Mardi 7 juin 2016, 10h30. J’arrive à l’entrée du prestigieux golf du Prieuré pour participer aux Balles Blanches. Cette association, créée il y a quatorze ans par Eric Duquenne, un ancien cuisinier de l’Élysée, récolte des fonds pour améliorer les conditions de vie des enfants hospitalisés.

  • De gauche à droite la marraine Laetitia Fourcade et son fils Lou, Jérôme Alonzo, Eric Duquenne, Victor Dubuisson, Jean-François Molina et Thomas Levet . Photo : D.R.

A cette fin, une compétition – désormais incontournable – est organisée chaque année sur la commune de Sailly, dans les Yvelines. Le principe : un scramble à quatre avec, dans chaque équipe, une personnalité du monde du sport, du spectacle ou des  médias. Succès oblige, ce sont plus de 200 golfeurs qui sont attendus ce matin-là sur les deux parcours – ouest et est – du Prieuré.

A l’entrée, l’organisation est parfaitement huilée. Des hôtesses vous indiquent à quels emplacements vous garer, histoire d’optimiser l’espace. On se croirait presque au parking du British Open, le soleil en sus. Je suis accueilli par Nathalie Innocentini, la vice-présidente des Balles Blanches, qui se félicite de la météo estivale . Il faut dire que pour la première fois depuis deux siècles en Région parisienne, il ne pleut pas (j’avais une grand-mère marseillaise). Pour un peu, on aurait même trop chaud !

Un convoi de grosses voitures noires surgit soudain, escorté par deux motards de la police. Une version francilienne de « House of Cards ». Avec un zest de « Louis la Brocante » toutefois car une Clio blanche s’est incrustée dans le cortège. Du coup, ça le fait un peu moins. L’espace d’un bref instant, je me demande tout de même si Barack Obama ou François Hollande ne nous gratifient pas d’une visite surprise. En fait, il s’agit de Victor Dubuisson, qui participe pour la première fois à l’événement. Détendu et souriant, le n°1 français se prête de bonne grâce aux multiples sollicitations et demandes de photos dont il est l’objet. Un autre grand nom du golf tricolore est également présent au Balles Blanches pour la première fois : Thomas Levet. L’ancien et le nouveau numéro 1  français au golf du Prieuré : la concurrence s’annonce rude mais ça a de la gueule !

12h 30. Les personnalités qui participent à la fête sont annoncées et montent une à une sur l’estrade par ordre alphabétique. Parmi eux, beaucoup de sportifs et notamment d’anciennes gloires du football. Seul manque à l’appel Jacques Laffite, apparemment victime au volant de sa Ligier d’un faux départ, d’une crevaison ou d’une panne d’essence. Au choix.

Les enfants hospitalisés sont bien fidèles au rendez-vous, d’autant que ce sont eux les vraies stars de la journée. Durant toute l’après-midi, pendant le tournoi de golf, des animations leur seront proposées : tours de magies, clown, petits combats de boxe pour le fun chapeautés par la championne du monde de boxe anglaise Gaëlle Amand, balades en chien de traîneau ou encore jeux d’eaux en tenue de pompier… Pas le temps de s’ennuyer !

13h30. La compète va commencer. Je fais connaissance avec mes coéquipiers. Benjamin (Decayeux) est le directeur associé de la marque qui porte son nom. Sous-traitant industriel dans la maroquinerie de luxe, cette société centenaire s’est lancée dans le golf il y a trois ans et fournit une partie de la dotation et des cadeaux du tournoi.  Paul (Fitussi) organise quant à lui chaque année le Salon du Golf, porte de Versailles.

Mauvaise nouvelle : en raison d’un désistement de dernière minute , il manque un joueur dans notre équipe. A trois au lieu de quatre, il sera bien plus difficile de viser le podium dans un scramble où l’on choisit à chaque fois la meilleure des balles. Bonne nouvelle : mes équipiers, en plus d’être sympas et chaleureux, jouent mieux que leur index à deux chiffres. Au bout de quatre trous, on se retrouve même en haut du leaderboard (imaginaire) avec déjà trois birdies dans notre escarcelle. Paul envoie des missiles balistiques au drive. Benjamin plante quelques drapeaux avec ses fers de gaucher. Quant à moi, il m’arrive – occasionnellement – de rentrer un putt à la Jean-Claude Dusse. En d’autres termes, sur un malentendu, ça passe parfois….

15 h. Petite pause restauration d’une quinzaine de minutes. Je me retrouve attablé avec Paul et l’ex-footballeur Eric Roy à parler poker. Le sujet du débat existentiel qui nous occupe : que vaut une paire d’as postflop face à quatre adversaires ?

17h02. Je rentre un putt pour birdie à la Jean-Claude Dusse et Paul me félicite d’un poing contre poing – un fist pump pour les bilingues – particulièrement viril qui me déboite presque une phalange. A -5 aux deux tiers du parcours, je n’ai pas le droit d’abandonner mes partenaires et camoufle pudiquement ma douleur.

19 h. FIn de partie pour une carte de 65 (-7) de bonne facture qui nous fait terminer à la 7e place du classement net. Certes, deux ou trois virgules nous ont privés de quelques birdies supplémentaires. Mais bon, avec des si, on gagnerait tous le Masters D’augusta. Et surtout, aux Balles Blanches plus qu’ailleurs, l’essentiel est de participer.

