les jours dans le « player lounge », des balles de golf et des gants neufs nous attendent dans les vestiaires, des club fitters peuvent modifier les clubs ou changer les grips si besoin, les sponsors et spectateurs sont heureux d’avoir les meilleures joueuses du monde dans leur région… Une raison de plus pour bien jouer sur le Symetra et obtenir ma pleine carte sur le LPGA.

Comme beaucoup de vos compatriotes, vous avez étudié dans une université américaine, au Texas. Est-ce indispensable selon vous pour une joueuse française qui souhaite performer au plus haut niveau ?

Je ne pense pas que ce soit indispensable. Certaines joueuses passent pro à un très jeune âge, ne passent pas par la case « université américaine » et réussissent aussi bien. Dans mon cas, étudier quatre ans en université m’a permis de grandir en tant que personne et de m’améliorer en tant que golfeuse. J’ai pu m’adapter à la vie américaine, jouer sur les golfs américains où les types d’herbes et la longueur des parcours sont différents, tout en obtenant un diplôme. Je le referais sans hésiter !

Comment avez-vous vécu cette saison pas comme les autres ? 

L’année 2020 est définitivement une année bizarre pour tout le monde. Et pour nous golfeuses également. C’est un peu une année blanche, puisque quels que soient nos résultats, chaque joueuse du Symetra ou du LPGA démarrera la saison 2021 avec la catégorie obtenue pour 2020. J’utilise donc cette saison pour jouer le maximum de tournois possible, améliorer et connaître mieux mon jeu pour me sentir prête en 2021. A ce jour, le Top 10 sur le ranking du Symetra est mon objectif principal.

Votre rêve de golfeuse ?

J’ai l’impression que cela évolue chaque année. Gagner sur le Symetra Tour dans un futur très proche en serait un. Et dans les années a venir, devenir l’une des meilleures joueuses sur le LPGA.

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?

J’ai pas mal de superbes souvenirs (rires). Jouer mon premier tournoi LPGA et m’entraîner aux côtés de Lexi Thompson, Lydia Ko, Jessica et Nelly Korda, Danielle Kang… c’était une expérience assez unique ! J’ai aussi gagné en septembre sur le WAPT (Womens All Pro Tour). Le tournoi se jouait sur mon parcours à Beaumont au Texas, et comme je n’avais pas de tournoi sur le Symetra, je me suis inscrite. C’était une superbe semaine, le parcours était très bien préparé, beaucoup de joueuses du Symetra ont participé, le niveau était solide. Remporter un tournoi entourée de mes amis et sponsors restera un de mes meilleurs souvenirs, c’est sûr !

Votre pire souvenir ? 

Je ne sais pas. Je fais en sorte de les oublier pour continuer a progresser… (rires)

A quel âge avez-vous débuté le golf ?

J’ai tapé mes premières balles a l’age de 7 ans au golf de Nice, ma ville natale.

Quel est votre point fort et votre point faible ?

J’ai rajouté il y a quelques semaines un long putter dans le sac et je me sens beaucoup mieux au putting. Je suis aussi très solide avec mes « mid-irons » (fer 9 et 8). Sinon, je ne dirais pas que c’est un point faible, mais si je pouvais gagner quelques mètres au driving, ça m’aiderait pas mal…

Votre meilleur score ?

-6 au Brown Deer Golf Course, à Milwaukee (Wisconsin), le même parcours où Tiger a fait ses débuts en tant que joueur professionnel.

Y a t-il une joueuse que vous admirez ?

J’ai eu l’opportunité de voir Minjee Lee (6e mondiale) jouer au Marathon Classic, dans l’Ohio. J’adore son jeu, son comportement et son swing. Je pense pouvoir apprendre beaucoup d’une joueuse comme elle.

Votre parcours préféré, en France et à l’étranger ?

Le golf du Château de Taulane dans le Sud de la France a toujours été mon parcours favori. Le parcours est fun et toujours bien entretenu. On joue au soleil, avec l’air frais de la montagne, entouré de sapins et de beaux paysages.  Aux USA, j’ai eu la chance de jouer le Dinah Shore a Palm Springs en Californie. C’est le parcours pour le ANA Inspiration, j’adore l’endroit et le dessin du parcours.

Quel est le défaut le plus courant chez les amateurs, selon vous ?

A mes yeux, beaucoup d’amateurs ne sont pas assez rationnels. Le golf parfait n’existe pas, c’est un jeu de pourcentage et de stratégie. Je vois souvent des amateurs essayer de taper un bois du rough à travers les arbres ou essayer de rentrer un putt de 15 mètres et finir avec un 3 putts… puis être déçu ou énervé quand ça arrive! Le pourcentage de réussite pour ce genre de coups est très bas. Par contre, rentrer un putt de 1 mètre 20, mettre un drive sur le fairway ou faire un bon coup de recentrage… ces coups-là doivent avoir un pourcentage de réussite bien plus élevé et permettent de rendre un meilleur score à l’arrivée. Lorsqu’un amateur passe ce cap et comprend cet aspect stratégique, il y a beaucoup moins de points qui sont gaspillés.

Quels sont vos centres d’intérêts, vos passions en dehors du golf ? 

J’adore cuisiner et manger sain. Lorsque j’ai du temps de libre, je pars chercher des bons fruits, des légumes, du poisson, de la viande fraîche pour concocter de bonnes recettes. Pendant la quarantaine, j’ai commencé a prendre des cours en ligne sur « Sports Nutrition », ça m’intéresse beaucoup.

Propos recueillis par Franck Crudo

*https://swing-feminin.com/marion-ricordeau-quand-vous-jouez-sur-le-lpga-vous-avez-limpression-detre-une-princesse