Pour son édition annuelle « Holiday Collector », LACOSTE propose un voyage insolite, issu de la rencontre entre le directeur artistique de la maison, Felipe Oliveira Baptista, et Jean-Paul Goude. Une carte blanche confiée au second par le premier pour concevoir non seulement le logo de pièces collector – polos, bombers, sacs et pochettes – mais aussi leur packaging et la campagne publicitaire de Noël.

Jean-Paul Goude, « artiste graphique » comme il aime se définir, a définitivement marqué de son empreinte les années 80-90 pour avoir travaillé avec sa muse Grace Jones et réalisé de nombreux films publicitaires pour des marques telles que Chanel, Perrier ou les Galeries Lafayette. Aujourd’hui, il fait la rencontre du célèbre crocodile.

L’interview

Quelle est la genèse du projet LACOSTE by Jean-Paul Goude?

Felipe Oliveira Baptista : J’adore le travail de Jean-Paul et je savais qu’il aimait LACOSTE et était prêt à faire quelque chose avec nous, dans son domaine premier, celui de la communication. Mais nous avions ce projet : « LACOSTE collector » qui donne carte blanche aux designers et aux artistes, j’ai donc saisi l’occasion. Cette proposition convenait plutôt bien à son univers très fort.

Jean-Paul Goude : Felipe a débarqué un jour et il y a eu un petit moment de grâce. On était content de se rencontrer, ça s’est passé très simplement, un peu comme s’il m’avait dit : « On va jouer au tennis cet après midi. Tu viens avec nous ? ».

La carte blanche à un artiste ne donne pas forcement lieu à une telle scénographie.

JPG : La proposition a pris des proportions de plus en plus importantes au fur et à mesure du temps qui passait, jusqu’à ce qu’on décide de faire un mini spectacle. Pour ce projet : Felipe serait Diaghilev, LACOSTE les Ballets russes et moi, carrément Tamara Karsavina.

FOB : Ce qui a été génial avec Jean-Paul, c’est qu’il est parti tout de suite dans une direction très personnelle autour du croco. Il était déjà en relation avec le crocodile. Cette opération donnera même lieu à une campagne publicitaire pour nous. Exactement là par où Jean-Paul voulait commencer.

JPG : Tout s’est passé spontanément.

Avez-vous donné des consignes précises à Jean-Paul Goude?

FOB : Ce n’était pas un brief, c’était une invitation, une vraie carte blanche. C‘est Jean-Paul qui voit, lui qui décide, qui donne son interprétation du crocodile. Je n’ai pas dit : « Je veux que cela fasse typiquement Jean-Paul Goude dans tel ou tel sens ». Tout était assez organique. Mon rôle est de choisir quelqu’un que j’admire, dont je trouve le travail intéressant pour la marque et de l’aider à s’exprimer. J’étais personnellement engagé presque comme un support à son expression. Pas de brief. Ces cartes blanches sont des petites fenêtres de liberté.

Réinterpréter le logo LACOSTE était-ce évident ?

JPG : Je me suis demandé ce que j’allais faire. C’est marrant un crocodile… Et si on se déguisait en crocodile ? Ça convient mieux à mon esprit. On fabriquerait ça en papier, de façon très simple, que ça ait l’air sans effort. La vraie marque de l’élégance ! Cela dit, je ne me rendais pas bien compte à quel point faire simple est beaucoup plus compliqué que ça en a l’air, et pour que l’événement soit un plaisir à réaliser, j’ai donc, comme souvent dans mon travail, introduit des thèmes personnels.

Le crocodile pour vous, c’est le « Bad boy » de la jungle, à l’opposé de l’image sportswear discret de la marque.

JPG : Dans mon enfance, le crocodile LACOSTE était déjà extrêmement célèbre. Il n’était pas tout seul : il y avait le bonhomme Michelin, la Vache qui rit, et j’allais dire les Kodakettes, mais c’est beaucoup plus tard ! Sur les croquis d’intention que je montrais à Felipe lors de mes premiers rendez-vous avec lui, j’écrivais toujours « le crocodile est le meilleur ami de l’homme ». Alors que dans l’inconscient collectif, le crocodile, c’est surtout ça [ Il montre un croquis. De la bouche fermée du crocodile dépasse une paire de jambes que l’animal est en train d’avaler tout cru ]. Il n’a jamais été question de faire référence à ce genre d’imagerie, bien que la marque elle-même l’ait déjà fait dans le passé. Il existe des photographies montrant René Lacoste chez lui dans son salon, tenant en laisse un dangereux crocodile empaillé.

FOB : La marque doit se permettre une certaine liberté par rapport à son logo et à ce qu’il représente. Ramener le crocodile vers l’Afrique, et donc ailleurs géographiquement, cela met le label en mouvement.

