Du 15 avril au 17 septembre 2017, le musée du château des ducs de Wurtemberg de Montbéliard propose une rétrospective de l’oeuvre de Henry Valensi (1883-1960), peintre de la modernité aux confins de l’orphisme et du futurisme, chef de file du mouvement Musicaliste.

Cette deuxième rétrospective depuis 1963 présente l’histoire de cet artiste aux multiples facettes : peintre, illustrateur, grand voyageur, penseur éclairé mais aussi théoricien et conférencier intarissable. Tel un chef d’orchestre, Henry Valensi met en musique les couleurs sur la toile et nomme symphonie, prélude ou fugue ses oeuvres les plus accomplies. La couleur et la cadence des lignes offrent des résonances sentimentales, au rythme d’une peinture bientôt mise en mouvement avec sa « Cinépeinture » en 1959. Cette exposition, intitulée La musique des couleurs, apporte un nouveau regard sur cet artiste singulier du XXème siècle, qui suscite un intérêt grandissant depuis l’accrochage Modernités plurielles du Centre Pompidou en 2013.

Sur 500 m², l’exposition, qui bénéficie du précieux concours de l’Association des ayants droit de Henry Valensi, rassemble une centaine d’oeuvres : peintures, documents, objets, photographies et films documentaires. Regroupant des toiles provenant de collections publiques (Centre Pompidou, musée de Grenoble, musée des Beaux-Arts de Carcassonne …), elle s’appuie cependant essentiellement sur de nombreux prêts de collectionneurs privés, et permet donc de découvrir majoritairement des oeuvres inédites.

Né à Alger en 1883, Henry Valensi étudie la peinture en 1898 à l’École des Beaux-Arts de Paris. Intéressé par le mouvement orientaliste, il effectue de nombreux voyages en Europe et en Afrique du Nord. Il se fait remarquer dès 1907 au Salon des Indépendants à Paris. Aux côtés de Marcel Duchamp, Francis Picabia, Albert Gleizes et Jean Metzinger, il organise le Salon de la Section d’or en 1912, premier salon cubofuturiste. Il prend ainsi très tôt ses distances avec le réalisme et ses recherches aboutissent en 1932 à la création de l’Association des artistes musicalistes dont il deviendra le principal ordonnateur et diffuseur jusqu’en Europe de l’Est pendant près de vingt ans.

Suivant un parcours chronologique, l’exposition se décline en quatre parties :

1/ 1909-1914 : De l’impressionnisme à la Section d’or

Le parcours débute avec ses oeuvres de jeunesse réalisées lors de ses nombreux voyages (El Kantara, Moscou, Constantinople), représentant des paysages qu’il expose à partir de 1905 au Salon des Orientalistes. En 1909, il prend ses distances avec l’impressionnisme. À partir de réflexions autour du chiffre, de la couleur, du rythme et du mouvement, le peintre fait naître la Section d’or en 1912 avec ses pairs. Sa peinture se situe alors précisément au croisement entre le cubisme et le futurisme. Il établit en 1913 sa « Loi des Prédominances », désignant la musique comme art majeur du XXème siècle.

2/ 1915-1917 : La campagne des Dardanelles

La deuxième partie de l’exposition s’intéresse à l’engagement de Henry Valensi comme peintre aux Armées, pendant l’expédition des Dardanelles (1915-1916). Durant la Première Guerre mondiale, cette région – située dans l’actuelle Turquie – est contrôlée par l’Empire ottoman alors en guerre contre le Royaume-Uni, la France et la Russie. Pochades, dessins et aquarelles aux légendes détaillées sont autant de précieux témoignages historiques, qu’il synthétisera dans son immense toile Expression des Dardanelles.

3/ 1918-1931 : Mouvement dynamique, voyages et récits

Au début des années 1920, grâce à ses nombreux voyages, Henry Valensi intègre la notion de temps dans l’espace à travers ses toiles, visant la synthèse de l’histoire et de la géographie dans une série de tableaux rendant hommage aux villes traversées (Tolède, Nice, Fès…). Mouvement, temporalité et spatialité sont également déclinés lors de séries consacrées aux sports, divertissements et transports (corrida, automobile, tennis…), ainsi qu’aux régions de France.

4/ 1932-1960 : Du Musicalisme à la « Cinépeinture »

Henry Valensi rencontre Charles Blanc-Gatti, Gustave Bourgogne et Vito Stracquadaini avec qui il fonde en 1932 le Musicalisme. Résonance sentimentale des couleurs, partition dans l’espace de la toile… la peinture doit suivre les lois générales de la musique, entre rythmique, dynamique et simultanéité. L’artiste donne plus de 200 conférences sur le Musicalisme, des salons sont organisés dans toute l’Europe et de nombreux artistes s’associent au mouvement. Parallèlement, dès 1935, Henry Valensi introduit le mouvement réel dans sa peinture avec l’animation de l’une de ses toiles, la Symphonie printanière, grâce à la « Cinépeinture ». Il réalise ainsi seul un court-métrage de 28 minutes avec plus de 64 000 dessins, qu’il achève en 1959.

Un catalogue d’exposition d’une centaine de pages est édité à cette occasion par les Musées de Montbéliard. Reproduisant de nombreux tableaux de Henry Valensi, il est également agrémenté du Manifeste du Musicalisme ainsi que de textes inédits de Caroline Hancock et Aurélie Voltz.

L’exposition sera enfin complétée par une riche programmation d’événements s’étalant sur plusieurs mois, intégrant conférences, rencontre et concert avec la collaboration du Conservatoire de Musique de Montbéliard.

Informations pratiques

Musée du château des ducs de Wurtemberg
25200 Montbéliard
Tél. : 03 81 99 22 61
musees@montbeliard.com
www.montbeliard.fr

Exposition du 15 avril au 17 septembre 2017
De 10h à 12h et de 14h à 18h
Fermé le mardi et les jours fériés
Entrée : 5 euros / Tarif groupes et étudiants : 3 euros
Entrée gratuite pour les moins de 18 ans, les personnes handicapées, ainsi que le 1er dimanche de chaque mois.

Vernissage le 14 avril à 18h

Commissaire de l’exposition : Aurélie Voltz, directrice des Musées de Montbéliard, assistée de Sarah Guilain.