Ni la pluie battante au Trump National Golf Course de Bedminster, dans le New Jersey, ni la visite du Président Trump sur le site de l’US Women’s Open n’auront perturbé la Chinoise. Seule leader à -8 après deux tours, Feng devance trois Sud-Coréennes 2emes ex aequo à -6. Pas de week-end pour Isabelle Boineau et Karine Icher, ex aequo à + 6 et qui ne passent pas le cut du troisième Majeur de la saison.

Par Nathalie Vion

Shanshan Feng – ©PMILLEREAU/KMSP

Débauche de parapluies, séries noires de bogeys 


Des trombes d’eau. Des cordes. Des draches. On appelle cela comme on veut mais ce qui est sûr, c’est que pour jouer au golf en ce moment dans la région de New York, il faut être assez waterproof. Parmi les 156 joueuses du 72e US Women’s Open disputé cette semaine à Bedminster, au New Jersey, Shanshan Feng montre chaque jour les qualités de l’industrie textile chinoise par temps de grande pluie. Totalement imperméable, la médaillée de bronze des jeux Olympiques de 2016 à Rio de Janeiro ! Leader à -6 après le premier tour, elle a géré à la perfection les conditions météo exécrables du début de deuxième tour de vendredi. Huit pars et un birdie à l’aller, aucun risque, aucune faiblesse. Tandis qu’à côté d’elle, malgré une grande débauche de parapluies, ses co-médaillées de Rio prenaient l’eau : Lydia Ko enregistrait une série de quatre bogeys aux 3,4,5 et 6, le genre de truc qu’elle ne connaissait sans doute plus depuis l’école de golf en Nouvelle-Zélande. Inbee Park, de son côté, bataillait entre nombreux bogeys et rares birdies, se préparant à ne pas passer le cut en fin de journée.

 

Sans le polo peau de vache mais vachement forte


Pour une fois, Shanshan Feng ne portait pas l’un de ses fameux polos à motif « peau de vache noire et blanche » (race Holstein, paraît-il). Mais elle était vachement costaude une fois de plus. « J’étais prête à ce qu’il pleuve fort toute la journée, c’est ce que j’avais vu comme prévision sur mon téléphone portable » expliquait-elle laconiquement au club-house après un retour un peu moins trempé mais tout aussi maîtrisé : un bogey pour deux birdies, une carte de 70 après son 66 de la veille et le leadership du tournoi après deux tours avec un total de -8. Soit deux coups d’avance sur un trio de deuxièmes ex-aequo à -6 avec Hye Jin Choi, Jeongheun6 Lee et Amy Yang, toutes trois Sud-Coréennes. A croire qu’en Chine comme au Pays du Matin Calme, on sait préserver le rythme remarquable, la qualité de métronome des swings, même quand tout s’agite autour de vous. Que ce soit la pluie ou la tempête médiatique autour de l’arrivée d’un président des États-Unis tombé là directement depuis la France.

 

Donald Trump, de la pagaille d’Orly à Bedminster


Le deuxième tour de l’US Women’s Open aura en effet été marqué, ce vendredi 14 juillet, par la visite de Donald Trump « himself ». Rien de surprenant puisque le Trump National Golf Club de Bedminster, tout proche de New York, fait partie des nombreux « golf resorts » qui lui appartiennent (on peut citer aussi le Trump Turnberry Resort, en Écosse, que Trump s’était offert juste avant la tenue du British Open féminin de 2015). Après son dîner à la Tour Eiffel le jeudi soir avec les Macron, puis les cérémonies officielles du 14 juillet sur les Champs-Élysées et un départ d’Orly sur Air Force One qui a totalement paralysé le second aéroport parisien, le président US arrivait dans sa résidence d’été du New Jersey (un site déjà re-baptisé « Summer White House ») à 15h40 locales ce même 14 juillet. Cortège de limousines noires, conférence de presse, petit tour sur le green du 15 pour regarder un peu ces dames sous la pluie… C’était l’événement car jamais un président américain n’avait rendu visite à l’US Open féminin.

 

So Yeon Ryu reste affûtée, Lydia Ko ultra-combative


On revient au sport pur pour le week-end… Malgré les qualités waterproof marquantes de Shanshan Feng sur les deux premiers tours, rien est joué. Surtout avec le bataillon de Coréennes qui la suivent. La numéro 1 mondiale So Yeon Ryu, discrète 6e à – 4 (quatre coups de Feng après deux tours) en fait partie. Et largement. A souligner aussi l’état d’esprit ultra-combatif dans lequel se trouve Lydia Ko, la jeune Néo-Zélandaise s’étant finalement placée 10e à -3. Car après le quasi naufrage de son aller avec la série de quatre bogeys, Ko a réussi à achever son deuxième tour comme un avion, avec quatre birdies aux 14,15,17 et 18. Le talent ne se rend jamais… Côté Françaises, il n’y a pas eu de miracle pour Karine Icher (73, 77) et Isabelle Boineau (76, 74), 85emes ex aequos à +6 après deux tours et qui ne pouvaient espérer passer un cut fixé à +2. Ce ne sera pas une consolation mais bien d’autres joueuses beaucoup plus « titrées » se sont diluées dans les gouttes de Bedminster. Cut pour Ariya Jutanugarn, à +7. Cut pour Danielle Kang, la récente lauréate du KPMG Women’s PGA Championship, à +3. Les difficultés de l’Open ont coupé bien des têtes…