JPG : Le fait que le logo soit porté discrètement par les adeptes de LACOSTE, n’empêche pas une histoire qui n’a rien à voir avec la discrétion. « Le crocodile » est le surnom donné par un journaliste américain à René Lacoste, dans les années 30, en écho à sa ténacité sur les courts. Il ne lâchait jamais sa proie.

Que racontera le ballet de crocodiles ?

JPG : Une parade nuptiale entre deux sauriens extrêmement sophistiqués. Un ballet d’automates, un peu comme j’en avais montré lors de mon expo au 21_21 muséum à Tokyo en 2014. J’ai toujours aimé la danse. Chaque fois que j’en ai l’occasion, le chorégraphe qui sommeille en moi se réveille et essaye de monter un ballet. La parade du Bicentenaire n’était rien d’autre. Je fais la même chose depuis toujours. Je danse et je dessine. C’est tout ce que je sais faire.

Et les costumes ?

JPG : Alors… pour madame, une robe de mariée en papier plié origami, fibre optique et carton ondulé, et pour monsieur, la même chose agrémentée d’un étui pénien, lui aussi en papier plié. Les broderies en fil de coton apposées sur les polos sont l’illustration de ces deux personnages costumés.

Tout commence toujours par des dessins ?

JPG : Oui, parce que je suis avant tout un dessinateur, un artiste graphique comme on dit, un « photographiste », histoire de rappeler que la photo c’est aussi du graphisme.

L’animation aussi ?

JPG : Oui. Une fois que le dessin est fait, toutes les animations sont possibles, à condition bien sûr de les maîtriser. Spots TV, réseaux sociaux, etc…

Que représentent pour toi le masque et le chapeau pointu que portent tes personnages ?

JPG : C’est récurrent dans mon travail. Le Bauhaus fait partie de mes références, et tout particulièrement Oscar Schlemmer et son « ballet triadique ». Le mien de ballet a plus à voir avec une boîte à musique surdimensionnée dont les personnages costumés glisseront en tournant sur eux-mêmes, comme pour un défilé de mode.

Une musique ?

JPG : Oui, purement rythmique, une sorte d’incantation. Faire revivre les fantômes du palais de la Porte Dorée, les faire revenir parmi nous pour un soir, telle est l’idée sous-jacente du projet.

Le zoo de Vincennes tient une grande place dans votre imaginaire.

JPG : Oui, et pour les mêmes raisons que ma fascination pour le palais de la Porte dorée. Avec son grand rocher en béton, le zoo de Vincennes était tellement proche de l’endroit où nous habitions avec mes parents, qu’en été, par grande chaleur, on pouvait sentir les odeurs de pipi de chameau à 500m à la ronde. La nuit, comme dans une Afrique de conte de fées, sous la voûte étoilée qui brillait, on entendait rugir les bêtes sauvages.

Occuper le Palais de la Porte Dorée, c’était un rêve ?

JPG : Il a abrité plusieurs musées, le Musée national de l’histoire de l’immigration aujourd’hui, le Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, de la France d’Outre-Mer ou encore des colonies, et, depuis toujours, l’Aquarium tropical et ses fameux crocodiles; pour moi ce sera toujours le Palais de la Porte Dorée. J’en rêvais depuis ma tendre enfance. C’est un endroit qui aura été l’inspiration d’une vie.

La collection

Le crocodile LACOSTE vu à travers le prisme de Jean-Paul Goude – l’Afrique imaginaire de son enfance, son amour de la danse et son admiration pour le Bauhaus.

Costumés et sophistiqués, deux sauriens en parade tout droits sortis de l’imaginaire de Jean-Paul Goude sont brodés sur les produits d’une collection capsule qui se compose d’une ligne de polos pour homme, femme et enfant, d’un cabas, d’une pochette et d’un bomber en édition limitée.

Les polos

Le polo en piqué de coton lourd pour homme et femme se décline en version manches courtes ou manches longues dans 5 couleurs classiques et intemporelles: blanc, marine, gris chiné, vert ou rouge. Un polo manches courtes pour enfant est également disponible en gris chiné ou marine.

Les sacs

La broderie d’un des 2 graphismes signant cette édition orne un cabas et une pochette de la ligne « Chantaco » en cuir petit piqué marine.

L’édition limitée – le bomber

Disponible pour homme et femme, cette veste en piqué de coton lourd, à mi-chemin entre le bomber et la veste sukajan, se distingue par son col emprunté au polo. Brodé d’un des 2 crocodiles revisités au dos, ce bomber légèrement matelassé existe en marine ou rouge et noir.

Cette collection sera disponible dès novembre 2016 dans toutes les boutiques LACOSTE à travers le monde.

Pour en savoir plus : www.lacoste.com