19h30. J’échange quelques mots avec Thomas Levet, visiblement ravi de venir aux Balles Blanches pour la première fois. « Je n’ai eu que des échos positifs sur cet événement et sur l’association. Comme cette année, j’ai davantage de temps, je suis venu avec plaisir. » Le Vainqueur de la Ryder Cup 2004 et de l’Open de France 2011 connaît également très bien le golf du Prieuré : « C’est ici que j’ai disputé mon premier tournoi pro, lors des championnats du monde des moins de 25 ans. Je me souviens même de la date  exacte : le 20 septembre 1988 ! »

Je croise Jérôme Alonzo (index 6), fidèle « parrain d’honneur » des Balles Blanches depuis la 2e édition et satisfait de son après-midi golfique : « On a joué -11 avec mon équipe (composée notamment de Laurent Blanc et Antoine Kombouaré) « . L’ancien gardien du PSG ignore alors que la victoire se joue à -12. Mais c’est un vrai mordu de golf : « J’ai découvert ce sport il y a vingt ans. J’y joue deux à quatre fois par semaine. Pendant des années, avec des amis, on louait même une maison sur le départ du trou n°11 de Spérone, en Corse. Des supers souvenirs… » Il se souvient également de ses premières Balles Blanches. « La première année, je suis arrivé à la bourre. Mais j’ai passé une super journée, je me suis lié d’amitié avec Eric (Duquenne) et j’ai eu aussitôt envie de m’investir dans l’association. J’ai même créée mes propres Balles Blanches depuis trois ans, au golf de Mougins. »

A quelques pas de nous, Laurent Blanc discute avec Alain Boghossian. L’envie me titille de lui demander pourquoi il a titularisé Cavani et Aurier  à la place de Lucas et Marquinhos contre Manchester City. Mais une petite voix intérieure me dit que ce n’est pas trop le moment.  J’aborde du coup Philippe Candeloro (index 27), l’un des hommes les plus cools et naturels du monde. « Je participe depuis le début aux Balles Blanches. C’est une longue histoire avec Eric, qui aide beaucoup les enfants grâce à son savoir-faire, son réseau et sa gentillesse.  »

Content de ta journée Philippe sinon ?  » On a joué 5h30 sous le soleil, alors que j’ai connu des éditions où l’on passait 7 heures sous la pluie. Donc forcément, c’est mieux. J’étais dans l’équipe de la femme du président du Prieuré (Philippe Courbier) et on a fini à -3. Mais tu sais, je ne joue que 15-20 fois par an et ne fais jamais de practice. J’ai encore de la marge avant de taper la balle comme Tiger. »

20h30. C’est l’heure de la remise des prix. De nombreux cadeaux sont offerts, dont un séjour dans un hôtel de luxe aux Seychelles. L’ex-footballeur stéphanois Christian Lopez offre un maillot de la grande époque des Verts, dédicacé par tous les joueurs finalistes de la Coupe d’Europe en 1976. Pendant ce temps, Jean-Louis Calmejane, qui fut l’une des voix du rugby dans Stade 2, me confesse qu’il a réussi un trou en un à l’occasion des Balles Blanches, il y a trois ans :  » J’étais accompagné dans mon équipe de deux charmantes dames, lesquelles me parlaient sans cesse de rugby. Peut-être pensaient-elles me faire plaisir, mais c’était presque leur seul sujet de conversation avec moi. On arrive sur le trou n°11 du parcours ouest. Je tape un coup de bois 7 et là, alors que la balle est toujours en l’air, une de mes partenaires me lance qu’elle connaît bien Denis Charvet. Je lui réponds que moi aussi, puisqu’on a même commenté des matchs ensemble. Du coup, on perd la balle de vue. On l’a cherché pendant près de cinq minutes autour du green… avant de nous rendre compte qu’elle était dans le trou ! »

Patrice Carmouze monte sur l’estrade pour animer une vente aux enchères. Le célèbre compère de Dechavanne était connu à la télé pour sa maladresse et son incapacité à faire fonctionner les gadgets qu’il présentait. Une sorte de McGyver du pauvre. Du coup, c’est presque trop gros pour être vrai, le micro tombe en panne. Le temps de le réparer, Patrice Carmouze met aux enchères le sac utilisé par Victor Dubuisson au Masters, ainsi qu’un de ses putters.

Une femme dans le public : « L’argent, c’est pour les enfants ? »

Patrice Carmouze : « Oui, c’est pas pour Victor !  » (rires)

21h30. L’heure de se restaurer autour d’un somptueux buffet. Je rode, indécis, autour des macarons, des éclairs et des gauffres . Je me connais par coeur et sais pertinemment que si j’ai le malheur de commencer, je ne m’arrêterai plus… Je songe au conseil d’Oscar Wilde : « le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder. » L’argument d’Oscar finit par me convaincre.

Je vais féliciter chaleureusement Eric Duquenne et lui demande pour quelles raisons on ne peut pas faire un don sur le site des Balles Blanches. Il me confie que c’est à l’étude et m’explique le fonctionnement de l’association qu’il dirige avec Nathalie. Ils prospectent auprès des hôpitaux afin de connaître leurs besoins et savoir comment améliorer le quotidien des enfants. Cela peut, par exemple,  aller de l’aménagement d’une chambre avec salle de douche à l’acquisition d’un véhicule.

22h15. Je quitte les lieux et suis bloqué par une voiture à la sortie du parking. Le conducteur tente désespérement d’actionner le code pour lever la barrière.  Comme il a stoppé son véhicule un peu trop loin du digicode, il est obligé de se contorsionner à travers sa vitre. Au bout de deux minutes, Patrice Carmouze décide finalement de sortir de son Lexus pour tapoter le code.

22h 17: La barrière s’ouvre. Au loin, la fête continue et un DJ met l’ambiance. Ce qui est dommage dans les journées comme celles-ci, c’est qu’il n’y en a qu’une par an…

Franck Crudo

Pour en savoir plus :
http://lesballesblanches.com/

La vidéo de la journée des Balles Blanches :
https://www.facebook.com/lesballesblanches/videos/1061771110542840/